HOCKEY SUR GLACE – Ligue Magnus : Danick Bouchard sur le protège-cou, « j’ai pris mes précautions et j’encourage les autres à le faire »

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Un mois après la tragédie qui a bouleversé le monde du hockey, la Fédération Française de Hockey sur glace a exigé le port du protège-cou à compter du 15 janvier 2024 en Ligue Magnus et en D1. Une décision prise le 1er décembre que certains saluent tandis que d’autres regrettent qu’il ait fallu attendre un drame pour agir.

Alors que le 29 octobre dernier, un drame s’est produit sur une patinoire en Grande Bretagne où un coup de patin a mis fin à la vie de l’Américain Adam Johnson, le sujet de la protection des joueurs est au cœur des débats. Le hockey sur glace, discipline réputée pour son intensité et ses impacts physiques, représente son lot de risques. Avec des lames affûtées comme des rasoirs au bout des pieds, ces joueurs lancés à grande vitesse, peuvent représenter un danger considérable. Alors comment agissent les fédérations et qu’en pensent les coachs et les joueurs ? Le 1er décembre, la Fédération a pris la décision d’imposer les protège-cou et ce dès le 15 Janvier pour la Ligue Magnus et la D1. Le 1er mars, toutes les divisions du hockey français seront soumises à cette obligation. Cette décision avait déjà été prise en Finlande, en Allemagne et en Angleterre. Nous avons demandé ce que pensent Mario Richer, l’entraineur des Gothiques, et Danick Bouchard, son capitaine de cette décision.

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Le port de ce protège cou va désormais être obligatoire en 2024. Danick Bouchard s’est lui, comme écrit précédemment, déjà muni de cette protection, qu’il a payé de sa poche. Le capitaine des Gothiques ironise sur la situation, « c’est une très bonne décision de la Fédération, comme ça va être obligatoire, les équipes vont devoir lâcher un peu plus de budget pour en acheter aux joueurs. » Si le club n’a pas donné d’indication particulière en la matière, signifiant que les joueurs sont libres de le porter ou non, leur entraineur Mario Richer « nous conseille de nous protéger au maximum pour éviter les blessures, mais surtout au niveau des coups. »

Si un ou deux joueurs le portait avant ce terrible accident, depuis plusieurs joueurs ont pris la décision de se protéger davantage. C’est le cas de Danick Bouchard, ce drame lui a fait l’effet d’un électrochoc. « Dans la vie c’est con, il faut qu’il arrive quelque chose pour qu’on se rende compte de certaines choses. » Depuis le mois d’octobre, le capitaine des Gothiques a choisi de prendre ses « précautions et j’encourage les autres à le faire pour ne prendre aucun risque sur la glace, ça m’est resté dans la tête. D’autant plus qu’il estime que le protège cou ne change rien, ce n’est pas lourd, ce n’est pas du poids en plus que tu rajoutes sur la glace, c’est juste un morceau de tissu. Pour moi, il n’y a pas de contrainte à le porter, au contraire ça me rassure, on n’a plus à penser à ce qu’il peut arriver. » Un morceau de tissu que le Canadien de 37 ans porte pour se rassurer, mais « il y a aussi une partie par rapport à cette personne, ne pas mettre le protège cou serait un manque de respect envers la victime. »

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Ces protections mises à disposition des joueurs de hockey sur glace ne sont pas toujours considérées ou les bienvenues du côté des joueurs. Ces derniers qui font encore preuve de réticence vont devoir changer leurs habitudes. “Des fois, je vois des joueurs adverses avec leurs avant-bras complètement visibles, il y a quelques années c’était un coup de crosse et ils avaient le poignet cassé. C’est une question de temps avant qu’un joueur ne se fasse couper le tendon de l’avant-bras et qu’il y ait un drame. Et après ça, ils inventeront des protèges avant-bras en kevlar. Certains joueurs pensent que certaines protections vont nuire au rendement mais ce n’est pas le cas. C’est juste une habitude à prendre. Il y a quelques années, personne ne mettait sa ceinture dans les voitures, personne ne s’attachait, maintenant tout le monde le fait. »

Et les marques ont-elles leur lot de responsabilité ? “Plus ça va, moins les marques protègent » relève Mario Richer. Ils gardent des prix élevés, ils gardent le confort mais moins de protection. Les joueurs veulent plus de confort, mais plus de confort c’est égal à moins de protection. Autre problème, il n’y a plus de protège-cou sur le marché depuis ce drame. Il y a d’autres compagnies qui vont faire du business sur ça.”

Il faut toujours attendre qu’il y ait un accident pour protéger les joueurs

Mario Richer, entraineur des Gothiques d’Amiens

“Il faut toujours attendre qu’il y ait un accident pour protéger les joueurs” regrette Mario Richer. Mais pour le québécois, le problème va au-delà des protèges cou et concerne toutes les protections : “Un jour, tout le monde va jouer avec une grille. On a Joey West qui est passé tout prêt de perdre un œil, il joue avec une grille maintenant. On a Nicolas Leclerc qui joue avec une grille aussi (photo ci-dessus), c’est un ingénieur, il sait que sa tête et ses yeux sont importants, donc il a fait le choix d’en porter une. Contre Nice, un joueur a eu le palet dans la figure (photo ci-dessous). Je pense qu’un jour les assurances vont imposer la grille. C’est une question de temps, pour le protège-cou c’est la même chose. Mais on va réagir seulement quand ça arrivera, il y a d’autres choses à changer, mais comme personne ne critique… Tant que personne ne critique, ça ne bougera pas. »

Ces décisions soulèvent une nouvelle fois la question des protections dans le monde du sport. Dans le hockey sur glace, ce sont malheureusement les accidents qui font lever les décisions. Toujours sous le choc des images survenues, Danick Bouchard estime « que si cet accident malheureux peut faire réagir et sauver des vies par la suite, au moins il ne sera pas mort pour rien. »

César Willot et Kevin Devigne
Crédit photo : Kevin Devigne – Gazettesports.fr