FOOTBALL : L’ESC Longueau « loin d’être déjà reléguée en R1 » pour son président, René Playe

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Deux mois après le début du championnat de N3, René Playe, président de l’ESC Longueau, fait le point sur les difficultés du promu. Et refuse de céder au pessimisme.

Quelles sont vos impressions sur ce début de saison, marqué par 4 défaites en 4 journées ?

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On s’attendait à ce que ce soit difficile car on franchissait un palier important entre R1 et N3. L’une de nos problématiques de l’inter-saison, c’est que l’on a appris tard le départ de Sébastien Léraillé, il a donc fallu agir rapidement pour le remplacer. Le nouveau coach (Christophe Huck, nommé 3 jours après, ndlr) n’a pas mis beaucoup de temps pour se mettre en place. Mais quand tu arrives comme ça, tu ne connais pas les joueurs, le staff et on doit définir ses besoins, assurer le recrutement dans un délai très court. Le début de saison est difficile et on s’attend à souffrir toute la saison et c’est normal. On avait peur de prendre des « roustes » tous les week-ends car on savait pas trop où l’on allait. On a dû reconstruire une équipe car on a 4-5 nouveaux dans le groupe presque chaque week-end. On n’a pas non plus de chance avec de nombreuses blessures. Depuis le début de saison, Delcuse et Boitel sont absents. Ils sont en phase de reprise actuellement. Touré et Thiam sont tous les deux blessés, ils devraient revenir prochainement. On a aussi eu des petits soucis à droite à gauche. Cela n’aide pas non plus à avoir des résultats et ça affaiblit le groupe. On espère pouvoir compter rapidement sur tout le monde pour relever la tête. Je ne suis néanmoins pas déçu par nos prestations car, à l’exception du match de Lens (b). Mais c’était particulier car on les a joués au mauvais moment je pense avec plusieurs joueurs qui sont descendus (du groupe de Ligue 1, ndlr). Après, il faut être réaliste : ils étaient plus forts que nous sur ce match.

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Sur les autres matchs on a fait des prestations cohérentes, ils ne nous manque pas grand chose. La poule est relevée mais aussi très homogène, tout le monde peut battre tout le monde mais on sait aussi que les réserves des clubs professionnels vont faire les efforts quand il faudra pour se maintenir, ce qui rend la tâche encore plus complexe. Il faut aussi prendre en compte le fait que si Beauvais ou Saint Quentin descend cela va ajouter une descente de plus. Mais le championnat est long et rien n’est encore fait. Les nouveaux se sont tout de suite mis dans le bain du fonctionnement du club et tout le monde est à 100% dans le projet. Je suis aussi très satisfait de la façon dont travaille le coach et son degré d’implication. Il passe de nombreuses heures au stade pour préparer au mieux les entraînements, les matchs et remplir les objectifs. Il a aussi œuvré et insisté pour que les garçons aient un lieu de vie propre au groupe. De l’extérieur, on analyse les clubs sur les résultats et on a 0 points en 4 matchs. Mais il reste 22 rencontres et je reste confiant vis-à-vis du coach et des garçons qui ne lâchent rien. 

Comment avez-vous appréhendé le changement de dimension du club, en dehors de l’aspect purement sportif ?

Forcément, il y a aussi des contraintes autre que sportives et à l’image des joueurs, on apprend au fil du temps. L’un des gros changements, c’est le budget car on est passé du simple au double, pratiquement. Cela a pu se faire grâce à l’apport des collectivités. On a des certitudes sur des aides qui sont allouées automatiquement, comme celles du Conseil régional et du Conseil départemental. Après, on se repose surtout sur Amiens Métropole. On a fait une demande 4 fois supérieure à la saison dernière qui correspond à nos besoins, tout en sachant ce qu’elle donnait aux autres clubs. Il y a eu quelques petites “histoires“ par rapport à cette demande et au fait que l’on pourrait avoir autant que l’ACA. Nous, on a fait une demande qui correspond à nos besoins en sachant que c’est du prévisionnel. Notre demande est donc moins élevée que celle de la subvention de la Métropole aux clubs du niveau N3 ces dernières années. De ce que l’on a entendu, la Métropole veut donner la même chose et il devrait y avoir un ajustement. Dans quel sens on ne sait pas… Après, je ne me voyais pas demander la même chose pour dire de demander la même chose. On reste un très petit budget mais il faut savoir vivre avec ce que l’on a. On se devait de ne surtout pas faire n’importe quoi pour ne pas mettre en danger le club. 

