L’Amiens UC accueillait ce week-end les championnats de France d’épreuves combinées. Sans les principales vedettes de ces disciplines, cela n’a pas empêché l’événement d’être une réussite.
Quelque soit le niveau, accueillir une centaine d’athlètes sur une compétition nationale n’est jamais négligeable. « C’est important pour l’image du club, de montrer que l’AUC est un club organisateur » estime ainsi Bruno Dilly, le président de l’Amiens UC. Surtout, une semaine après Courir la Jules Verne, « on revenait à de l’athlétisme plus traditionnel », preuve de l’adaptabilité du club à tous les formats. En l’occurrence, celui des épreuves combinées n’a pas été sans apporter son lot de spécificités : « Il faut des installations adéquates car il faut dédoubler les sautoirs. Il faut être capables d’enchaîner les épreuves avec beaucoup de rapidité. »
Mais malgré les exigences, tout s’est bien déroulé, se félicite le président amiénois : « Ça se passe très bien, la météo est avec nous, on a aussi un beau stade capable de recevoir une manifestation de cette envergure. » Un point de vue appuyé par Louise Maraval, championne de France espoirs : « C’était très bien, bien organisé, un très bon week-end, c’était une bonne piste. » Bien aidé, aussi, par l’atmosphère chaleureuse entre combinards : « C’est une grande famille donc l’ambiance est vraiment excellente. On le voit avec les athlètes qui, quand ils ont terminé leurs épreuves font un tour d’honneur, des photos ensemble. » Seul petit point noir, finalement, l’absence de têtes d’affiche, à l’image d’un Kevin Mayer, au repos depuis deux semaines et n’ayant toujours pas fini un décathlon cette saison. Quant aux autres, « les championnats de France Élite ont accueilli les meilleurs spécialistes espoirs et seniors, explique Bruno Dilly. Donc là, il y avait surtout un enjeu sur les jeunes catégories. »
Pas besoin des meilleurs pour faire le spectacle
Ce qui n’a empêché ni le spectacle, ni la performance. Chez les seniors et espoirs, ce sont avant tout ces derniers qui se sont illustrés. Sur le décathlon, Clément Balan (EA Cergy-Pontoise Athlétisme) a devancé son partenaire de club Nicolas Huys en réalisant son record personnel, 7301 pts, soit la 6ème performance française de l’année. Quant à l’heptathlon, il a vu s’illustrer Louise Maraval (Entente Sèvre) qui a devancé celles qui étaient, à leur arrivée à Amiens, les 2ème et 3ème meilleures espoirs de la saison, Noémie Desailly (Athlé 78) et Maylis Darriet (CA Balma). De quoi ravir la lauréate : « Je suis très contente parce que je me suis fait mal il y a trois semaines, je n’avais pas fait de total encore cet été. Je fais mon meilleur total. Il y a forcément des épreuves où je suis un peu déçue mais dans l’ensemble, avec le peu d’entraînement que j’ai eu dernièrement, c’est vraiment cool, c’est chouette d’avoir le titre. »
Sur la même épreuve était alignée Margaux Gourlay, seule représentante de l’Amiens UC. Arrivée avec la 7ème performance des engagées, sans compter la futur gagnante, qui n’avait alors aucune marque, c’est aussi sa place finale. Et le 10ème total sur 28 athlètes, seniors et espoirs confondues. De quoi tirer un « bilan du week-end plutôt positif. Je fais mon record sur l’heptathlon, au 800 et sur les haies, je retrouve des sensations sur la hauteur. Le point négatif, ce sont les lancers, j’y ai perdu un peu de points alors qu’habituellement, c’est là où j’arrive à en prendre. » Pas suffisant pour néanmoins pour lui ôter le sourire. D’autant que, si le fait d’être à domicile n’a pas pesé sur la performance – « ça n’a rien changé, ce qui compte, c’est la concurrence » – le contexte était agréable : « Mes parents ont pu venir me voir, mes proches, mes amis, c’est sympa. Même le club, il y a beaucoup de monde qui m’a soutenu. »
Des qualifications pour les Monde Juniors
Quant à la compétition où il y avait de l’enjeu, cela n’a pas manqué d’aller haut. Si elle parvenait à réussir les minima World Athletics, fixés à 5300 points, Luna Goureau (Tarbes Pyrénées Athlétisme), 5327 pts, échouait à atteindre les 5400 points demandés par la Fédération Française d’Athlétisme. C’était toutefois bien la joie qui prédominait au terme d’un 800 m au-delà de ses espérances : « Je suis vraiment étonnée, d’habitude, je suis complètement stressée, là, je suis bien partie, c’est mon plus beau 800 m, c’est mon record. Je partais de toute façon la tête haute, les qualifications pour les Monde, ce sera pour l’année prochaine, je suis très fière d’être championne de France. »
En revanche, il y en a deux pour qui il n’y a pas besoin d’attendre. En effet, Sacha Rifflart (AC Cannes) et Antoine Ferranti (AC Pays d’Agde) dominaient la compétition dans des sphères qui leur étaient alors inconnues, réalisant chacun leur record personnel. Et avec respectivement 7571 et 7528 points, ils rejoignaient Pierre Blaecke (EA Grenoble 38), auteur d’une bulle dès la longueur, dans les rangs des qualifiés pour les Mondiaux U20 à Cali.
Enfin, en cadets et cadettes, notons la victoire d’Aymeric Fondo (ES Lyon), 6977 pts, sur Maël Gourmelin-Robin (AC Avranches) à la faveur d’un 1500 m plus rapide. Et celle, plus nette, de la Réunionnaise Maeva Bastien (US Pointe-des-Galets) avec 5050 pts.
Un événement sans lendemain ?
Un succès sur toute la ligne qui pourrait donner des idées au club ? Bruno Dilly, s’il serait partant pour rempiler, est bien conscient que ce championnat est voué à tourner entre plusieurs villes. Quant à viser plus haut, c’est malheureusement difficilement envisageable : « Organiser un championnat de France Élite, ça suppose d’organiser la totalité des épreuves, ce qu’on n’est pas capable de faire. Il faudrait plus de tribunes, beaucoup plus de terrains d’échauffement, c’est une autre dimension. »
Même sur le plan humain, il faut être capable de se fixer des limites et voir la suite de façon, surtout, à renforcer ce qui existe déjà. « On a organisé beaucoup de choses cette année, les bénévoles sont un peu sur les rotules. L’année prochaine, on va remettre le paquet, je pense, sur la Jules Verne, on a eu peu de temps pour l’organiser, on va essayer de lui donner plus d’ampleur. Et continuer à travailler sur les meetings d’hiver et d’été », conclut ainsi le président amiénois.
Morgan Chaumier
Crédit photo : Kevin Devigne – Gazette Sports