Un match de football, il y a ce que l’on voit depuis la tribune. Et puis, il y a tout ce qu’on ne voit pas : préparation, motivation, ressenti. Focus sur le 7ème tour remporté par le RC Salouël, vu de l’intérieur.
Un événement comme un 7ème tour, pour un club de D2, c’est bien sûr un moment historique sportivement, mais c’est aussi tout un chambardement dans la vie quotidienne d’un club. Notamment lorsque ça implique un déplacement. Alexis Derobert, le latéral gauche salouasien, tenait à le souligner au sortir de la rencontre en mettant en avant « la générosité des clubs autour de nous ».
On a été très bien accueillis et je souhaite bon courage à Hamel pour le championnat.
Antonio Dos Santos
Le presque passeur décisif égrenait alors, comme un remerciement, « l’Amiens SC qui nous prête une navette, le club de Conty qui nous prête une navette, le cyclisme de Salouël qui nous prête une navette, ce matin (dimanche, ndlr), on a été déjeuné chez Cerise, le hockey-sur-gazon de la ville de Douai nous a accueillis dans ses locaux pour qu’on puisse manger au chaud, ici. On est arrivé, les installations sont tops, les mecs en face étaient vraiment tops. » Des adversaires dont il tenait, au passage, à « saluer » le « beau parcours ». Et au sujet desquels le président Antonio Dos Santos ajoutait : « On a été très bien accueillis et je souhaite bon courage à Hamel pour le championnat. »
Antoine Mucke avait tout prévu
Mais, évidemment, un match comme celui-là ne s’aborde pas que d’un point de vue logistique. Et c’est peu dire que le RC Salouël avait préparé son coup pour être prêt à aller chercher la victoire sur le terrain. Antoine Mucke nous expliquait ainsi après le coup de sifflet final comment il avait (bien) envisagé ce match : « L’objectif était d’être solide et de piquer sur nos opportunités en transition. Ils ne prennent pas beaucoup de buts, du moins en coupe de France, donc on savait qu’il fallait être tueur sur chaque occasions. C’était la manière de se rendre le match plus facile parce que derrière ils allaient être obligés de sortir et c’est exactement ce qui s’est passé. » Un coach dont Alexis Derobert tenait d’ailleurs tout particulièrement à saluer le travail, exemple précis à l’appui : « On a travaillé des combinaisons dans la semaine, et ça marche notamment sur le deuxième but. Je pense que c’est aussi une récompense pour le coach. »
Quant au match contre l’Olympique Amiénois, que l’on aurait pu voir comme une épine dans le pied des Salouasiens pour préparer sereinement cette rencontre, surtout au regard du résultat négatif, il a plutôt servi de piqûre de rappel. Ainsi Alexis Derobert estime que puisqu’« on s’est fait surprendre jeudi par notre entame de match contre l’Olympique Amiénois, on savait qu’il fallait qu’on montre autre chose dans les 15 premières minutes. On s’est dit dans le vestiaire avant le match qu’il fallait être beaucoup plus costauds dans le premier quart d’heure, on l’a fait. On s’est rendu la tâche beaucoup plus facile. »
Un mental inébranlable
Mais toute la préparation d’un match ne tient pas si le mental se fissure quand vient l’heure de la rencontre. Si les hommes d’Antoine Mucke avaient déjà montré à plusieurs reprises que ce n’est généralement pas un problème pour eux, le contexte de la rencontre a aidé à poursuivre dans cet état d’esprit. Alexis Derobert confirme, « celui qui n’avait pas de motivation ce matin, quand il voit ça… » désignant alors la tribune visiteuse remplie et bouillonnante. « On les a entendus arriver, on était à l’échauffement, ils sont magnifiques. »
C’était difficile à vivre en fin de match […], il y avait alors beaucoup d’émotion.
Antoine Mucke
Reste à gérer l’émotion et la pression durant l’ensemble de la rencontre. Si le déroulé du match a longtemps permis une forme de sérénité, Antoine Mucke le reconnaît, « c’était difficile à vivre en fin de match après l’expulsion de Corentin (ndlr : Hutin), il y avait alors beaucoup d’émotion. » Un stress que ses joueurs ont pourtant su gérer pour conserver l’avantage.
« Que du kif »
Et exulter dès le coup de sifflet final. Car, alors que l’analyse de la rencontre, après de longs moments de communion avec les supporters présents, se voulait courte (« Je pense que c’est mérité, qu’on a été un peu plus costaud, un peu plus réalistes aussi. »), l’émotion, elle ne s’en allait pas comme ça. Si, pour Alexandre Matos, « il n’y a plus de mots », c’est « magique » qui sort de la bouche d’Alexis Derobert. Et alors même que « plus les matchs passent, plus on commence à prendre conscience » de ce qui est en train de se passer, il reconnaît que « Si au mois d’août, au premier tour, on nous avait dit qu’on allait avoir tout ce monde dans les tribunes, je n’y aurais jamais cru. Maintenant, ils sont là et ce n’est que du kif (sic). »
Et tout cela recommence pour (au moins) deux semaines. Avec pour certitude que « la fête sera encore plus belle parce qu’on sera à la maison. » Et du travail toujours, pour arriver dans les meilleures dispositions, facilité par le fait qu’« on connaît déjà notre adversaire, on va pouvoir préparer ce match encore mieux. On sera là, on finira peut-être avec des crampes parce que ça jouera peut-être un peu plus vite, mais on sera prêts. » Pour un nouvel exploit ?
Morgan Chaumier avec Quentin Ducrocq
Crédit photo : Audrey Louette – Gazettesports