HISTOIRE : 1976, Marc Roguet crée la sensation à Montréal !

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Quitte à le répéter : le département de la Somme n’a jamais eu de champion olympique individuel. Seulement trois (ou quatre) Samariens ont gagné la médaille d’or, mais dans des épreuves par équipes.

Nous avons déjà évoqué le pistard isarien Christophe Capelle et nous le ferons prochainement pour le Samarien Jérémy Stravius. Reste le troisième qui est un cavalier, originaire de Pargny, près de Nesle : Marc Roguet. Nous n’oublions pas aussi Philippe Ermenault, champion olympique de poursuite par équipes, à Atlanta en 1996, qui résidait dans la Somme alors qu’il était licencié dans un club de l’Oise, l’UC Liancourt Rantigny.

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Pour revenir à Marc Roguet, son titre olympique remonte à 1976, soit près d’un demi-siècle. Une époque révolue et dont on a peine à imaginer aujourd’hui le contexte. Déjà, trente ans avant les Hauts-de-France, la Picardie était la région administrative, regroupant trois départements : l’Aisne, l’Oise et la Somme. Contrairement à aujourd’hui où par exemple, le conseil départemental de la Somme aide financièrement une vingtaine de jeunes sportifs pour préparer le rendez-vous de Paris 2024, au cœur des années 1970, les sélectionnés ne se connaissaient même pas. Il faudra attendre 1992 pour voir la Région Picardie, alors présidée par Charles Baur, réunir les pré-sélectionnés avant les Jeux.

Marc Roguet et Belle de Mars

En 1976, la Somme se distingue puisqu’outre Marc Roguet un autre Samarien, Daniel Senet, revient de Montréal avec une médaille d’argent en haltérophilie. Mais aussi bizarre que cela puisse paraître, les deux ne s’étaient jamais vus. Ils feront connaissance à l’occasion de la réception organisée au Courrier Picard à leur retour du Canada. Le cavalier en avait surpris plus d’un car avant les Jeux, il était quasiment inconnu du grand public, y compris dans les sports équestres. Il figurait dans un quatuor composé d’Hubert Parot, Marcel Rozier et Michel Roche et l’épreuve était le saut d’obstacles par équipes.

Cette équipe de France était dirigée par le célèbre Jean d’Orgeix et elle était très soudée. Les quatre cavaliers avaient l’habitude de s’appeler « les Indiens ». Pourquoi ? Tout simplement parce que les Indiens sont sur la piste et les chefs restent dans les tribunes ! Chaque cavalier avait aussi son surnom et pour ce qui concerne Marc Roguet, c’était « Castor prudent ».

Lors de ces Jeux de Montréal, la moisson française avait été plutôt maigre même si Guy Drut avait remporté un mythique 110 m haies. Le Ministre des Sports, Pierre Mazeaud, qui n’avait pas sa langue dans la poche, avait été très dur envers les dirigeants français, beaucoup plus préoccupés par leur prochaine réélection que par les résultats. Peut-être que les temps n’ont pas changé de ce côté…

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Marc Roguet ici au centre (veste marron), à l’occasion d’une réception au CDOS de la Somme.

L’épreuve du saut d’obstacles par équipes clôturait les Jeux. Douze ans après Pierre Jonquères d’Oriola, qui avait remporté la médaille d’or dans l’épreuve individuelle (et fut également médaillé en 1952 et 1968), les cavaliers français s’imposaient dans l’épreuve par équipes.
Et pour Marc Roguet, l’histoire est belle puisqu’il fut sélectionné au dernier moment, profitant du forfait de Bertran de Balanda, privé de son cheval, malade. Le Samarien fut donc appelé avec sa jument Belle de Mars, propriété d’un médecin amiénois, le Docteur Trinez, qui avait refusé une offre importante de Belgique. Avant de monter sur le podium recevoir sa médaille d’or, le cavalier déclarait : « Entendre la Marseillaise si loin de la France et en son honneur est une chose formidable. » La vie ne devait pas changer pour Marc Roguet, resté un homme d’une grande simplicité et qui n’a jamais quitté sa région.

Un jour, le comité départemental olympique et sportif l’a reçu en toute simplicité à la Maison des Sports. Marc Roguet était heureux car, avait-il avoué, cette réception, jamais la Fédération française des sports équestres ne lui avait proposée. Marc Roguet n’a jamais reçu la Légion d’Honneur mais il avouait « qu’une médaille d’or aux Jeux Olympiques, cela vaut tout l’argent du monde« . Et il répétait qu’avec ses équipiers, « c’était comme si nous étions des frères et comme si nous avions fait la guerre. »

Lionel Herbet
Crédit photos : DR (archives)

Publié par Lionel Herbet

Journaliste historique du sport Picard et Amiénois. Lionel est la mémoire des plus grands exploits sportifs de la région.