FOOTBALL – Benoît Sturbois : « On est sur une progression constante »

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Le coach des Portugais d’Amiens réalisait sa troisième année à la tête de l’équipe première du club en 2022. La première lors de laquelle il n’y a pas eu d’interruption. Et sans aucun doute la meilleure.

Quel bilan fais-tu de cette année 2022 ?

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On est plutôt sur une bonne dynamique parce qu’on avait déjà très bien terminé la saison dernière avec l’arrivée de Ryan Da Veiga qui avait insufflé quelque chose de nouveau à l’équipe qui avait réussi à trouver les bons ingrédients pour bien figurer dans ce championnat, donc on avait plutôt terminé sur les chapeaux de roue.

Et on continue à surfer sur la dynamique avec un très bon début de saison. On a un groupe qui a toujours bien travaillé. On en a gardé le plus gros et on s’est renforcé avec l’arrivée de certains joueurs qui se sont bien intégrés au collectif, qui ont fait les efforts. La mayonnaise commence à prendre. Du coup, on est plutôt satisfaits de cette année 2022 et on espère que ça continue ainsi en ce début d’année 2023.

Je noterais vraiment l’état d’esprit du groupe depuis janvier 2022 qui a fait la différence sur le plan comptable.

Comment expliques-tu la nette différence en termes de résultats par rapport aux années précédentes ?

Il faut remettre les choses dans leur contexte. Quand je suis arrivé à Porto en milieu de saison 2019-20, j’ai essayé de mettre en place des choses. La saison suivante, on a essayé de recruter pour améliorer les choses. Le temps qu’un projet de jeu se mette en place, ça ne se fait pas du jour au lendemain. Il faut que les joueurs adhèrent, il faut qu’on trouve les automatismes.

Il ne faut pas non plus oublier que les années précédentes, on n’avait pas les résultats mais le contenu était plutôt intéressant. On sentait qu’il y avait des choses, que ça travaillait, que les joueurs avaient envie de bien faire, mais ça ne tournait pas forcément en notre faveur. Au fur et à mesure, on a recruté pour améliorer l’équipe, qualitativement et quantitativement. Mais il ne manquait pas grand chose. La preuve, on a rajouté une pièce à l’échiquier, Ryan Da Veiga, et les résultats ont suivi. Il nous fallait peut-être cette petite dose d’opportunisme, d’efficacité.

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L’arrivée de Ryan Da Veiga en début d’année est l’un des éléments d’explication d’une cuvée de grande qualité.

Et cette année, on a encore essayé de relever le niveau en recrutant des joueurs avec des profils bien particuliers, un état d’esprit particulier pour apporter une plus-value sur le terrain tout en ne changeant pas l’ambiance groupe. Jusque à ce mois de décembre, force est de constater que le groupe vit bien et que les résultats suivent. C’est le travail des joueurs et le peaufinement à chaque intersaison. On se gratte la tête pour trouver ce qui pourrait nous faire du bien, pour chercher encore quelque chose supplémentaire. Les années avancent et on est en train d’évoluer plutôt dans le bon sens. C’est plutôt bon signe.

Aller chercher des joueurs au-dessus, ça peut-être à double tranchant, il y a une prise de risque, du fait que cela peut être vu comme une régression, force est de constater qu’elle a été payante…

Ce qui est bien, c’est que les joueurs ne l’ont pas vu comme une régression. Ils sont venus sans regarder le niveau mais en adhérant à un projet. Ce sont des joueurs que j’ai été chercher, que je connais, avec qui soit j’ai déjà travaillé, soit que je connaissais par l’intermédiaire d’autres personnes. L’idée, c’était de se dire que, aujourd’hui, ils venaient en R2, mais l’objectif était de tout faire pour faire évoluer le club. En fait, ils ont vu ça comme venir donner un coup de main au club pour passer les échelons.

Cela aurait pu être une prise de risque si on n’avait pas choisi les joueurs. Là, les joueurs qui ont signé, je les ai choisis, je les ai voulus. C’était une obligation, pour moi, d’aller se renforcer dans certains secteurs et les joueurs étaient partants parce qu’ils connaissaient ma méthode de travail, parce que, pour certains, ils avaient envie de retravailler avec moi, parce qu’il y en a certains avec qui j’ai des liens d’amitié depuis de longues années. Donc ce n’était pas forcément une prise de risque, ça l’aurait été si cela avait été des joueurs qu’on ne connaissait pas. Là, c’étaient des joueurs que je connaissais très bien, et le président m’a fait confiance les yeux fermés, il m’a suivi et a tout fait pour qu’on soit dans les meilleures disposition possibles. Pour le moment, ce qui se passe montre qu’on ne s’est pas trompé. Je pense qu’on a recruté bien et malin.

