Au terme d’une rencontre où les occasions ont été rares, les acteurs de la rencontre cherchaient ailleurs pour trouver des motifs de satisfaction.
Au moment de décrire le déroulé de la rencontre, les deux coachs sont plutôt d’accord avec un premier acte où l’Amiens SC a « joué dans le camp de l’adversaire, on n’a rien concédé », ce que Stéphane Moulin concède et explique par le fait que « les mauvais résultats nous crispent, on était concentrés sur le fait de ne pas faire d’erreurs » et au moins se réjouit-il que cette mission ait été accompli. Puis, le technicien normand a vu son équipe élever son niveau : « Notre deuxième mi-temps a été beaucoup plus enlevée, bien meilleure sur le plan technique. » Ce qu’a aussi noté Philippe Hinschberger : « Notre deuxième mi-temps est moins bonne. En deuxième mi-temps, on est moins bien entré, on a laissé l’adversaire se mettre plus en situation. » D’où des changements rapides. Mais pour Mickaël Alphonse, malgré tout, « on a peut-être manqué d’un peu de fraîcheur pour emballer le match sur la fin même si l’entrée de Tolu a été pas mal. »
Un constat relativement proche sur l’évolution de la physionomie de la rencontre qui, nécessairement, amène également à une conclusion commune. Reconnaissant que « l’on pas été supérieurs à notre adversaire du soir, oui, c’est vrai », Stéphane Moulin estime que « c’est un match équilibré qui se termine par un score logique. » Même son de cloche, donc, du côté de l’entraîneur picard : « Quand on regarde le nombre d’occasions de chaque côté, un 0-0 semble logique. » Ou de Mickaël Alphonse : « C’est un nul plus ou moins logique. Frustrant, c’est un peu dur à dire parce qu’on n’a pas survolé ce match. »
La solidité prime sur le spectacle
Un match duquel on se contente donc surtout de ce qu’« on a réussi à ne pas prendre de buts », comme le fait Stéphane Moulin, le coach caennais. Si ce dernier insiste sur la solidité de son équipe qui « a globalement bien défendu », c’est aussi le cas de son homologue qui souligne que « c’était un match compliqué avec pas beaucoup d’espaces. » Mais si Caen s’est montré solide derrière, l’Amiens SC n’a pas été en reste comme le concède Philippe Hinschberger : « On a toujours essayé de bien faire, on s’est cassé les dents sur cette équipe de Caen bien organisée, un peu comme eux qui se sont cassés les dents sur nous. » Ce qui a donné un match où lui même reconnaît qu’il y a eu « peu d’occasions » et « cadenassé ». « Les 3 défenseurs de chaque équipe ont pris le dessus sur les attaquants » résume finalement le technicien amiénois.
Les 3 défenseurs de chaque équipe ont pris le dessus sur les attaquants
Philippe Hinschberger
En effet, du côté des occasions, avec 10 frappes dont 4 cadrées, (stat de la LFP qui plus est généreuse, 2 d’entre elles ne ressemblant en réalité pas tellement à des tirs), et ce en additionnant les deux équipes, on ne peut pas dire que l’on ait été gâté. À l’exception de 10 minutes un peu agitées peu après le retour des vestiaires, il ne s’est en réalité pas passé grand chose dans cette rencontre. Ce qui s’explique par « trop de déchets » côté normand et peu ou prou la même chose côté picard : « Il nous a manqué un peu de maîtrise technique, de justesse dans les 30 derniers mètres. Quand on a peu d’occasions, si on plus on ne joue pas juste… »
L’ASC ne marque pas, Philippe Hinschberger reste ambitieux
Des difficultés, récurrentes récemment, avec 4 matchs sans marquer lors des 5 dernières sorties, qui ne traduisent pas, en revanche, un manque d’envie ou d’ambition dans le jeu chez Philippe Hinschberger, pour qui, notamment, le système à 3 défenseurs axiaux utilisé actuellement n’a pas vocation à être défensif mais à attaquer différemment : « Mon objectif de jouer à 3 derrière, c’était pour les deux attaquants, ce n’était pas pour solidifier notre axe défensif, même si c’est plutôt bien derrière. Mais ça ne nous empêche pas d’attaquer, on ne peut pas dire qu’on joue avec une équipe défensive. On a les 3 défenseurs centraux, un peu Manu Lomotey en sécurité, le reste est chargé de jouer vers l’avant. On essaye, on fait ce qu’on peut. »
Ces difficultés offensives montrent ainsi selon lui avant tout les « limites » de son groupe : « On joue avec nos moyens, quand on peut enflammer on enflamme, mais parfois nos actions sont mortes d’entrée. Bien sûr, j’aimerai beaucoup plus de folie, beaucoup plus d’allant. Je suis un peu frustré. » Pour autant, le coach amiénois met ce match, manqué d’un point de vue offensif, à part et continue de considérer que le match de Valenciennes a servi à lever un blocage dans son groupe : « Ce n’est pas si flagrant, parce que le match d’aujourd’hui est compliqué. Les mecs de Caen, ils ne sont pas venus cueillir du muguet ! Il faut les battre les adversaires, c’est compliqué. Mais le match de Bastia, on a deux occasions nettes, si tu as l’efficacité, tu prends trois points. L’objectif, c’est de se créer des occasions, ce soir ça n’a pas été le cas, contre Bastia ça a été le cas, on a les meilleures occasions. Est-ce qu’on a fait un mauvais match à Bastia ? Non ! »
En revanche, c’est bien d’un « 0-0 peu glorieux » que l’Amiens SC ressort ce samedi, dixit Philippe Hinschberger lui-même. Et c’est, pis encore, de nouveau en position de relégable. Alors, finalement, et si la pointe d’optimisme dont les Amiénois ont besoin ne venait-elle pas de Stéphane Moulin, rappelant que dans ce championnat de L2 disputé et difficile « chaque point compte » et que, dans la situation compliquée actuelle, « il faut savoir se satisfaire de ça… pour l’instant » ?
Amiens SC – SM Caen : 0-0 (0-0)
Amiens SC : Gurtner – Alphonse, Mendy, Fofana, Pavlovic (carton jaune 82′), Xantippe (Akolo 72′) – Lomotey (Gnahoré 72′), Benet (Lachuer 90’+1), Lusamba (carton jaune 45′, Diakhaby 72′) – Bamba, Badji (Arokodare 67′)
SM Caen : Riou – Fouda, Rivierez (carton jaune 29′), Cissé, Traoré, Abdi (carton jaune 81′) – Deminguet, Lepenant (Oniangué 84′, carton jaune 90’+4) – Chahiri – Da Costa (carton jaune 65′, Zady Sery 90’+3), Mendy
Morgan Chaumier
Crédit photo : Léandre Leber – Gazettesports