Auteur d’une très belle saison 2018-2019, l’Amiens Sauvetage organise une après-midi découverte le 1er juin prochain au Nautilus. Fabien Plaisant, responsable technique au sein du club, nous parle de cet événement, revient sur les bonnes performances de la structure et évoque ce sport encore trop méconnu.
Pour commencer, une question simple me vient à l’esprit, qu’est-ce que le sauvetage sportif ?
C’est issu du sauvetage professionnel, donc on y retrouve les mêmes techniques. Pour faire court, il y a quelques années, en Australie, se sont créés des regroupements entre postes de secours, qui se sont alors entraînés et ont normalisé les choses pour faire de la compétition. Et de fil en aiguille c’est devenu un sport avec différentes épreuves. Il peut y avoir du 200m avec franchissement d’obstacles pour simuler la recherche de victimes ou encore des épreuves de remorquage de mannequins avec et sans palme.
Votre discipline peut se pratiquer en eau « plate » ou en côtier ?
Oui c’est ça, là on commence la saison côtière, nous avons fait notre première compétition la semaine dernière, que l’on a d’ailleurs organisé avec le club de Saint Quentin sur la base de Laon. En côtier il ne peut pas y avoir de temps, de chrono, donc c’est tout à la place et à l’élimination. Donc vous partez en série et il faut être dans les 4 ou 6 premiers selon les épreuves pour aller en demi et ainsi de suite, jusqu’à faire une finale.
Côtier signifie obligatoirement bord de mer ?
Pas forcément bord de mer, il y a déjà eu des championnats du monde en lac, on a déjà fait des championnats de France en rivière, la principale contrainte c’est qu’il y ait une plage. En côtier, tous les départs et toutes les arrivées se font sur la plage.
Il y a de grosses différences entre l’eau plate et le côtier ?
À Amiens, on cherche une formation globale du sauveteur à tous les niveaux
Alors il y a des spécialistes sur les deux épreuves, après nous, à Amiens, on cherche une formation globale du sauveteur à tous les niveaux. Que ce soit en sauvetage pro ou sportif, on cherche à ce que l’individu ait aussi un socle minimum en secourisme, nous sommes sur un projet global. On est là pour former, pour orienter les enfants chacun à leur niveau vers la compétition.
Pouvez-vous nous parler de cette après-midi découverte que le club organise le 1er juin prochain ?
Nous allons venir les jeunes des écoles de natation pour qu’ils aient accès à divers ateliers avec nos sauveteurs. L’idée c’est de leur permettre de vraiment découvrir l’activité via de nombreux ateliers, que ce soit sur la partie aquatique ou la partie terrestre. Cette après-midi sera encadrée par nos entraîneurs et des grands du club. On est ouvert à tout le monde, parfois on a des familles qui viennent essayer, et en même temps on en profite pour faire les tests d’orientation pour la saison prochaine. À partir du moment où l’enfant ou l’adulte est autonome dans l’eau, il peut venir à Amiens Sauvetage il n’y a pas de soucis. Il suffit juste d’être autonome dans l’eau et d’être en sécurité.
À quoi servent les tests d’orientation ?
En fait il y a 14 groupes au sein du club, des minis sauveteurs que l’on prend à partir de 5-6 ans, jusqu’au perf adulte ou plus âgé (plus de 70 ans cette année). Donc c’est de montrer aux gens; en fonction de ce qu’ils ont envie et de leurs capacités; ce qu’il est possible de faire au club.
C’est à la fois un sport qui se pratique en individuel et en équipe ?
Ce qui nous intéresse beaucoup c’est l’esprit d’équipe et la recherche de performance de club
Oui il y a les deux. Dans chaque championnat de France il y a des titres individuels et il y a des titres en relais. Nous ce qui nous intéresse beaucoup c’est l’esprit d’équipe et la recherche de performance de club. Donc on est très attentif sur le classement national club en fin de saison, ça fait 2 ans que l’on occupe la 9ème place. On vient aussi de se classer 4ème au championnat de France interclubs N1, un classement qui va des petits minimes aux adultes.
Quelles sont les qualités nécessaires pour pratiquer le sauvetage sportif ?