Le fait que ce soit la première année complète depuis ton arrivé peut-il aussi avoir joué dans cette excellente année ?

Je ne le vois pas vraiment comme ça puisque la saison dernière, après le covid, j’avais l’équipe dès le début. Mais c’est vrai que c’était une base de travail sur les fondations. L’objectif, c’était d’obtenir un maintien confortable pour préparer la saison actuelle. Parce qu’on savait que ça nous donnerait des opportunités de joueurs, on savait que le nouveau terrain allait arriver. C’était une saison de transition.

Là où je suis satisfait, c’est que l’effectif a évolué en qualité et en quantité. On peut vraiment peaufiner les détails du projet de jeu. Au départ, il s’agissait plus de dégrossir le projet de jeu et d’essayer d’avoir une identité, maintenant, on est sur les détails pour faire basculer les matchs en notre faveur.

Même si c’était sur deux saisons, on peut dire qu’il y a eu une véritable continuité sur l’année.

Oui, on est toujours sur le même fil conducteur qui est de faire du jeu. On n’a pas tout changé à l’intersaison. On a recruté pour essayer d’améliorer l’effectif mais on est sur la même dynamique de travail, le fonctionnement reste le même. Mais comme il y a plus de qualité, les choses qui des fois enrayaient la machine, aujourd’hui, on le voit moins. On est donc toujours sur la même dynamique mais non seulement avec des nouveaux qui arrivent avec une expérience certaine, mais aussi ceux qu’on a depuis deux ou trois années qui travaillent et dont on est en train de retirer les fruits.

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Si des recrues sont venues apporter un plus, les plus anciens sont aussi de la partie dans la montée en régime du projet mené par Benoît Sturbois.

Cela veut dire qu’entre les joueurs qui sont avec moi depuis deux ou trois ans sur ce projet de jeu et ceux qui viennent avec des capacités spécifiques, cela évolue constamment. Ceux qui sont là depuis quelques années commencent à assimiler, à comprendre et à bien réaliser ce qu’on demande. Plus ça avance, mieux c’est. Ils sont en train de progresser, pas individuellement mais dans ce qu’on leur demande.

Donc malgré la constance des résultats, tu as noté une progression au fil de l’année ?

Exactement, parce que quand on regarde les résultats de deuxième partie de saison dernière, ils étaient bons, on a terminé 2ème sur cette période, ce n’est pas anodin. Mais on est sur une progression constante. Les matchs qu’on gagnait 1-0 ou 2-1 la saison dernière, on est capable de les gagner beaucoup plus largement que cela, désormais. On est capables d’êtres efficaces devant et derrière.

C’est aussi la dynamique de résultats, plus tu fais des résultats, plus tu es en confiance et plus les choses tournent bien. C’est pour ça que je garde mes joueurs en alerte parce que un ou deux mauvais résultats pourraient donner l’effet inverse. Même si on a des certitudes dans le contenu, on sait que quand mentalement on n’est pas dedans… Il faut continuellement bosser parce qu’on n’a rien sans rien. Ce n’est pas parce qu’on a ramené 5-6 joueurs qui ont joué au-dessus que les résultats allaient arriver. Si c’était si simple, les équipes qui font ce choix passeraient un pallier ce qui n’est pas systématiquement le cas.

Je tire mon chapeau aux joueurs parce que c’est un travail constant. Il faut fédérer, il faut que chacun trouve sa place dans le groupe. On a un groupe de 30-32 joueurs qui travaille constamment et c’est ce qui donne ces résultats.

Tu l’as brièvement évoqué, mais ce qui frappe, c’est que vous alliez désormais solidité, avec 22 buts encaissés en 23 matchs (0,96 par match) et force de frappe offensive avec 60 buts marqués (2,61 par match), pour 3 défaites au compteur. C’est plutôt indicateur de peu de points faibles, ce qui est encourageant ?

