49 155 coureurs étaient au départ de la 43ème édition du Marathon de Paris dimanche 14 avril. Parmi-eux, le néo-amiénois François Leprovost s’apprêtait à s’élancer pour un nouveau défi, un peu plus grand que les précédents. Brillant sur semi-marathon en mars, il nous avait annoncé dans son portrait qu’il se lançait dans l’aventure parisienne.
Le départ donné à 8h25 pour les meilleurs hommes sonnait pour beaucoup comme une libération après des semaines de préparation. Le plan de course est bien réglé pour François qui vise entre 2h20 et 2h22. Avec son camarade Matthias Eymard (Aix Athlé Provence), ils seront emmenés jusqu’à la mi-course. « On a eu un lièvre jusqu’au semi (Kévin Begnis) ». Les kilomètres défilent alors rapidement, la tête de course s’éloigne mais le rythme est constant et prudent pour le trio. « J’ai passé le premier semi le plus relâché possible, avec l’idée d’être détendu pour m’économiser ». Leur lièvre du jour s’écarte alors. Le chronomètre affiche 1h09’49 » soit onze seconde d’avance sur la barre des 2h20.
Tout se déroule alors comme prévu mais les deux compères basculent dans un univers qu’ils connaissent moins, néophytes sur marathon. « On a ensuite passé des relais avec Matthias. On prenait deux kilomètres chacun. C’était prévu comme ça. On devait courir ensemble ». Les deux hommes sont maintenant de plus en plus esseulés dans les rues de la capitale mais rien ne semble les ralentir dans leur quête.
C’est génial, ça n’a rien à voir avec les courses habituelles. Tu te sens poussé.
« Il y avait du monde au bord de la route à part quelques passages calmes. Entre le public et les stands avec de la musique, on a l’impression d’être suivi toute la course. C’est génial, ça n’a rien à voir avec les courses habituelles. Tu te sens poussé ».
« Tout le long du circuit on a pu échanger avec Matthias. Je ne comptais pas les kilomètres. Au trentième il fallait serrer un peu les dents. Si j’étais parti plus vite cela aurait pu être bien plus dur sur la fin. C’est finalement passé vite. » Le « mur » que nombreux redoutent n’arrive pas, ni au trentième, ni au trente-cinquième pour François. « Je me suis dis que la seule défaillance qui pouvait m’arriver c’était une crampe. J’ai eu mal au mollet, ça me faisait mal mais à part si cela avait empiré, rien ne pouvait m’arrêter. Je voulais vraiment aller au bout, j’étais bien. »
L’allure n’aura pas faibli, la fatigue cumulée n’aura pas suffi à compromettre l’objectif des deux hommes. Une dernière boucle dans le Bois de Boulogne et les voilà dans la dernière ligne droite de l’avenue Foch. « Il n’y a que là que tu prends du vraiment plaisir. La surprise à l’arrivée quand je vois le chrono dans la dernière ligne droite. Je voyais qu’il y avait moyen d’aller chercher 2h19. Je n’avançais plus tant que ça (rires). » Avec un deuxième semi bouclé en 1h09’55, François réalise un excellent chrono sous la barre des 2h20. Avec 2h19’44 », l’amiénois signe une performance N2, déjà atteinte par le passé sur le steeple. Son camarade Matthias le devance de quelques secondes (2h19’29). François est par ailleurs seizième de la course, septième français.
« Je suis très content d’avoir fait ce temps pour un premier marathon. Il faut continuer comme ça. Je ne m’y attendais pas trop » avoue l’amiénois. « Mon coach (ndlr : Loïc Letellier) m’avait rassuré, le chrono visé semblait jouable même si Paris n’est pas particulièrement roulant. Il avait lui aussi fait 2h19 sur son premier là-bas. Il m’a dit que j’avais une belle base de progression sur la distance. Je pense qu’il y a vraiment moyen de descendre le chrono. »
Là je suis dans un état, j’ai du mal à marcher.
Au delà de l’excellente entente avec Kévin puis Matthias, François a pu compter sur des soutiens tout au long du parcours. « Il y avait des amis, des gens de Caen qui avaient fait le déplacement. Ma copine était là, à quatre endroits différents. On n’est pas passé à la télé. J’étais un peu déçu, pour ma famille qui n’a pas pu venir me voir. Seule la tête a été filmée. Il faudrait peut être laisser aussi un peu de temps aux autres. » Les quarante-deux kilomètres ont cependant laissé des traces dans les jambes de l’amiénois participant aux souvenirs inoubliables de cette première tentative sur marathon. « Là je suis dans un état, j’ai du mal à marcher. Je suis allé faire vingt minutes à sept minutes au kilomètres et j’ai trop mal aux jambes (rires). Je vois le kiné demain. Je m’en doutais un peu, cela fait partie du jeu. Après le semi je n’étais déjà pas très bien mais là c’est un autre monde. »
« C’est plus facile pour moi de dire que j’ai apprécié parce que cela s’est bien passé. Certains ont un ressenti différent en ayant souffert au 28 ou au 30, ils disent que cela fait tout drôle mais moi je ne l’ai pas vécu. J’ai eu mon entraîneur hier au téléphone, je vais prendre entre dix et quinze jours de repos complet. Il y aura ensuite le premier tour Interclubs sur 3000 mètres steeple. Dans la foulée je dois aller faire un 10km en Pologne avec l’équipe de France militaire le week-end du deuxième tour. »
« L’autre bonne nouvelle c’est que je suis qualifié sur marathon aux Jeux Mondiaux Militaires en Chine. C’est un gros niveau mais c’était accessible sur marathon. Hier à l’arrivée on nous a annoncé qu’on était sélectionnés, tous les deux avec Matthias ». Les deux hommes seront donc du voyage en Chine en octobre prochain.
La joie était donc totale dimanche pour François Leprovost, maîtrisant de bout en bout son sujet qu’il découvrait pourtant. En s’essayant à la course des grands, distance référence dans l’olympisme, François a réussi un pas de plus vers leur cour.
A noter également les bons résultats d’Aurélien Dassonneville (AUC) avec un chrono de 2h30’27 » pour sa première fois sur la distance. Il termine 48ème au classement général. « J’ai eu pas mal de stress et d’hésitation en attendant le départ. J’ai beaucoup couru esseulé. »
« Une fois la ligne passée, c’est la grande satisfaction d’avoir rempli l’objectif fixé. Le marathon de Paris est vraiment un événement qui réunit tous les coureurs. C’est une superbe expérience à vivre. » Juste derrière lui on retrouve Gregory Tutois (Val de Somme) en 2h32’49 (67ème), nouvelle meilleure marque personnelle.
Vincent Guyot
Crédits Photos : Yoann Rochette (mise en avant) et Bernard Béthune (illustration)