Coach du RCA Rugby, Martin Saleille s’exprime, avec une vive émotion, sur l’ultime victoire et l’accession de son équipe en Fédérale 2.
L’objectif est rempli et le scénario rend les choses encore plus belles ?
C’est incroyable ! Être 7 points derrière, ce n’était pas la meilleure des positions (ndlr : après le barrage aller à domicile) mais il y avait 80 minutes pour rattraper cela, rien n’était impossible. On leur a demandé de ne rien lâcher jusqu’à la dernière minute pour ne surtout pas avoir de regrets. Je ne sais pas quoi dire, le scénario est fou… C’est un scénario que tu ne vois presque jamais, c’est un truc que tu imagines mais qui ne se réalise presque jamais. Ça ne se passe pas comme ça normalement… En plus, tu gagnes sur un contre et un essai de Gentien, enfant du club et une transformation de Bamière, lui aussi enfant du club, c’est encore plus beau et ça montre aussi l’image du club. Je n’ai pas trop les mots pour expliquer ce qu’il s’est passé.
Vous prenez un essai à 5 minutes de la fin, vous auriez pu vous écrouler mais finalement pas du tout ?
Oui, on prend cet essai dans une période où l’on domine en plus, mais on a su faire preuve de force de caractère. Ils ne voulaient pas lâcher et il n’y avait plus rien derrière, donc c’était le moment de tout donner sans se poser de questions. On pouvait presque mourir sur le terrain, même si ce n’est pas la guerre mais que ça reste un jeu. Là, les joueurs sont vidés, il n’y a plus rien dans le moteur. Ils ont été vraiment héroïques !
Contrairement à la semaine dernière, c’est vous qui avez bloqué Maisons-Laffitte en défense ?
On a très bien défendu et l’analyse vidéo de la semaine dernière nous a servi. Ils vont très vite et on n’avait pas bien défendu, on a alors essayé de trouver une parade. Cette semaine, on a très bien travaillé et les joueurs ont compris ce que l’on voulait faire. On prend quand même deux essais, mais grâce à notre défense, ils n’ont pas su mettre leur jeu en place. On a fait le match qu’il fallait défensivement même si l’on se trompe une fois ou deux, mais c’est normal. Les matchs de phase finale se jouent à rien et ça a vraiment été le cas aujourd’hui.
En première mi-temps, on vous a senti encore un peu pris par l’enjeu mais en seconde période vous avez su lâcher les chevaux et leur faire mal ?
Ils étaient bien en place en première période et on savait que bien en place comme ça, ce serait difficile de trouver les espaces. On a insisté sur le fait de ne pas se précipiter ni de paniquer. On a eu du mal à trouver les bonnes zones et on a fait des fautes de main, mais après en seconde période, physiquement on a pris le dessus et on a eu plus d’espaces. On a aussi pris le dessus mentalement. J’ai eu un peu peur après le premier essai au retour des vestiaires car pour moi le premier essai était déterminant. Mais dans la foulée, on fait des changements et tout de suite ça apporte de la fraîcheur, de l’énergie et de la fougue et on avance de suite. On voulait une équipe forte dès le début et un banc qui puisse faire mal. Tout le monde s’est donné à fond quel que soit son temps de jeu. Clément Meunier a été le dernier à rentrer et il a tout de suite apporté, Timothé Gentien, qui rentre juste avant, marque le dernier essai. Les autres qui sont rentrés ont tout de suite mis de l’impact et de l’intensité. Xavier Sueur a distribué différemment que Lazare Derquenne, ce qui les a aussi perturbé. Les 22 sur le terrain et même tous ceux à côté ont fait ce qu’il fallait pour nous aider et s’imposer. Ce n’est pas la victoire de l’équipe A mais c’est la victoire du groupe seniors, du club et de la ville d’Amiens.
Le président a une ambition qui, parfois, me dépasse…
Pourtant le match n’avait pas forcément bien démarré avec la sortie sur blessure de Ryan O’Neill ?
Oui, c’est un coup dur d’entrée car Ryan est un joueur important et j’espère que ce n’est pas trop grave pour lui. Après, les entrants on répondu présent et aujourd’hui les mecs se sont dépouillés. On a Tapiwa Tsomondo qui a tout fait pour revenir et qui joue avec une cheville en délicatesse, mais ce n’est pas le seul. Durant les phases finales, plusieurs ont joué avec des douleurs et ont su se faire mal. C’est aussi ça la mentalité de cette équipe : ne rien lâcher jusqu’au bout. J’ai juste envie de leur dire merci car la saison est incroyable ! On a fait 26 week-ends de rugby ensemble sur 10 mois, ce sont des sacrifices à chaque fois pour tout le monde. On est mi-juin, les mecs sont cuits, ils veulent faire des barbecues avec les potes. Je vous annonce là que ça va être la semaine du grand n’importe quoi, on va davantage se voir, limite plus qu’en période d’entraînement !
En début de saison, l’objectif, c’était le top 4, il a rapidement évolué et aujourd’hui, vous êtes en Fédérale 2. Est-ce que vous réalisez ?
Non pas encore je pense… Quand on a discuté avec le président en début de saison, il voulait le top 4 pour voir ce que c’est les phases finales, mais avec dans un coin de sa tête, la Fédérale 2 car l’équipe était bâtie pour. Il a fait des trucs incroyables sur le recrutement que je ne sais pas faire. Il a une ambition qui, parfois, me dépasse, dans le bon sens du terme. Je me dis : on peut y aller mais il faudrait y aller doucement alors que lui ne se pose pas trop de questions. Il calcule beaucoup, mais il y a aussi de la fougue. Il a une énorme ambition et il est en train de la transmettre aux joueurs et à tout le monde. Une fois en phase finale, on s’est pris au jeu car t’es obligé. Les gens nous critiquent parfois sur ce que l’on fait et sur nos étrangers mais aujourd’hui, l’essai de la gagne et la transformation, ce sont deux enfants du club. On est finalement là où l’on voulait être en début de saison, on a annoncé des objectifs, certains nous ont vu prétentieux mais on a assumé.
L’interview est interrompue par le capitaine Wolfgang Schlachter qui tient à adresser quelques mots pour le staff…
On est très fier et très heureux d’avoir eu un staff aussi compétent à notre disposition et on veut leur dire vraiment merci. Cette victoire est aussi la leur et celle de tous les dirigeants.
Aurélien Finet
Crédit photo : Kevin Devigne – Gazette Sports