On reste un très petit budget

Comment avez-vous construit le recrutement ?

Dans un premier temps, cela c’est fait assez tardivement et forcément un peu dans la précipitation. Je voulais avant tout faire confiance aux joueurs qui ont obtenu la montée en N3 car elle leur appartient. Ensuite il y a des contraintes budgétaires à respecter, on ne peut pas se permettre par exemple d’avoir des contrats fédéraux ou de s’aligner sur les équipes du Nord, en termes de rémunération. On a fait des efforts pour les joueurs présents et aussi je ne voulais pas qu’il y ait de disparités entre nouveaux et anciens. On a des gens qui viennent tous d’un niveau inférieur mais qui ont envie de montrer qu’ils ont le niveau pour évoluer en N3. Ils ont tous accepté nos conditions et se sont tous impliqués dans notre projet. On sait très bien que les garçons qui sont venus ne sont pas là pour l’argent. Je ne voulais pas changer la façon de fonctionner du club malgré la montée en N3. Il faut penser à l’avenir et changer toute l’équipe ne garantissait pas les résultats et si tu descends tous les mecs partent. Là, on a un groupe uni, qui joue ensemble depuis un moment et qui est très soudé. Alors ça ne veut pas dire que tout le monde restera si l’on repart en R1 mais ne parlons pas de ça pour le moment car si beaucoup de monde nous y voit, on est loin d’être déjà en R1. Pour le moment, on est en N3 et on compte bien y rester. On n’a pas les mêmes moyens que les grosses cylindrées de la poule, loin de là ! Mais l’argent n’est pas gage de réussite et notre montée l’a prouvé. Ça a dû faire réfléchir plus d’un club dans le Nord. En parlant de recrutement, on va pouvoir compter sur un nouveau renfort avec la venue de Joackim Betina. C’est un jeune joueur qui avait fait un bout de la préparation avec nous pour rester en forme, en attendant de trouver un projet. Finalement, il n’a pas trouvé et il a décidé de nous rejoindre dans l’optique de jouer. Il vient de Strasbourg où il était stagiaire pro, il a fait un très gros effort pour être avec nous et cela montre sa détermination. Je lui souhaite de pouvoir rebondir et atteindre ses objectifs tout en nous aidant à réaliser les nôtres. 

L’argent n’est pas gage de réussite

Malheureusement cette saison se fait sans tribune, c’est une problématique supplémentaire pour le club…

C’est un problème pour la billetterie et donc une rentrée d’argent en moins. On l’a vu contre Lens (b) pour l’un des matchs phare de la saison. Il y a eu de la pluie toute la rencontre et je suis certain que l’on a perdu presque 200 entrées car les gens, et c’est logique, ne voulait pas passer le match sous le pluie. C’est dommage… Après, le Maire a pris la responsabilité de fermer la tribune, considérant qu’elle était un danger. S’il y a un problème, c’est lui qui est responsable donc ça peut se comprendre mais ça tombe vraiment mal. Il y a des discussions entre la Métropole et la Mairie pour chercher des solutions. On nous parle de mettre des tribunes démontables, mais si elles ne sont pas couvertes, il n’y a pas vraiment d’intérêt… Un audit de sécurité doit avoir lieu pour savoir quoi faire de la tribune et il est envisagé de la raser. Après, cela a un coût et il faut savoir qui va le prendre en charge. On espère que cela sera réglé avant la fin de saison mais en attendant on fait avec… On n’a pas de poids dans cette décision et si c’est un manque à gagner, la sécurité des gens n’a pas de prix

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Depuis plusieurs années, votre club voit ses équipes de jeunes progresser. Mais cela représente aussi un coût à prendre en compte ?

