Contraints de gagner pour rester en vie, les Gothiques d’Amiens se sont offerts un sursis en s’imposant aux tirs au but au forceps et avec caractère au terme d’un match au scénario incroyable. À 3-2 dans la série, Amiens a l’occasion de revenir à hauteur des Dragons de Rouen en cas de victoire ce lundi au Coliseum (20 h 15).
« Tant qu’il y a de la vie, il y a de l’espoir », avait déclaré Mario Richer, entraîneur des Gothiques d’Amiens, à l’issue de la défaite des siens face aux Dragons de Rouen dans le quatrième match de la série mercredi soir (0-2). De la vie, il y en a eu dans ce cinquième match au scénario complètement fou (6-7, tab). Pour les deux équipes, l’équation était assez simple : Rouen pouvait se qualifier en demi-finale en cas de succès, Amiens se devait de l’emporter pour rester en vie. Pas de calcul à faire, et c’est peut-être pour cela que cette nouvelle confrontation a tourné en avalanche de buts. Avec une obligation de résultat sur la patinoire de l’île Lacroix, les Amiénois faisaient trembler les filets par deux fois grâce à Gauthier Gibert et Aleksandar Magovac. Très vite rappelés à l’ordre par les Rouennais quarante-cinq secondes plus tard avec la réduction de l’écart de Cantagallo, les coéquipiers du premier buteur se sont « un peu enflammés et on s’est pris le revers du bâton ».

Le Dragon s’est ensuite réveillé, a fait souffrir les Gothiques, mais a souvent buté sur un Taran Kozun inspiré. Une nouvelle fois titularisé dans les cages en l’absence de Clément Fouquerel, le Canadien a livré un début de match solide permettant à son équipe de basculer en tête après les vingt premières minutes de jeu globalement dominées par les Normands. Lesquels ne se sont pas arrêtés en si bon chemin, et le but rapide de Tomas Simonsen, déjà buteur mercredi soir, a lancé la seconde période des Rouennais de la meilleure des manières. Leur top scorer, Sebastian Bengtsson, trompait Taran Kozun. Cet avantage, les Rouennais l’ont conservé un long moment, et les buts de Zachary Lavigne, en fin de deuxième tiers, et de Rudy Matima, dans le troisième tiers pour relancer les Gothiques, étaient rapidement suivis d’une nouvelle réalisation normande. Le score passait ainsi de 3-3 à 5-3 entre la fin de la seconde et le début de la troisième période et de 5-4 à 6-4 à un peu plus de dix minutes du terme, et à ce moment-là, Amiens était éliminé.
On ne pouvait pas se démoraliser, on ne pouvait pas douter parce qu’on savait qu’on n’avait pas le droit à l’erreur.
Gauthier Gibert, attaquant des Gothiques d’Amiens.

Tessier encore héroïque, un sacré caractère gothique
« On ne pouvait pas se démoraliser, on ne pouvait pas douter parce qu’on savait qu’on n’avait pas le droit à l’erreur. Si on perdait, c’était fini. Je pense que tout le monde avait les mêmes intentions, celle de recoller au score, de ne pas se poser de questions et de donner tout ce qu’on avait sur la glace », raconte Gauthier Gibert. Dos au mur avec ces deux longueurs de retard, les Gothiques s’en sont remis à Julien Tessier. Le Québécois, déjà triple buteur lors du deuxième match de la série il y a huit jours (3-4), s’est offert un doublé héroïque dans les derniers instants de la rencontre, permettant d’arracher la prolongation. « Ce sont ses play-offs je crois, sourit l’ancien nantais avant de poursuivre : Il faut des joueurs comme ça. Il est revenu d’une grosse blessure, je suis très content pour lui que ça se passe comme ça pour les play-offs. J’espère que ça va continuer comme ça jusqu’au bout. » Comme un symbole, le numéro 19 amiénois s’est chargé du troisième tir au but de son équipe, alors décisif, et s’en allait tromper Jakub Lackovic pour donner un sursis aux Gothiques d’Amiens dans ces quarts de finale.

Il a fallu être fort dans les têtes pour ne pas sombrer lorsque les Rouennais prenaient deux buts d’avance, assommant les joueurs de Mario Richer. Mais ces derniers ont fait preuve de caractère : « Nous n’abandonnons jamais, clame Aleksandar Magovac, épuisé. C’était un super match pour nous, pour montrer notre caractère, pour montrer comment nous jouons en tant qu’équipe. Cette victoire est une preuve que nous sommes une bonne équipe et que nous pouvons jouer ensemble. » Ce collectif a souffert, vacillé, mais il a aussi su se montrer très solide mentalement dans cette folle rencontre. « C’est une victoire à l’extrême, juge Mario Richer. Ce n’est pas notre style de jeu d’aller offensive contre offensive contre Rouen. Marquer six buts contre eux, ça ne se voit pas tous les jours, même si je crois qu’on l’a fait ici en début de saison, mais comme je l’avais dit dans le temps, ce sont des jours miraculeux. Avoir six buts, donner six buts et espérer gagner contre Rouen, c’est un miracle. ». Avec cette victoire au terme d’un match au scénario assez dingue, Amiens se donne le droit de disputer un sixième match au Coliseum, avec l’espoir d’en accrocher un septième.
Play-offs, quarts de finale, match 6
Lundi 10 mars, 20 h 15, Coliseum
Amiens (2) – Rouen (3)
César Willot, à Rouen
Crédit photo : Théo Bégler – Gazettesports.fr