ROLAND-GARROS : La terre promise de Constant Lestienne

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À tout juste 31 ans, Constant Lestienne s’apprête à jouer enfin, face au Russe Karen Khachanov (N°11), le premier match de sa carrière dans le tableau final de Roland-Garros. Mais le joueur d’Amiens, 69ème mondial, arrive sans repère sur terre battue.

En tant que joueur français, Constant Lestienne va réaliser un rêve ce dimanche matin en découvrant enfin, après une dizaine d’années de professionnalisme, le grand tableau de Roland-Garros, son 2ème tournoi du Grand Chelem consécutif, dans la foulée de l’Open d’Australie où il a passé un tour en janvier. Hélas l’ancien joueur du TC Amiens Métropole et de l’Amiens AC, qui s’est rendu compte sur le tard que « le dur extérieur [était sa] meilleure surface », débarque Porte d’Auteuil dans une forme très incertaine.

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Depuis trois mois, le Picard peut en effet compter les parties qu’il a terminées sur les doigts de sa seule main droite. De Doha à Rome en passant par Indian Wells, Dubai, Estoril, Monte-Carlo et Munich, Constant Lestienne a joué seulement sept matchs, pour quatre défaites et trois abandons (*). Si ses échecs n’ont jamais rien eu d’infamant, ses abandons inquiètent sur sa santé, alors qu’après son incroyable été 2022 qui lui avait permis d’intégrer pour la première fois le Top 100, grâce à une série époustouflante de 22 victoires en 26 matchs, l’Amiénois touchait du bois : « Ce qui m’avait manqué dans ma carrière jusque là, c’était la régularité, analysait-il en septembre dernier. Il faut dire que j’ai été beaucoup blessé, que je n’ai donc jamais trop pu enchaîner. Et là je joue non stop et je ne me suis jamais senti aussi bien ! »

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Comme il indique poliment mais fermement préférer garder le silence sur ses derniers déboires, on ne peut qu’émettre des hypothèses… Paye-t-il maintenant sa débauche d’énergie de l’année passée ? Ses 41 matchs, dont 31 remportés, entre la fin juin et la fin octobre 2022… En fin de semaine dernière, Constant Lestienne se disait, laconiquement, optimiste sur sa condition physique, indiquant juste tout mettre en œuvre « pour être prêt pour RG. »

Un duel de non terriens

C’est donc avec un gros point d’interrogation que l’actuel N°7 Tricolore – Ugo Humbert, 38ème mondial est le nouveau N°1 Français – aborde Roland-Garros et le 1er tour qui lui propose un sacré challenge : Karen Khachanov, N°11 ATP et du tournoi. Le Russe, qui tutoie les 2 m, n’est pas un spécialiste de la terre battue, mais Constant Lestienne non plus. Et si le vainqueur de Bercy 2018 a néanmoins été quart de finaliste à Madrid au début du mois, seulement battu par le futur vainqueur Carlos Alcaraz, il a ensuite chuté dès le 1er tour à Rome, sorti en deux sets par Grégoire Barrère.

Constant Lestienne a déjà affronté Khachanov, mais c’était dans une autre vie, pour l’un comme pour l’autre. En mars 2015, en demi-finale d’un tournoi Futures, disputé sur dur indoor. Et ce junior prometteur, qui se présentait alors comme fan de son bouillant compatriote Marat Safin et de Juan Martin Del Potro, s’était imposé 6-4 6-0. Le Français et le Russe avaient alors respectivement 22 et 18 ans.

Grosse cote…

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Le court Suzanne-Lenglen sur lequel Constant Lestienne est attendu ce dimanche matin.

Avec ce lointain souvenir et surtout sans certitude sur son niveau du moment, Constant Lestienne défie donc d’entrée une tête de série. En sachant que si le Samarien n’avait jamais réussi à s’extirper des qualifications sur l’ocre parisien, il était régulièrement tombé sur des « clients » : l’Allemand Yannick Hanfmann, le Slovaque Norbert Gombos, l’Ukrainien Serguei Stakhovsky sont quelques uns des joueurs qui lui ont barré la route du tableau principal de Roland-Garros ces dernières années.

Avec Karen Khachanov cette fois sur son chemin, une chose est sûre : Constant Lestienne est clairement outsider, la cote de sa victoire étant située entre 8 et 17 contre 1. Voilà un moyen comme un autre de s’enlever de la pression. Et pour se motiver encore un peu plus, le 69ème mondial peut toujours se dire qu’en cas d’exploit ce dimanche, son 2ème tour serait plus abordable sur le papier, puisqu’il rencontrerait le vainqueur du match entre l’invité américain Patrick Kypson (323ème à l’ATP) et l’expérimenté moldave Radu Albot (111ème), issu des qualifications.

(*) : Constant Lestienne a abandonné le 8 mars au 1er tour d’Indian Wells, mené 6-4 4-1 par Emil Ruusuvuori (FIN). Avant de s’incliner au 1T à Estoril puis au 1T des qualifs à Monte-Carlo. Ses deux derniers matchs se sont soldés par des abandons : le 18 avril au 1T à Munich (mené 6-3 par Dominic Thiem) puis le 10 mai au 1T de Rome, mené 6-1 par Laslo Djere (SER). Il n’a plus joué depuis.

Roland-Garros, tableaux principaux du 28 mai au 11 juin
Ce dimanche à partir de 11h court Suzanne-Lenglen – 1er tour : Karen Khachanov (RUS – N°11) – Constant Lestienne (FRA)

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La Francilienne Séléna Janicijevic à l’ITF d’Amiens en 2020.
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La Manchoise Alice Robbe, ici à Roland-Garros le 24 mai, a franchi deux tours de qualifications.
EN CHIFFRES

10. Comme les dix joueuses du tableau principal de Roland-Garros 2023 passées par le "tremplin" vers le haut niveau que constitue le tournoi ITF W15 de l'Amiens AC. 
Parmi elles, les Françaises Alizé Cornet, Diane Parry et Selena Janicijevic. Et aussi deux têtes de série : la Belge Elise Mertens (N°28), 1/4 finaliste à Amiens en 2015 et la Chinoise de 20 ans Qinwen Zheng, 19ème WTA aujourd'hui et 632ème il y a trois ans à l'AAC !
Aux qualifs, on comptait près d'une vingtaine de joueuses, françaises et étrangères, venues s'aguerrir à Amiens. Deux ont buté sur le troisième et dernier tour : la Lyonnaise Elsa Jacquemot et la Normande Alice Robbe. 

1. Une ancienne lauréate de l'ITF d'Amiens, en 2019, figure dans le grand tableau de Roland-Garros: l'Espagnole Rebeka Masarova, victorieuse de RG Juniors il y a 7 ans. 69ème mondiale, elle défie la finaliste 2022, l'Américaine Coco Gauff. 

6. Comme le nombre de "ballos" licenciés dans des clubs de tennis d'Amiens sélectionnés parmi les 280 ramasseuses et ramasseurs. Lara du RCA, Éléa, Pablo, Louis, Guillermo et Arsène de l'AAC.

Vincent Delorme
Crédits photos : DR. Capture d’écran rolandgarros.com. Léandre Leber et Vincent Delorme – Gazette Sports