ATHLÉTISME – Thomas Jordier : « On n’est pas récompensés comme on le devrait »

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Ⓒ Thomas Jordier (au fond, assis) lors d’une rencontre au CDOS vendredi dernier
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On ne peut pas dire que Thomas Jordier ait vécu une bonne semaine. Après sa disqualification aux championnats de France, le coureur de 400m de l’Amiens UC a appris qu’il ne serait pas sélectionné en individuel pour les Jeux Olympiques, malgré une place au ranking mondial qui lui aurait permis d’y postuler et un record personnel réalisé cette saison qui lui aurait permis d’entrer en demi-finale en 2016 à Rio… Entretien

Bonjour, comment vous sentez-vous après ces championnats de France marqués par la disqualification en finale ?

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Il y a beaucoup d’amertume après cette décision. On est déçu, forcément, parce que c’est un championnat qu’on a préparé avec beaucoup d’envie, avec l’envie du titre, et seulement du titre. Que je mérite, parce qu’on voit sur les vidéos que je ne mords pas. La seule erreur qui a été faite, ce sont les juges qui se sont trompés de personne avec un maillot rouge… C’est ça qui est dommage. Mis à part ça, cela reste une belle saison quand même, mais on reste déçus après la décision.

Après ça, est venue la sélection olympique, où vous n’avez pas été pris en individuel…

C’est ça. C’est surtout ça qui est un peu frustrant. On fait une grosse saison et déjà qu’on a pas le titre, on a pas la qualification en individuel…

Cela se joue à cette absence de titre ?

Peut-être, la Fédération a mis mon nom dans les petits papiers pour un possible repêchage. Mais le CNOSF en a décidé autrement. On prend acte de la décision, le choix a été fait donc on fait le relais, il n’y a pas de soucis.

Le relais, ça reste un bel objectif ?

C’est vrai. Mais ce que je voulais, c’était l’individuel et je reste cantonné à ce rôle de relayeur. Il faudrait sortir de cela et pour ça, il faut faire une sélection individuelle, aux Jeux ou aux championnats du Monde. C’était un peu le Graal. Je le fais avec le relais, mais en individuel, c’est beaucoup mieux….

On imagine que c’est d’autant plus frustrant que vos performances vous rendaient éligible à la qualification via le ranking mondial ?

C’est ça, il y avait un ranking. L’Europe a fait le choix d’un ranking à 40, la France a décidé de prendre un ranking à 24, donc la barre au-dessus. Ce qui était tout de même possible parce que, qu’il s’agisse d’Orlann Ombissa, Mahamadou Fall ou moi, on en était pas loin. Ça fait suer parce que ça se joue à quelques places et qu’on a fait plaisir à la Fédération en faisant les championnats d’Europe par équipe et les championnats du monde de relais. On a un peu bridé notre saison par rapport au relais et au final, on n’est pas récompensés comme on le devrait. On sait que le sport de haut niveau ne se joue pas au mérite…

Désormais, l’idée, ça va être de changer votre image de coureur d’équipe de France pour vous affirmer comme une chance en individuel ?

C’est exactement ça. Là, il n’y a qu’Amandine Brossier en 400m qui est présente en individuel sur les 100m, 200m et 400m (il y a en réalité également Jimmy Vicaut sur 100m et Gémina Joseph sur 200m, ndlr). Il y a une nouvelle génération qui pousse derrière. Je pense que l’année prochaine, ce sera très fort à Eugene aux championnats du monde, mais tous ceux qui ont ratés les individuels pour Tokyo, on n’a pas envie de ne pas y aller. Le prochain objectif, c’est ça. Les relais sont déjà qualifiés, donc de ce côté, on n’a pas de soucis à se faire. Là, on va travailler individuellement pour faire au mieux possible.

On a vu un pic des performances sur 400m lors des championnats de France, ça donne de la motivation pour le relais à Tokyo ?

Par rapport à 2016, où l’on était un peu en-dedans, en deçà de nos records personnels, là il y a une belle densité qui se crée, il y a un nouveau relais qui se fait. On a vu le nouveau champion de France, Gilles Biron, qui fait moins de 46″, Mohamed Kounta a frôlé les 46″. En 2014, ils n’étaient que deux à avoir fait moins de 46″ et moi qui avait fait 46″00, et on réussit à faire 2’59 », ça laisse espérer de belles choses. Après, on a pas les mêmes profils qu’à l’époque. Mais on va faire en sorte de faire quelque chose de beau. On va avoir 10 jours chacun de notre côté et ensuite on va travailler ensemble pour avoir une belle cohésion et s’éclater ensemble.

Comment vous les imaginez, ces JO ?

A Rio, l’objectif n’a pas été atteint puisqu’il n’y a eu aucun relais en finale. Cette année, l’objectif, c’est d’aller en finale. Et en finale, tout peut se passer, le témoin peut tomber pour tout le monde.

Et au niveau de l’ambiance, ça ne va pas être la même chose qu’à Rio, c’est un bien ou un mal ?

Ça peut brider et rebuter plusieurs personnes, mais on est habitués, maintenant. Ça fait désormais un an et demi qu’on est dans ce mode de fonctionnement. Et puis, on y va pour les Jeux, pas pour s’amuser ou faire la bringue (sic). Ça reste l’objectif de la saison, donc tout le monde va se concentrer. Quand l’épreuve sera terminée, on pourra s’amuser, même si c’est vrai que les restrictions seront très importantes. On va là-bas en sachant qu’on sera très surveillés et très testés. On le sait et on va s’accrocher.


Morgan Chaumier

Crédit photo : DR