Il faut une grosse base natation, après la différence c’est que l’on est sur un sport beaucoup plus complet que la natation. Prenez l’exemple du côtier, tous les départs se font sur le sable. On forme vraiment des athlètes complets qui doivent savoir courir, nager, et qui peuvent concourir sur des épreuves sable ou eau.
Nous, dans notre cursus de formation, on forme des maîtres-nageurs, ils sont aptes quand ils sortent de chez nous à passer le BNSSA (brevet national de sécurité et de sauvetage aquatique). Notre suivi du sauveteur est orienté là-dessus, en plus du sauvetage sportif ; la plupart passe le brevet et en font un job d’été, et après peuvent peut-être devenir maître nageur.
Pouvez-vous nous parler de l’histoire d’Amiens Sauvetage ?
En 1998 l’ancien directeur du Nautilus et quelques maîtres nageurs sont allés dans le Nord en formation et ils ont découvert le sauvetage sportif. Ils sont donc revenus sur Amiens avec l’idée de développer cette activité qui a commencé avec un groupe en activité municipale. Ils ont ensuite découvert qu’une fédération existait et se sont développés au fil des années. Quand je suis arrivé, il y a 5-6 ans, nous étions à peu près une cinquantaine de sauveteurs sportifs. Nous avons cherché à développer encore plus, à mettre en place des choses de manières beaucoup plus organisé, mettre en place un parcours du sauveteur ou encore développer une section sportive. Aujourd’hui nous sommes 7 encadrants/coachs avec un bureau très actif, une grosse équipe de bénévoles et 300 licenciés !
Vous avez fait 4ème aux interclubs à Tarbes, c’est la plus haute division dans le sauvetage sportif ?
Oui c’est ça, si vous faites une performance en compétition régionale ou interrégionale vous pouvez vous qualifier pour les épreuves N1. Les N1 ce sont les 24 meilleurs français, les N2 c’est 25 à 48 et après on va sur régional ou l’interrégionale.
Après ces bons résultats vous vous fixez des objectifs pour la saison prochaine ?
L’objectif c’est de continuer à se développer, réussir à encore augmenter le nombre de licenciés. Concrètement viser le podium en N1 c’est compliqué et ce n’est pas notre ambition. On est 4ème mais on est surtout le 1er club formateur, les 3 clubs devants ont un fonctionnement totalement différent. Le champion de France c’est Montpellier qui accueille le pôle France… Nous on veut vraiment rester dans la dynamique de développer notre formation. On veut rester un club formateur.
Les résultats de cette saison doivent être très satisfaisants pour vous…
C’est énorme… J’avais de grosses craintes car nous avions fini 6ème ou 7ème l’an dernier et j’ai perdu 100% de mon relais garçon… On avait un peu peur du trou mais les minimes on fait le job dans les petite catégories – la jeunesse amiénoise nous a vraiment aidés à aller chercher cette place – et Théo et quelques anciens sont venus nous aider spécifiquement sur ce championnat. Autant de choses qui nous ont permis d’aller chercher cette 4ème place !
Quelles sont les la fréquences d’entraînements pour vos athlétes ?
En sauvetage, un athlète comme Théo s’entraînait 11 fois par semaine… Il nageait sur du bi-quotidien matin et soir. Sinon c’est au minimum 6 fois semaine et 2 séances physiques en plus. Sur Amiens on peut vraiment encadrer dans de bonnes conditions les minimes et les cadets donc je les pousse un peu. Et à partir de junior s’ils ont vraiment le niveau on va les orienter vers des structures d’accueil, pôle espoir, pôle France, mais c’est loin, donc pas toujours évident pour les familles.
Avoir une activité physique au service de l’autre c’est vraiment ce qu’il y a de plus beau
Que diriez vous au gens pour les attirer vers votre discipline ?
Qu’ils pourraient pratiquer un sport qui propose une grande diversité d’activité et qu’avoir une activité physique au service de l’autre c’est vraiment ce qu’il y a de plus beau. Les valeurs sont belles, c’est un club convivial, on prend en compte chacun. Par ailleurs les enfants sont formés en plus d’avoir une activité physique, sportive et ludique. Il n’y a pas un enfant qui sort de minime sans avoir son PSC1, un diplôme de secourisme, c’est formateur.
Propos recueillis par Quentin Ducrocq
Crédits photos Leandre Leber Gazettesports