Pressentie depuis plusieurs semaines, la retraite sportive du gardien des Gothiques d’Amiens a été actée mardi 4 avril par le club. « Riton » revient pour Gazette Sports sur les raisons qui l’ont poussé à raccrocher les patins et sur sa future carrière de coach.
Depuis votre dernière commotion cérébrale, que s’est-il passé ?
Les résultats n’étaient pas fous, je mettais du temps à récupérer et j’ai encore des symptômes. J’avais une décision à prendre pour l’équipe de France. Niveau physique je ne me sentais pas du tout prêt, j’avais essayé de courir à bonne allure et derrière j’ai eu du mal donc faire un Mondial c’est compliqué. Ce n’est pas le fun de terminer sa carrière dans un état pas possible donc j’ai joué la sécurité au niveau de la tête.
Aujourd’hui, avez-vous encore des symptômes de cette commotion (ndlr : 17 janvier 2023) ?
Oui, ça s’améliore mais j’en ai encore.
Faire le Mondial, était-ce l’un de vos objectifs ?
Oui, j’aurais pu faire le Mondial et quand même arrêter à Amiens, sauf que là je ne peux faire aucun des deux. Je ne vois pas le but de revenir, de prendre un risque et de mettre le club dans la merde (sic) parce que si je ne peux pas jouer ça ne sert pas à grand chose.
Mon objectif c’était de gagner une coupe Magnus
Les dernières saisons, avec le covid, étaient plus compliquées, comment les avez-vous vécues ?
C’était plus chiant, après j’étais toujours autant motivé. Sur les trois dernières années je ne regrette rien, j’ai fait mon possible. Je paraissais peut-être blasé, parce que moi mon objectif c’était de gagner une coupe Magnus.
Est-ce le plus gros regret de votre carrière ?
J’en ai deux : ne pas avoir marqué de but et ne pas avoir gagné de Magnus.
Si on prend un peu de recul, quels souvenirs retenez-vous de votre carrière ?
Il y en a plusieurs. Les saisons à Dijon, c’était incroyable. Il y a les coupes de France. Bizarrement, dans mes bons souvenirs et en même temps c’en est un mauvais, il y a le TQO (ndlr : Tournoi Qualificatif Olympique). Où, là, je pense que j’avais atteint l’apogée de mon jeu. En même temps je n’arrive toujours pas à digérer ce qui s’est passé. Mais il y a tellement de bons souvenirs, et ça remonte à loin, j’ai commencé en 2006.
Une chose est sûre, vous aurez marqué toute une génération de hockeyeurs et pas seulement à Amiens…
Je commençais à faire partie des meubles. Ça paraît jeune, 35 ans, pour arrêter mais j’ai commencé super tôt. Quand je vois maintenant des jeunes de 17 ans en U20, moi j’étais déjà dans le bus à faire des déplacements à Anglet pour aller jouer en professionnel. Toute chose a une fin. Je suis content d’attaquer ce nouveau chapitre. Je suis à la fois triste d’arrêter et excité par la suite. Je resterai toujours près de la glace.
Le projet d’entraîner les gardiens au club ça fait un moment que je l’ai, là ça arrive plus tôt que prévu
Depuis combien de temps préparez-vous votre reconversion ?
Le projet d’entraîner les gardiens au club ça fait un moment que je l’ai, là ça arrive plus tôt que prévu. Je fais des formations, j’aime ça. Les joueurs, je sais faire, mais ce sont surtout les gardiens qui m’intéressent. Le hockey change, partout dans le monde il y a des entraîneurs des gardiens. En pro, les gardiens sont préparés comme j’ai pu le vivre aux championnats du monde. J’ai adoré le fonctionnement qu’on avait en équipe de France. Même à 29, 30 ans ça m’a fait repasser un cap dans ma carrière d’avoir quelqu’un qui t’aide. Surtout sur le plan tactique, d’avoir quelqu’un qui te prépare tes matchs ça te mange 50% du boulot. Le but, c’est d’amener ça ici. Il faut donner du crédit au club parce qu’en France ça n’existe pas vraiment ce poste. J’espère lancer une dynamique pour les gardiens français.
Aimeriez-vous être le mentor de quelqu’un comme Antoine Mindjimba a pu l’être pour vous ?
Je sais que je le suis sans le faire exprès avec des jeunes du club et d’autres qui ne sont plus au club. Ils ont reproduit ce que moi j’ai fait avec Mindji, c’est-à-dire que tu fais de la copie visuelle. Je pense à Simon Delcourt en U17 ou Antoine Gilbert à Cergy, ce sont des copies de moi. Prendre un gardien vers l’âge de 10 ans et l’emmener le plus loin possible, ça c’est l’objectif.
Julien Benesteau
Crédit photo : Kevin Devigne – Gazette Sports