AUTO – LMP2 : Un test après la course pour Lilou Wadoux à Bahreïn

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Les 8 Heures de Bahreïn ont sacré sans surprise Toyota championne du monde, avec un doublé en Hypercar. Lilou Wadoux a fini 8ème en LMP2 avec le Richard Mille Racing. Et la pilote d’Amiens se teste dès ce dimanche en Hypercar, catégorie reine de l’endurance.

Dans les standards de sa saison, l’Oreca #1 du team Richard Mille Racing s’élançait de la 9ème position des LMP2, 13ème au scratch, avec Paul-Loup Chatin au volant, par 35° et sous un soleil bahreïni voilé. En pole, une habituée des avant-postes, la #41 de Realteam by WRT, avec l’Autrichien Ferdinand Habsburg au volant, devant la Jota #38, fragile leader du championnat et la United Autosports #22, aux mains du Mexicain Filipe Albuquerque qui s’installait vite en tête.

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De son côté, le coéquipier beauceron de Lilou Wadoux grignotait rapidement une place. Alors qu’en Hypercar, la Peugeot #93 du Britannique Paul Di Resta s’intercalait entre les deux Toyota, la #8 du Suisse Sébastien Buemi, leader et la #7. Après une vingtaine de minutes, Paul-Loup Chatin s’arrêtait déjà aux stands. « La dégradation des pneus sera la clé » avait-il prédit sur les réseaux de son écurie. Après une douzaine de tours, c’était la crevaison de l’avant droit qui était en cause.

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Retardée par de nombreux arrêts aux stands en début de course, l’Oreca #1 du team Richard Mille Racing a vite perdu des places à Sakhir.

Quand il redémarrait, le trentenaire appuyait pour tenter de reprendre sa place. Et mieux, en profitant des arrêts de ses concurrents, Paul-Loup Chatin hissait la #1 rouge à la 5ème place LMP2, à 3 secondes du 4ème, la Prema Orlen #9 de Robert Kubica, l’ancien pilote de F1 polonais qui avait malencontreusement ruiné les chances du team tricolore à Monza en juillet.

Lilou Wadoux victime d’une « touchette »

Au bout de la 1ère heure, la voiture de l’équipe Richard Mille Racing était bien installée au 5ème rang des LMP2, 10ème du scratch. Paul-Loup Chatin laissait le volant à Lilou Wadoux. Alors que les deux Toyota caracolaient en tête du scratch, les LMP2 étaient dominées par les Américaines d’United Autosports, la #22 devant la #23. La pilote amiénoise signait un tour en 1’54″762, à quatre dixièmes du meilleur de Paul-Loup Chatin.

Mais après une grosse demi-heure au volant, la Samarienne était légèrement touchée par la #86 GR Racing (LM GTE Am). Immobilisée après un tête-à-queue, le nez devant le bac à graviers, Lilou Wadoux repartait mais cédait deux places. Et elle ne parvenait pas à retrouver son rythme de croisière. Était-ce lié ? L’Amiénoise filait aux stands une quinzaine de minutes plus tard. Et repartait avant-dernière des LMP2, juste avant les 2h de course.

Lilou Wadoux n’était pas la seule victime de malheurs : l’Hypercar Peugeot #93 , toujours aux mains de Di Resta, sortait dans le gazon et restait longtemps immobile. Les Toyota n’en demandaient pas tant ! Pour se mettre du baume au cœur, à son 36ème tour, la jeune Picarde dépassait l’Algarve Pro du vétéran américain Steven Thomas. Mais la 12ème place des LMP2 qu’elle occupait était loin des objectifs… C’est dans ce contexte, après 2h40 de course, que Charles Milesi relayait sa coéquipière et conscrite.

La nuit leur appartient

La luminosité et la température baissaient, il était 17h heure locale (15h en France) et le natif de Chaumont, toujours aussi rapide, signait déjà le meilleur tour de la voiture, en 1’53″846. À la lumière des phares et des projecteurs, Charles Milesi refaisait une partie du retard. Tandis que la #31 de WRT, avec l’Allemand René Rast puis l’Indonésien Sean Gelael, ravissait la tête des LMP2 aux United Autosports.

En Hypercar, les Toyota se tiraient étrangement la bourre pour le leadership, la #7 de Mike Conway mettant la pression sur la #8 de Brendon Hartley. Et le Britannique dépassait le Néo-Zélandais, scellant déjà la victoire à venir de la #7. La nuit complètement tombée profitait aussi à la #9 Prema Orlen, pilotée par Louis Delétraz, qui prenait momentanément les commandes, en LMP2.

