FOOTBALL – Benoît Sturbois : « On doit prétendre à nettement mieux »

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Le coach des Portugais d’Amiens, Benoît Sturbois, revient sans langue de bois, sur une année 2021 difficile pour son équipe, et avec l’ambition de redresser la barre en 2022.

Tu évoquais une faiblesse mentale après le match de Breteuil, c’est la principale explication que tu trouves à cette année en dents de scie ?

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Non, il y a une grosse partie mentale, mais après, le facteur le plus important, c’est l’efficacité, donc ça reste du domaine de la technique. C’est là où on ne fait pas forcément les bons derniers gestes, la bonne avant-dernière ou dernière passe, le bon geste pour finir. Cela fait qu’on ne met pas nos occasions.

Et il y a aussi le côté tactique où on a de gros soucis, défensivement et collectivement. Ce sera le gros chantier. On ne défend pas assez ensemble. C’est une problématique que le coach doit savoir résoudre. On se penche dessus avec Noureddine (Laroussi, ndlr) depuis quelques temps.

Je pense que le facteur principal, c’est bien une carence technique dans une zone où l’exigence ne le permet pas et aussi un problème tactique collectivement sur l’aspect défensif. Maintenant, l’aspect mental a quand même un rôle important. Parce que quand on n’est pas capable techniquement de finir les actions, quand on n’est pas capable collectivement de défendre bien ensemble, on devrait savoir faire le dos rond, on ne devrait pas se précipiter quand on prend un but. Et malheureusement, quand on se prend un but, on a un peu le moral à zéro parce qu’on se dit que, ça y est, c’est reparti. Donc je mettrais cet aspect en troisième position.

En termes de projection sur 2022, ce sont des problématiques, pour certaines sur lesquelles tu peux envisager des solutions. Il y a de l’espoir pour la suite, d’autant que le diagnostic est déjà posé ?

Déjà, pour être très honnête, au vu de l’effectif qu’on a, on doit prétendre à nettement mieux dans ce championnat. Je prends une grosse part de responsabilité sur les résultats plus que médiocres en championnat. En sachant qu’il va falloir que les joueurs aussi prennent leur part de responsabilité, à un moment donné. Parce qu’il ne faut pas oublier que, si on fait des résultats médiocres en championnat, on est capables, en coupe, de faire des gros coups. Et pas qu’une fois. C’est Vimy qu’on bat, c’est Maubeuge, on connait l’issue, on perd 2-1 avec deux buts contre notre camp, c’est une victoire 3-0 contre Roye, R1… Ce sont des grosses prestations. On ne peut pas dire qu’il n’y a pas de travail effectué.

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Il va falloir régler quelques soucis défensifs pour moins reposer sur un Demba Gningue sollicité en début de saison

Maintenant, on a identifié des problématiques, en 2022, on va travailler sur ça en espérant garder ce qui est déjà acquis. Parce qui si c’est pour travailler sur un plan de jeu et que l’on perd ce qu’on a acquis pour gagner autre chose, je ne suis pas persuadé qu’on soit en réussite derrière. On va axer sur nos points faibles tout en voulant garder une continuité dans ce que l’on faisait de bien. Le diagnostic est posé, la problématique est réelle, on sait où on doit aller pour progresser. On va essayer en demandant aux joueurs un maximum d’investissement pour, on va être très clair, sauver le club. Parce qu’il y a 4 descentes, le moins bon 8ème voire les 2 moins bons 8èmes s’il y a une descente de N2, donc il va falloir faire très attention.

Si on doit parler objectif, c’est donc de maintenir les Portugais en R2 ?

Alors, oui, l’objectif principal de terminer dans les 5 premiers, on va bien le laisser de côté. On va s’atteler à essayer d’éviter cette 8ème place et donc de terminer au moins 7ème. Après, c’est vrai qu’on parlait des 5 premières places, là de la 7ème, ce n’est pas bien loin, mais ce qu’il faut, c’est vraiment tout faire pour laisser le club là où il était cette année. Et ensuite on fera un point pour voir comment on fonctionne la saison prochaine. Mais il va vraiment falloir qu’on maintienne le club en R2, car avec l’effectif qu’on a, l’investissement que met le club, que mettent les dirigeants, ce serait vraiment une catastrophe que le club descende.

Tu pointes des problèmes collectifs, est-ce que le fait d’avoir eu 6 mois compliqués en début d’année peut expliquer en partie la difficulté à créer un collectif qui fonctionne ? Sachant qu’il y a eu des évolutions dans l’effectif.

