Après l’élimination de l’AC Amiens à Aire-sur-la-Lys, le coach picard Azouz Hamdane oscillait entre fierté quant à l’état d’esprit de ses joueurs sur ces 3 rencontres de Coupe de France et frustration de ne pas avoir su concrétiser la domination lors de l’ultime rencontre.
Bonjour, quelle est votre réaction sur ce match ?
C’est un match où l’on a 100 fois l’opportunité de se qualifier, on ne la saisit pas et forcément, un adversaire comme celui-là n’attend pas mieux que la maladresse d’un adversaire comme nous. On a été maladroits trois fois, sur un penalty arrêté, sur deux grosses occasions de Kwinta et Samb et en ratant l’opportunité de nous qualifier aux tirs au but, en manquant un peu de conviction quand on les tire. Malheureusement, dans des conditions de jeu que je ne veux même plus relever tellement c’était du n’importe quoi.
Ce n’est pas forcément le meilleur qui a gagné. En Coupe de France, c’est comme ça, ce n’est pas toujours le meilleur qui gagne, mais bravo au qualifié.
Qu’est-ce qui vous a le plus manqué sur ce match ? Vous avez quelque chose à reprocher à vos joueurs sur ce match ?
Non, non, je n’ai absolument rien à reprocher aux joueurs. Quand on fait reprendre des joueurs dans les conditions dans lesquelles on a repris, on ne peut qu’être respectueux de leur attitude parce qu’ils se sont pris en main, ce sont eux qui ont fait le travail. Nous, on a essayé de les mettre dans les meilleures conditions, de jouer notre rôle à fond mais ce sont eux qui se sont pris au jeu, qui se sont fixés des objectifs. On a quand même passé deux tours. On n’avait pas idée des exploits qu’on avait réalisés en enfilant 9 buts à deux équipes de R1 parce que la Coupe de France étant ce qu’elle est, ce n’est pas facile de faire ce que l’on avait fait.
On ne peut qu’être respectueux de leur attitude parce qu’ils se sont pris en main, ce sont eux qui ont fait le travail.
J’avais pointé ce match d’Aire-sur-la-Lys comme étant le plus compliqué et on se l’est encore franchement compliqué en ne se mettant pas à l’abri. Ce qu’on avait réussi à Nœux-les-Mines en concrétisant notre première occasion et à Lesquin en concrétisant notre penalty obtenu, on n’a pas su le faire contre Aire-sur-la-Lys et on se fragilise tout le match. C’est ça, les matchs de Coupe de France. La bêtise à ne pas faire, c’est de ne pas concrétiser les premières situations parce qu’on n’arrive pas à casser l’espoir adverse et tant qu’il y a de l’espoir en face, il y a de la vie pour eux. On aurait même pu prendre un but en tout début de deuxième mi-temps parce qu’on concède une énorme occasion. Mais non, je ne peux pas en vouloir aux joueurs, bravo à eux pour ce qu’ils ont fait sur les deux premiers matchs. Et même sur le dernier parce qu’ils ne se sont pas cachés, ils ont donné ce qu’il fallait. La Coupe de France c’est frustrant, mais il faut savoir faire avec.
C’est donc la frustration qui domine ?
Oui, c’est ça. Bien sûr que c’est frustrant, mais c’est comme ça. Combien d’équipes sont passées à la trappe parce qu’elles n’ont pas concrétisé leurs occasions ? On n’est pas les premiers, on ne sera pas les derniers. Il faut se mettre à l’abri à chaque fois, on l’a fait contre Nœux-les-Mines et Lesquin, on ne l’a pas réussi contre Aire-sur-la-Lys, tant pis pour nous. Dans des conditions déplorables. C’était valable pour les deux équipes mais je pense qu’ils étaient plus prêts que nous pour jouer dans ces conditions-là. Ils ont tout fait, d’ailleurs, pour jouer dans ces conditions-là. Bravo à eux, leur stratégie a fonctionné. Ils ont voulu se qualifier, ils ont réussi, il faut juste leur dire bravo, et bonne continuation.
Cette période à 11 contre 10, avec énormément d’occasions doit participer de cette frustration ?
Oui, c’est exactement ça. Mais ils ont eu le mérite d’avoir le pied là où il fallait et nous n’avons pas eu celui de mettre le ballon là où il n’y avait pas le pied d’un joueur d’Aire-sur-la-Lys. On a été gêné par les conditions difficiles mais ça n’explique pas tout… C’est exactement le scenario défavorable d’une équipe d’un niveau supérieur qui joue une équipe d’un niveau inférieur, et qui a des situations et qui ne les concrétise pas et laisse vivante l’équipe adverse. C’est exactement le scenario qu’il fallait éviter.
Les conditions, même si elles étaient les mêmes pour les deux équipes, ne facilitaient pas votre style de jeu.
Oui, très sincèrement, on n’est pas fait pour jouer comme ça, on n’est pas bon là-dedans. Il faut peut-être qu’on revoie notre copie mais je défend un football. Je sais qu’il y en a plusieurs, moi, je défends un football, ce sont mes convictions. Je comprends et respecte ce que d’autres défendent, mais mes convictions sont de poser le pied sur le ballon, de mettre le ballon au sol, de le faire circuler, de redoubler les passes courtes, de presser autour du porteur. C’est comme ça que je prends du plaisir en tant qu’entraîneur. D’autres se contentent d’autre chose.
C’est sûr que pour notre projet de jeu, les conditions n’étaient pas du tout adaptées
C’est sûr que pour notre projet de jeu, les conditions n’étaient pas du tout adaptées. On était un peu moins prêts que les joueurs d’Aire-sur-la-Lys pour jouer ce type de football.
Le bilan reste malgré tout positif sur cette courte reprise ?
Oui, complètement. On passe deux tours quand on nous promettait de ne pas passer du tout. Le club prend un petit peu de finances, ça va peut-être un peu combler les gros soucis financiers qu’il y a au club. Forcément, tout ce qu’on a pris était bon à prendre, il ne faut pas tout noircir. C’est un point positif avec le plaisir que j’ai pris à voir les joueurs évoluer, parce que sur le point de vue de l’état d’esprit, ils m’ont redonné du baume au cœur.
Morgan Chaumier
Crédit photo : Leandre Leber – Gazettesports