La finale du tournoi ITF féminin d’Amiens, à huis clos aujourd’hui à l’AAC, oppose les deux mieux classées : l’Argentine Paula Ormaechea et l’Australienne Seone Mendez. Elles ont éliminé les deux dernières Françaises.
Les joueuses françaises – cette fois Elsa Jacquemot et Audrey Albié – butent avant la dernière marche, dans la deuxième division du tennis mondial comme au plus haut niveau, où cela arrive régulièrement hélas aussi. A l’ITF de l’Amiens AC, c’est le cas depuis 2017. Audrey Albié, la dernière Française victorieuse, il y a quatre ans justement, a été éliminée en demi-finale par l’Australienne Seone Mendez 6-2 6-1. Et Elsa Jacquemot a montré ses limites actuelles, battue par la N°1 du tournoi, Paula Ormaechea.
Défaite « sévère » ou « méritée » ?
Plus de 250 places au classement WTA et plus de dix années séparent la Lyonnaise de la joueuse argentine. Et cela a sauté aux yeux dans le dernier carré de ce tournoi doté de 15 000 $. La joueuse argentine n’a même fait qu’une bouchée d’Elsa Jacquemot, qui n’a réagi que par à-coups. 6-1 6-3. Le score a été jugé « sévère » par l’intéressée quand son coach, Rodolphe Fabre, l’a trouvé à l’inverse « mérité »… Des différences d’interprétation mais un constat identique : la championne de la dernière édition de Roland-Garros juniors possède des axes de progression aussi importants que son potentiel. Ce qui peut se comprendre avec une joueuse qui fêtera ses 18 ans en mai.
Pas assez de points au service pour Elsa Jacquemot
Cette élimination en demi-finale, à huis clos mais devant les caméras de FFT TV, ne remet en cause ni le talent ni le projet d’Elsa Jacquemot. Mais il témoigne en revanche « d’une implication pas à la hauteur de celle de son adversaire » pour Rodolphe Fabre, le coach touquettois de ce grand espoir tricolore depuis novembre dernier. Avec seulement un point sur deux (51%) remporté sur sa mise en jeu et 58% de premières balles, la Lyonnaise n’a pas pu s’appuyer cette fois sur l’un de ses points forts. Trop de déchets au retour et sur le deuxième coup de raquette l’ont également privé des armes qui lui avaient permis d’atteindre les demies.
« Mauvaises sensations »
« J’ai eu de mauvaises sensations, explique Elsa Jacquemot et en plus mal en bas du dos. Dans le deuxième set, j’ai essayé de taper un peu moins mais elle (Paula Ormaechea) joue très bien sur terre battue » poursuit la 542ème à la WTA. Et comme l’Argentine, 287ème, dit « progresser match après match » dans le tournoi, l’écart est vite devenu un gouffre. « On part s’entraîner une semaine à Villeneuve-Loubet, près de Nice avant d’aller jouer au Havre » annonce Rodolphe Fabre. Le débriefing pourrait être animé…
Seone Mendez ? « Un mur ! » pour S. Janicijevic, son adversaire du 2ème tour
Audrey Albié, de son côté, est également « contente d’avoir gagné trois matchs » avant de baisser les bras en demi-finale contre Seone Mendez, qui ne lui avait déjà laissé que cinq jeux -deux de plus qu’hier -, il y a deux semaines, sur dur, à Poitiers. Avec seulement hier 37% de points gagnés sur sa mise en jeu, la Périgourdine, même si elle n’est pas une énorme serveuse, était bien trop tendre, face à une joueuse qualifiée de « mur » par son adversaire du 2ème tour, Selena Janicijevic ! Et comme en plus la Française de 26 ans est apparue diminuée, la tâche était impossible. « Une douleur au psoas droit (muscle qui relie le bassin à la cuisse) s’est réveillée. J’avais fait appel au kiné au premier tour. J’étais très gênée sur les reprises d’appui. Mais elle a très bien joué » explique Audrey Albié, qui doit passer une échographie pour savoir si elle prend le risque de s’aligner dès mardi à Gonesse.
Première gagnante non européenne à l’Amiens AC depuis 2007
A quoi s’attendre à présent pour cette première finale depuis plus de douze ans, à l’Amiens AC, avec face à face les têtes de série N°1 et N°2 ? La N°2 Seone Mendez, 21 ans et 288ème à la WTA, sort parfois de son match, ce qui pourrait lui être fatal contre son aînée argentine Paula Ormaechea, 28 ans, installée en Italie. Les deux joueuses ne se sont encore jamais rencontrées sur le circuit. Une certitude : entre une joueuse née en Argentine, aux lointaines origines basques et une Australienne née de parents argentins, la gagnante apportera une touche d’exotisme bienvenue en ces temps où voyager est compliqué. Il faut remonter à 2007 pour retrouver la dernière lauréate non européenne de l’ITF d’Amiens : il s’agissait de la Brésilienne Teliana Pereira.
Vincent Delorme
Crédits photos : Gazettesports Léandre Leber