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On atteignait la mi-course et si le mano a mano continuait en tête, les positions semblaient figées autour de la #1 rouge du Richard Mille Racing Team, qui changeait de main. Paul-Loup Chatin retrouvait le baquet. Cantonnée entre les 11ème et 13ème rangs LMP2, la voiture tournait pourtant plutôt bien, comme il le démontrait en portant d’abord son meilleur tour à quelques centièmes de celui signé par Charles Milesi. Puis en l’améliorant carrément, en 1’53″490. La LMP2 devant lui, la Vector Sport de Sébastien Bourdais, avait de la marge, mais le pilote Richard Mille Racing profitait de son arrêt aux stands pour lui passer sous le nez et se retrouver 10ème.

Intenable, Paul-Loup Chatin remontait même brièvement au 8ème rang avant de devoir s’arrêter pour repartir… en 12ème position. Mais à 3 heures du but, il reprenait une belle place dans le trafic, 9ème puis à nouveau 8ème LMP2. Il faisait nuit noire mais encore 29°, les pilotes se relayaient en nage. À toi, à moi, il repassait le volant à Charles Milesi, à 2h et demie de l’arrivée, laissant penser que Lilou Wadoux serait appelée à conclure.

Un final à suspense

Pied au plancher, Charles Milesi pulvérisait le meilleur tour de sa voiture, en 1’52″918, le 3ème meilleur tour du plateau LMP2 ! Cette accélération était hélas aussitôt freinée par un accrochage impliquant la #31, en tête et deux voitures classées à 2 tours, à proximité immédiate de la Richard Mille Racing. Ralenti, Charles Milesi évitait le crash et reprenait le fil, 9ème, après 5h45 de course.

À 2 heures de l’arrivée, le coéquipier de Lilou Wadoux dépassait la #34 de l’Anglais Alex Brundle pour se retrouver 8ème. Et mettre un peu de piment pour le dernier quart de la course qui n’en manquait pas en tête, en LMP2 avec la lutte pour le titre entre la Jota #38 et la United #23. Et en Hypercar où Alpine, 3ème derrière les deux Toyota, pouvait encore espérer coiffer sur le poteau la firme nippone.

Il restait précisément 1h04 de course quand Lilou Wadoux reprenait la main, sans traîner, pour conforter voire améliorer la place de sa voiture. 9ème, la Samarienne était intercalée une douzaine de secondes entre la #83 devant elle et la Vector #10 de Sébastien Bourdais derrière. Elle frôlait l’accrochage avec une GT puis gagnait une place (8ème) et améliorait son record du tour (1’54″599).

Paul-Loup Chatin était rappelé pour l’ultime demi-heure, après que Lilou Wadoux a bouclé 61 tours et passé 2h07 au volant. Talonné par le jeune Danois Nicklas Nielsen (AF Corse), il se lançait à la poursuite de la 2ème Jota, la #28, pilotée par le Sud-Africain Jonathan Aberdein. Mais assurer la 8ème place jusqu’au drapeau à damiers était son défi. Il le relevait sans sourciller, terminant 12ème du classement scratch dominé par les 2 Toyota, que l’on retrouve aux 2 premières places du classement général final. Tandis qu’en LMP2, le titre revient à l’écurie britannique Jota, avec la #38 du trio William Stevens (GB), Antonio Felix Da Costa (POR) et Roberto Gonzalez (MEX).

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Lilou Wadoux première femme en Hypercar ?

Lilou Wadoux peut à présent se tourner pleinement vers ce dimanche qui va faire date, puisque sur ce même circuit de Sakhir la Samarienne de 21 ans sera la première femme à s’installer dans le baquet d’une Hypercar, en l’occurrence une Toyota, pour le Rookie Test, destiné à évaluer les jeunes talents. Ce sont ces mêmes essais qui lui avaient permis, en fin de saison dernière, de décrocher son premier volant en LMP2.

Quant à la prochaine saison d’endurance, le retour annoncé en Hypercar de Ferrari, Porsche et Cadillac promet une sacrée bagarre au parfum vintage, dans une année agrémentée aussi d’un rendez-vous supplémentaire, en avril, sur le circuit de Portimao. Voilà qui rappellera de bons souvenirs à Lilou Wadoux : ses derniers tours en Alpine Elf Europa Cup, il y a un peu plus d’un an, quand elle avait décroché au Portugal une victoire récompensant ses deux saisons dans cette catégorie.

Vincent Delorme
Crédit photo : DR (Richard Mille Racing Team)
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