Oui, on a de plus en plus d’équipes de jeunes en championnat régional et c’est une très bonne chose. Cela met en avant le travail fait depuis plusieurs années sur la préformation et la formation. Cela fait aussi partie de notre demande de subventions plus élevée à la Métropole. On a des déplacements à travers les Hauts-de-France pour 4 équipes de Ligue, auxquels il faut ajouter les frais d’arbitrage. En sachant que l’on arrive à nous mettre en U14 des arbitres qui font 200 km pour venir arbitrer et qui coûtent, seuls, 100€ sur un match. Cela représente de gros coûts pour le club et honnêtement je pense qu’il y a des efforts à faire là-dessus. Cela s’ajoute à un budget déplacements qui, pour l’équipe seniors, a évolué grandement avec la location de 2 minibus à chaque match, plus 2 voitures. Après, on arrive là où l’on voulait être et ça fait partie de notre développement. C’est à nous de faire en sorte de pouvoir supporter du mieux possible ces coûts sachant que notre objectif reste de faire évoluer au plus haut niveau nos jeunes. On voit certains de nos joueurs que l’on a formés ces dernières années évoluer en équipe première et c’est une très bonne chose. À l’avenir, on espère qu’il seront encore plus nombreux. D’ailleurs l’équipe réserve est en grande partie composée de jeunes du club. On a aussi une équipe de U18 très intéressante cette saison, qui va l’année prochaine passer seniors. Cela nous amène à nous poser la question de faire une troisième équipe seniors. On tourne avec 45 seniors en ce moment et j’avoue que le travail des coachs n’est pas évident. Surtout pour Benoit Bourdet car Christophe Huck fait son groupe puis ensuite Benoit doit gérer entre les joueurs qui descendent et le reste. L’équipe réserve évolue quand même au plus haut niveau départemental, ça reste un niveau correct. Le problème, si l’on crée une nouvelle équipe seniors, c’est que l’on repartirait en D6, ce qui ne sera pas facile. Après, on a vu que Camon l’a fait l’année dernière, avec l’objectif de monter chaque année pour atteindre un niveau correct. Il y a aussi un problème d’infrastructures, qui pourrait être réglé si on avait des vestiaires au terrain synthétique. C’est une organisation supplémentaire mais on se pose la question de le faire. 

Objectif à long terme pour les féminines

L’objectif de l’équipe réserve est-il de monter cette saison ?

Oui, c’est l’objectif comme l’année dernière, je vais même dire que c’est presque une obligation. La saison dernière, on voulait monter pour réduire l’écart et finalement l’écart s’est encore accentué. Ce n’est pas facile de dire à un joueur qui joue en N3 d’aller jouer en D1. Mais c’est aussi à lui de prouver qu’il n’a rien à faire là. L’année dernière, on a fait une très bonne première partie de championnat et puis on s’est écroulé complètement. J’ai été déçu des résultats car je pensais que l’on allait monter. Je suis déçu du début de championnat car les résultats ne sont pas ceux attendus mais la route est encore longue. Il va falloir rapidement trouver le rythme et ne pas faire les erreurs de l’année dernière pour lutter jusqu’au bout pour la montée en R3

Quel est le nouveau projet avec l’équipe féminine ?

On a connu des dernières saisons compliquées avec nos seniors. Là, on repart sur un projet avec nos jeunes joueuses issues du club. On a du monde à partir des U14 et c’est très bien pour l’avenir. Le groupe seniors est très jeune et évolue en R2, c’est un niveau déjà très intéressant. Pour le moment, c’est compliqué mais l’objectif est sur le long terme. On veut  prendre de l’expérience et s’il faut redescendre en R3 pour mieux repartir, ce n’est pas un problème. Quand on voit les résultats de nos jeunes générations qui arrivent bientôt seniors, on a confiance en l’avenir. Notre plus gros problème est que l’on n’arrive pas à avoir de très jeunes joueuses. On voit arriver les filles vers l’âge de 13 ans, on ne peut pas leur demander la même chose qu’à des joueurs qui jouent depuis parfois déjà 6 ans, à cet âge-là. On veut continuer de développer le football féminin car ça fait partie de notre projet global.

Et si l’on pouvait souhaiter quelque chose à l’ESC Longueau pour cette saison, ce serait quoi ?

Je veux le maintien en N3, la montée de la réserve en R3 et de la réussite chez les jeunes et les filles.

Aurélien Finet
Crédit photo : Kevin Devigne – Gazette Sports
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