Effectivement, même si on ne peut pas se cacher derrière ça, l’effectif avait été remanié en début de saison dernière. On avait commencé à trouver quelque chose et le championnat s’est arrêté. La mobilisation des joueurs avait été quasi impossible pendant cette période de covid, ça a été compliqué. On a essayé de recréer des liens quand ça a été possible, à partir du mois de juin, avec en plus de nouveaux joueurs. C’est vrai que ça n’a pas aidé. Maintenant, on ne va pas se cacher derrière ça, on a eu autant de temps que les autres équipes, ni plus ni moins, qui eux aussi ont probablement changé tout ou partie de leur effectif. C’est vrai que c’est aussi une problématique de réussir à faire prendre la mayonnaise quand il y a de nouveaux joueurs, mais c’est le lot de toutes les équipes.

Je déplore le grand nombre de blessures qu’on a pu avoir. On n’a jamais pu aligner la même équipe deux matchs d’affilée.

Par contre, je déplore le grand nombre de blessures qu’on a pu avoir. On n’a jamais pu aligner la même équipe deux matchs d’affilée, c’est quand même notable, parce que les saisons précédentes coupées par le covid ont fait que les joueurs, les organismes, ne réagissent pas pareil. Même en prenant un maximum de précautions pour ne pas les mettre en difficulté, sur le plan athlétique, ça a été compliqué. Les blessures peuvent être un paramètre sur le fait que la cohésion collective ne soit pas à son plus haut niveau, parce qu’on n’aligne jamais les mêmes équipes. C’est vrai qu’au niveau des automatismes, c’est un petit peu compliqué.

Si je te demande de trouver un fil conducteur sur l’ensemble de l’année civile, je présume que c’est assez difficile ?

Exactement, on a eu 6 mois où l’on n’a pas joué du tout et 6 mois où l’on n’a fait qu’enchaîner. Parce qu’il ne faut pas oublier qu’avec ce nouveau calendrier, à part le week-end du 5 décembre où cela a été annulé, on a joué tous les week-ends depuis la fin août. Ce qui n’est pas arrivé pour les équipes que j’ai pu encadré depuis bien longtemps. Donc non, de fil conducteur, il n’y en a pas. Déjà, il n’y a aucune logique par rapport au corps qui ne réagit pas de la même façon. Les joueurs, à force d’enchaîner comme ça, on sent qu’ils tirent la langue. C’est vraiment une transition particulière entre plus du tout de foot et tout le temps du foot. C’est un peu compliqué. Mais une fois encore, je tiens à le répéter parce que je ne veux pas me cacher derrière, ça a été le quotidien de toutes les équipes, ce n’est pas lié exclusivement aux Portugais d’Amiens. Donc s’il y a des équipes qui arrivent à avoir des résultats, c’est qu’elles ont probablement mieux géré cette période où les staffs ont trouvé de bons leviers pour que leur équipe puisse être performante.

On n’est pas encore sorti de cette pandémie, puisqu’on est même sur une phase de reprise, est-ce qu’il y a une crainte quant à cette année ?

Oui, en plus je travaille dans le domaine social et on est impactés par ça puisqu’on reçoit du public. Et ce qu’on entend en termes de complication de la situation sanitaire, ce n’est pas du tout bon, ça ne présage pas de bonnes choses. Donc je ne te cache pas que j’ai une crainte. Déjà, j’ai une crainte par rapport à la santé des gens, ce qui est le plus important. Et sur l’aspect sportif, il y aura de toute façon un impact. Maintenant, à quel niveau, je ne sais pas. Tout ce que j’espère, c’est que cela fera beaucoup moins de morts que les vagues précédentes – on aimerait dire pas du tout mais c’est quasi impossible. Il faut se gratter la tête et se poser des questions parce que je pense qu’on risque d’être impactés dans le domaine du sport.

Benoît Sturbois a rechaussé les crampons cette saison, notamment à l’occasion de l’exploit contre Vimy en Coupe de France

Pour finir, quel serait ton meilleur souvenir avec les Portugais cette année ?

C’est le match contre Vimy auquel, en plus, j’avais participé. Battre une N3 pour une R2, c’était quand même un beau challenge. Voir les supporters, les dirigeants, les joueurs unis, qui plus est pour une victoire alors qu’il n’y en a pas eu beaucoup en championnat, ça nous a fait du bien. Vraiment, ce match contre Vimy, j’ai senti de bonnes choses et ça faisait vraiment plaisir de voir les gens heureux.

Et le pire souvenir ?

Je vais dire ce qui m’a le plus marqué dans le mauvais sens. C’est l’absence d’un joueur à une convocation pour un match et qu’on ait dû partir à 13. C’est quelque chose qui m’a vraiment marqué dans le mauvais sens du terme.


Morgan Chaumier

Crédits photos : Reynald Valleron / Audrey Louette – Gazettesports