Le navigateur amiénois Victor Eonnet a dû accoster vendredi au nord de l’Espagne, comme la quasi-totalité des concurrents de la Mini Transat. Par précaution face à un gros coup de vent. Il a repris la mer ce dimanche matin.
Quand Victor Eonnet (Fondation Arthritis – Amiens Naturellement) avait largué les amarres lundi dernier des Sables-d’Olonne, il pensait ne plus revoir la terre ferme avant une bonne huitaine de jours, aux Canaries (Santa Cruz de la Palma), terme de la 1ère étape de la Mini Transat en solitaire. Mais les conditions météo au nord-ouest de l’Espagne, avec des rafales attendues autour de 50 noeuds (plus de 90 km/h) et surtout des vagues de 4 à 5 mètres, éminemment dangereuses pour des bateaux de 6,50 m, à peine plus longs que certains monospaces, ont amené la direction de course, vendredi midi, à conseiller de trouver un port où s’abriter.
Escale sur la Côte de la…Mort
« A ce moment-là, Victor se disait qu’il allait peut-être pouvoir franchir à temps le Cap Finisterre et échapper à ce coup de vent. Mais comme il était épuisé, il n’a finalement pas hésité à s’arrêter » explique son épouse Chloé, qui a pu le joindre au téléphone. Et comme à chaque chose malheur est bon, depuis vendredi soir le skipper samarien a donc trouvé le confort d’une chambre d’hôtel ! C’est à Camarinas, village portuaire situé sur la peu engageante Côte de la Mort, en Galice, près de La Corogne, que plusieurs « ministes » comme lui ont choisi de jeter l’ancre « vendredi à 19:10 en ce qui le concerne » précise Chloé Eonnet.
Blessé à un pouce
Une pause rageante car l’ingénieur de chez Clarins était « content de son classement : 3ème des Pogo 2, 6 ou 7ème des pointus. Une place dans le Top 10 des pointus serait d’ailleurs idéale à l’arrivée en Guadeloupe » indique-t-elle. Et Victor Eonnet était également solidement installé au coeur du peloton, oscillant entre les 36ème et 46ème places de la catégorie Série. Mais cet arrêt alors qu’il était bord à bord avec Tanguy Aulanier (La Chaîne de l’Espoir) lui permet aussi de soigner son pouce gauche : « en manoeuvrant, il s’est retourné l’ongle et ça a beaucoup saigné, raconte son épouse. La voile était en plus dans l’eau ! Heureusement, il l’a récupérée et il s’est fait un pansement. »
Un burger frites et ça repart !
Victor Eonnet a eu un petit regret après avoir amarré son voilier : « en retrouvant une connexion Internet, il a calculé qu’il aurait sans doute pu franchir le Cap Finisterre. Et il a vu aussi que sa camarade du Pôle Mini de la Turballe, Anne-Gaël Gourdin (Cassini) avait continué, avant de s’arrêter un peu plus loin… » Reste que le Samarien a profité aussi de ces 36 heures sur la terre ferme pour se retaper l’estomac : « il n’avait quasiment pas mangé depuis le départ, beaucoup vomi. Alors vendredi soir, c’était burger – frites – bière ! Il a bien mangé aussi samedi donc il a repris des forces. »
Sur les 90 participants, ils ne sont de toute façon que sept, dont les quatre premiers à la barre de prototypes, à avoir poursuivi leur route, à vive allure, vers l’arrivée de la 1ère étape. Ils devraient l’atteindre à partir de ce lundi matin. Et c’est d’ailleurs justement sa vitesse qui a permis au quatuor de tête de « dégolfer », de sortir du golfe de Gascogne et de franchir le cap Finisterre, pointe Ouest des côtes espagnoles, avant le gros temps de ce week-end.
Le reste de la flotte a donc rongé son frein avec cette escale forcée en Galice, exceptés deux petits malins qui ont choisi de braver les éléments et de tenter de tirer profit de leurs positions déjà bien avancées : l’Allemand Melwin Fink (SignForCom), l’un des benjamins de la Mini Transat avec ses 19 ans, sur un prototype. Et à un degré moindre l’Ecossais Piers Copham (Voiles des Anges), à la barre d’un voilier de la catégorie Série, comme Victor Eonnet. Reste enfin aussi en mer l’un des doyens de la course, Georges Kick, 67 ans, attardé et donc a priori à l’abri de ce méchant coup de vent.
Le quatuor de tête continue, le vent en poupe…
Dans l’ordre au pointage de ce dimanche à 6h, on retrouvait le Finistérien Tanguy Bouroullec (Tollec MP) juste devant le Nordiste Pierre Le Roy (TeamWork). Puis le Franco-Italien Fabio Muzzolini (Tartine sans Beurre) suivi de près par l’une des 14 femmes engagées, la Russe Irina Gracheva (Path). Actuellement au large de Madère, les quatre « protos » ont trouvé les alizés portugais et se préparent au sprint final pour la victoire d’étape…
Après le réconfort, l’effort !
Après cette escale imprévue, Victor Eonnet commençait à trouver le temps long : « il se tenait prêt à repartir depuis 8h ce matin, en fonction de la mer et du vent. Et il est reparti à 9h, nous informe Chloé Eonnet. Du vent au portant est annoncé, donc dans le dos et la météo devrait être franchement favorable à partir de lundi ou mardi » indique-t-elle.
De quoi regonfler à bloc son skipper de mari, surtout que la mi-étape n’est pas encore atteinte pour l’Amiénois comme pour le gros de la flotte : Camarinas se situe à 960 milles de Santa Cruz de La Palma. Boucler la 1ère étape en fin de semaine prochaine semble désormais réaliste pour Victor Eonnet. « Le classement devient forcément secondaire » pour le skipper samarien qui espère surtout « prendre plus de plaisir » que lors de ses quatre premiers jours de mer. En ligne de mire aussi, les trois semaines de répit aux Canaries. Avant le départ de la 2ème étape, vers la Guadeloupe. Il sera alors temps de s’attaquer vraiment à la traversée de l’Atlantique.
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Vincent Delorme. Crédit photos : Gazettesports Léandre Leber et Elie Leber