C’est parce qu’on travaille en bloc. On est capables de mettre beaucoup de buts parce qu’on attaque à beaucoup mais on est également capables de ne pas en prendre trop parce que l’on défend tous. Il faut autant aimer défendre qu’attaquer. Il faut trouver la bonne formule, les bons mots. Il y a des joueurs qui n’ont pas la réputation de se faire violence pour défendre, aujourd’hui, je suis entièrement satisfait du rendement défensifs de ces joueurs.

On arrive à trouver un bon équilibre.

Il y a des joueurs comme les latéraux qui font les kilomètres pour qu’on puisse avoir des supériorités numériques par le fait de répéter les efforts, de faire les courses. On arrive à trouver un bon équilibre parce qu’on marque beaucoup et qu’on en prend peu, même si j’aimerais qu’on en prenne encore moins – et qu’on en marque plus, bien évidement. Je suis plutôt satisfait.

Maintenant, on est sur l’année civile, mais une saison se joue sur deux années civiles. La saison dernière, on a fait une très mauvaise première partie de saison et une très bonne deuxième, je n’aimerais pas que ce soit l’inverse cette fois. Il faut continuer à travailler à être efficace, à aimer attaquer et défendre ensemble. C’est ce qu’il y a de plus dur quand on a un groupe avec la qualité.

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Benoît Sturbois tire son chapeau à ses latéraux, capables de multiplier les allers-retours pour aider l’équipe dans toutes les zones.

Quelles sont tes attentes, tes espoirs pour 2023 ?

Déjà de continuer à prendre du plaisir parce que j’en prends énormément, que ce soit la semaine ou le week-end. Bien évidemment de figurer le plus haut possible dans le championnat. Après, on prendra ce qu’il y a à prendre mais on se focalise vraiment sur la continuité de notre jeu parce que je suis convaincu que les résultats passeront par le jeu. On peut parfois déjouer sur un match parce qu’on n’est pas dedans et il faut d’autres valeurs pour faire un résultat. Mais je reste persuadé que sur une saison complète, ce sont ceux qui ont une vraie identité qui vont au bout. Et moi, je suis adepte du jeu, donc je pense que notre salut passera par le jeu.

Tu ne cites pas la montée, même pas comme un espoir ?

Je reste terre à terre, on n’a que ce qu’on mérite. On peut dire ce qu’on veut, tout ça c’est du baratin. On verra à la fin de saison ce qu’on a mérité. Je ne me fixe pas vraiment d’objectifs précis, ce n’est pas terre à terre, c’est bien beau de parler. Les objectifs qu’on se fixe, c’est dans la progressions des joueurs et du groupe, mais en terme de résultats…

Quel bilan ferais-tu de cette année à l’échelle de l’ensemble du club, qu’est-ce qui t’a marqué ?

La volonté permanente des dirigeants de faire évoluer le club dans le bon sens, la faculté à avoir de bonnes fondations avec une école de foot performante, avec énormément de licenciés, beaucoup d’éducateurs, ce qui n’est pas une mince affaire qui plus est avec les moyens en infrastructures que nous avions. La mairie nous a fait un synthétique qui devrait arriver là, il est terminé, il manque la main courante, il devrait être livré fin janvier, on l’espère.

Le club a bien compris le principe, se structurer chez les jeunes, fédérer pour garder les licenciés, donner envie à d’autres de nous rejoindre, et ce dans toutes les catégories. Il y a un vrai projet club avec l’envie d’avoir un projet de jeu commun. Je sens des éducateurs motivés malgré les difficultés. Même s’il y a toujours des choses qu’on peut améliorer, je suis satisfait du club, avec des bénévoles et un président formidable. Ce n’est pas toujours rose, mais on se dit les choses et c’est sain.

J’ai vraiment envie que le club progresse encore et je pense que ce terrain va être une première étape pour évoluer, parce que c’est un vrai outil de travail.

L’événement marquant, c’est la perte tragique de Landry Matondo.

Pour terminer, as-tu un événement marquant à ressortir de cette année ?

L’événement marquant, c’est la perte tragique de Landry (Matondo, ndlr). C’est quelque chose qui m’a touché, qui a touché tout le football de la région et même d’un peu plus loin. C’est quelque chose de tragique qui m’a bouleversé. C’est pour ça qu’il faut profiter des bons moments.


Morgan Chaumier
Crédit photos : Kevin Devigne – Gazette Sports