Le jour de son 31ème anniversaire, le Picard Arnaud Démare s’est offert une nouvelle fois le Prix Jean-Renaux, critérium cycliste professionnel, dans les rues d’Amiens.
Trois ans que le Jean-Renaux n’avait plus pris place dans les rues d’Amiens, la faute à un covid qui avait poussé à l’annulation des deux dernières éditions. Alors forcément, « on est content de réorganiser cet événement » du côté de Promotion Sport Picardie, souffle Henri-Paul Fin. C’est que si tout semble aller comme sur des roulettes au moment d’assister à la course, cela n’allait pas nécessairement de soi : « Après deux ans, il faut relancer tout le monde : les bénévoles, l’organisation, les coureurs. On voit que l’organisation des programmes de courses a beaucoup changé, les coureurs sont mobilisés, ils ne peuvent plus faire beaucoup de critériums. Cela a amené des difficultés. »
Pour autant, les organisateurs ont réussi, au final, à réunir « 12 pros et un beau plateau », se félicite le responsable du critérium. Au sein duquel on pouvait compter 50 départs de Grands Tours et 135 de Monuments. Grâce à la présence de Paul Ourselin (TotalEnergies), Jérémy Leveau (Go Sport – Roubaix Lille Métropole), du Belge Kenny Molly (Bingoal Pauwels Sauces WB), du Lituanien Ignatas Konovalovas (Groupama – FDJ) et du vétéran Italien, Davide Rebellin (Work Service Vitalcare Vega), du haut de ses 51 ans et 30 années de professionnalisme. Mais aussi de champions plus locaux que se réjouit toujours autant d’accueillir Henri-Paul Fin : « Ce qui fait plaisir, c’est que des garçons comme Arnaud Démare (Groupama – FDJ), Rudy Barbier (Israel – Premier Tech) ou Adrien Petit (Intermarché – Wanty – Gobert Matériaux), ce sont des gamins que j’ai connus petits, qui reconnaissent notre organisation et qui ont fait des efforts pour être avec nous. Ça montre que la famille du vélo sait être reconnaissante envers ceux qui se démènent. Cela permet aux gens de pouvoir venir profiter des coureurs au plus près. » Seul petit bémol, un peloton assez limité numériquement, avec 28 partants. À titre d’exemple, Pierre Barbier qui avait prévu de venir était finalement retenu par la dernière étape du Tour Poitou-Charentes en Nouvelle Aquitaine.
Un moment de partage toujours apprécié des coureurs
Mais dans l’ensemble, difficile de ne pas ressentir cet attachement aux critériums en général et au Prix Jean-Renaux en particulier chez les coureurs présents. Et la reconnaissance à l’égard de l’organisation qu’Arnaud Démare suggère quand il souligne que l’« on est toujours bien accueillis » et que Rudy Barbier exprime explicitement : « On a l’occasion d’avoir un super beau plateau grâce à Henri-Paul. Ça va être l’occasion de proposer une belle course au public. » Le Français de l’équipe israélienne du peloton World Tour se réjouit aussi de « l’occasion de venir en famille. J’habite tout près d’Amiens, c’est plaisant d’être presque à domicile. On n’a pas souvent l’occasion d’avoir nos proches qui viennent nous encourager, c’est un moment très important sentimentalement. »
Le discours n’est pas bien différent du côté du maillot cyclamen sur le Giro 2022, Arnaud Démare, heureux de profiter de l’occasion pour renouer avec son public, malgré un planning serré : « Cela faisait deux ans qu’il n’avait pas eu lieu, cela fait du bien, avec une belle météo, c’est un moment festif. Je n’ai pas énormément de courses en France, en plus c’est local, on voit l’école de cyclisme, j’ai fait 40 photos, ça fait plaisir de faire plaisir. Il y a beaucoup d’échéances, ce n’est pas évident de les placer dans le programme, je pars demain (aujourd’hui, ndlr) au GP de Plouay, c’est parce que je ne suis pas loin de la maison que ça peut le faire » ajoute l’Isarien.
Pour Adrien Petit, si « c’est difficile de les caler dans le planning » avec « 80 jours de course cette année », l’obligeant à « limiter mes critériums aux deux proches de la maison », c’était tout de même important de pouvoir participer à quelques uns car « ça fait du bien de revenir auprès du public après les années covid. C’est bien d’être proche des spectateurs, sans pression. »
Autres arguments, enfin, avancés par l’aîné des frères Barbier : d’une part le fait, insiste-t-il qu’« on est Picards, on veut des courses en Picardie, il faut faire l’effort d’être présents. » Enfin, le format de la course qui permet de rouler avec un peloton d’une autre nature qu’à l’accoutumée : « C’est le moment un peu plus cool dans une saison, c’est toujours sympa, en plus, d’être mélangé aux amateurs. »
Démare à la photo finish
La course, justement, c’était d’abord un coup d’envoi donné, aux côtés de Kevin de Witasse Thézy, par Philippe Hinschberger. L’entraîneur de l’Amiens SC, à la veille du déplacement en Ligue 2 au Havre, a tout de même répondu favorablement à la sollicitation de Lionel Herbet, journaliste sportif amiénois historique et dans le staff communication de l’ASC : « J’adore tous les sports, j’aime le vélo, souligne le coach des footballeurs amiénois. ça permet de voir l’ambiance d’un critérium cycliste, c’est très sympa. C’est différent, des choses qu’on ne connaît pas, c’est très enrichissant. » Ensuite, c’était une boucle courte, mais « mine de rien, ça fait un peu mal avec les virages », selon Adrien Petit. Et une curiosité quand le speaker demande à un cycliste pas engagé sur la course de se retirer du peloton, pour des raisons de sécurité.
Enfin, à moins de 4 tours de l’arrivée, c’est un groupe de 5 qui se détache pour jouer la victoire. Ni Petit, ni Konovalovas ne réussissent à s’en extraire, eux qui finissent respectivement 5ème et 3ème, pas plus que l’amateur Kevin Avoine ne parvient à créer la surprise au milieu des pros et se contente d’une 4ème place. Ce sont donc finalement les deux équipiers des championnats d’Europe à Munich, en équipe de France, Rudy Barbier et le vice-champion d’Europe Arnaud Démare, qui se disputent la victoire au sprint, avec l’avantage, validé après quelques secondes de vérification tout de même, pour ce dernier.
Morgan Chaumier
Crédit photo : Kevin Devigne – Gazette Sports