VOILE : Victor Eonnet garde le bon cap avant la Mini Transat

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L’Amiénois Victor Eonnet est rentré satisfait de la Pornichet Select, sa première régate de l’année. Il a hissé son petit voilier Fondation Arthritis à la 11ème place de sa catégorie et atteint ses objectifs, à un peu plus de quatre mois du départ de la Mini Transat.

« Sans deux erreurs stratégiques, j’aurais mis deux heures de moins, facile… » Victor Eonnet affiche à la fois le sourire du skipper qui a évité les galères et la déception du compétiteur qui regarde le classement et le chrono. A la barre de son Pogo 2 Fondation Arthritis, le navigateur installé à Amiens depuis trois ans a bouclé la Pornichet Select 6.50 en deux jours, dix minutes et treize secondes. Compter les secondes, cela pourrait paraître dérisoire après deux jours en mer mais elles ont leur importance pour lui, car le bateau qui l’a coiffé sur le poteau – Sail Tahiti, barré par Alexis Gayet – a franchi la ligne d’arrivée seulement… 34 secondes plus tôt !

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Pétole et cocotte dans le spi…

« C’était une course dans la course au cours des dernières heures, raconte l’ingénieur logistique de Clarins, à Glisy. J’ai longtemps été devant lui et devant quelques autres mais au matin de l’arrivée, il y avait pétole, pas de vent du tout là où je me trouvais. Puis je rate un empannage, une manœuvre pour prendre le vent par l’arrière, en faisant en plus une cocotte dans mon spi, c’est-à-dire un nœud dans la voile avant ! » peste Victor Eonnet. C’en était trop pour garder sa maigre avance… Malgré une lutte d’arrache-pied dans les dernières encablures, le skipper de Fondation Arthritis n’a pu remonter ce handicap.

Objectifs tous validés

Mais le principal est ailleurs. « Je m’étais fixé des objectifs, je les ai tous validés ! Rester zen, prendre les choses objectivement, finir en forme. » Dans le détail, Victor Eonnet s’en est tenu aux rations alimentaires qu’il avait soigneusement préparées. « Cette fois et contrairement à d’habitude, comme lors des parcours de qualifications pour la Mini Transat, j’avais faim. Du coup, j’ai bien mangé et j’ai senti la différence ! Je n’ai pas ressenti de coup de mou, autour des 35ème ou 36ème heure. J’étais beaucoup plus alerte. »

Je ne me suis ni enflammé ni pris la tête.

Victor Eonnet, skipper de Fondation Arthritis

En s’alimentant plus correctement, le navigateur samarien a aussi gagné en lucidité : « je suis de mieux en mieux organisé à bord » se félicite Victor Eonnet, fier également de sentir que le travail entamé il y a un an avec son préparateur mental Franck Blondeau, à Amiens, porte ses fruits. « Je ne me suis ni enflammé ni pris la tête » même après son excellent début de course. « J’étais premier de ma catégorie, sur 27 bateaux, 7 heures après le départ mais j’ai fait une première erreur… Entre Belle-Île et l’île d’Yeu, j’aurais dû faire une banane sud, un arrondi mais j’ai voulu aller tout droit. J’ai perdu une quinzaine de places. C’est souvent comme ça, à la tombée de la nuit, je suis moins vigilant stratégiquement. »

Victor Eonnet Mini Transat Voile Arthritis (7)
Lors de la Pornichet Select, Victor Eonnet a parfaitement géré son alimentation

Et rebelote le lendemain soir ! « En baie de Quiberon, j’ai viré de bord trop tard, il y a eu une variation de vent. J’ai dû perdre huit places… » Ce qui est fait est fait. En consultant les classements, on constate qu’avec les deux heures que Victor Eonnet estime avoir perdues, il aurait terminé six places plus haut au classement de sa catégorie Vintage, comme au scratch où il a franchi la ligne en 53ème position sur 80 partants et 75 voiliers classés. Cela vaut-il le coup de ruminer après coup ?

Le vainqueur gagne avec un bateau à foils, tout neuf

Si le compétiteur est forcément un peu frustré en voyant que le vainqueur, le sud-finistérien Tanguy Bouroullec, n’a mis qu’un jour, neuf heures et trois minutes pour boucler les 230 milles, au lieu des 300 prévus – course écourtée pour éviter un gros coup de vent annoncé -, Victor Eonnet sait aussi pertinemment qu’il ne joue pas dans la même catégorie. « Son bateau, à foils (NDLR : des ailerons qui élèvent la coque et augmentent la vitesse), est tout neuf, alors que le mien a vingt ans. Il gagne avec une vitesse moyenne de 7 noeuds quand je suis à 4,80 noeuds et à 10 noeuds de vitesse maxi » a calculé le navigateur amiénois.

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Victor Eonnet peut aussi se féliciter d’être arrivé à bon port, car il y a eu du grabuge, dont la principale victime a été Anne-Gaël Gourdin, membre du pôle de La Turballe, comme l’Amiénois. « Son bateau a été victime d’une collision, peu après le départ suite à un refus de tribord. Et sa tête a percuté le mât » explique le skipper de Fondation Arthritis. Heureusement plus de peur que mal pour la navigatrice, contrainte à l’abandon. Le Pyrénéen Hugo Picard, sur un Maxi, a sinon été le plus rapide du groupe de La Turballe, se classant 7ème de sa série et 11ème au scratch, en 1 jour 18 heures et 21 minutes.



Une régate en Bretagne et la Mini Gascogna avant la Mini Transat

Un coéquipier qui pourra toujours donner de bons tuyaux à Victor Eonnet au sujet du Trophée Marie-Agnès Péron, une course qu’il veut rajouter à son programme et qu’Hugo Picard a remportée l’an dernier. Rendez-vous jeudi 3 juin à Douarnenez (Finistère) pour le départ de cette régate de 220 milles. Avant le dernier gros morceau de sa préparation à la Mini Transat, qui partira le 26 septembre : la Mini Gascogna, une nouvelle course, qui doit s’élancer du Verdon-sur-Mer (Gironde) le 28 juillet. Direction Getxo, près de Bilbao (Espagne) aller-retour, soit 580 milles. Un skipper bien préparé en vaut deux…

Pour contacter Victor Eonnet et l’aider à boucler son budget pour la Mini Transat victoreonnet@gmail.com



Vincent Delorme
Photos Leandre Leber Gazettesports.fr / DR