OMNISPORTS : Du handball au football, Pierre-Alain Lavillette a « toujours fait les deux »

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Gazettesports s’est entretenu avec Pierre-Alain Lavillette après son départ de l’Amiens PH et sa prise en main d’une nouvelle équipe dans un autre sport, le FC Ailly-sur-Somme Samara.

Bonjour, commençons par le début, pourquoi ce départ de l’Amiens PH ?

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Je m’étais engagé, moralement, sur un bail de 3 années. Au mois de novembre 2019, j’ai pris la décision de quitter mes fonctions au sein de la N1 parce que la charge de travail était très importante : c’est un deuxième emploi. J’ai fait 3 ans et, là, j’avais envie de retrouver un peu de temps auprès de ma famille donc j’ai décidé de quitter la N1. Je n’en ai parlé aux joueurs et aux dirigeants qu’à partir du mois de février parce que nous étions dans une spirale négative à ce moment-là et je ne voulais pas en rajouter. J’ai attendu que l’on gagne à nouveau pour annoncer ma décision à Dominique Pingaud et ensuite à l’équipe.

Quand vous avez pris cette décision, l’idée de repartir sur un autre projet était déjà là ?

Absolument pas. Parce que mon idée de départ était de cesser mes fonctions au niveau de la N1 mais pas de quitter l’Amiens PH. Après, le club ne m’a pas sollicité pour d’autres missions si ce n’est une à la place de Simon Soudry, ce que je ne souhaitais pas faire car Simon fait du très bon travail avec l’équipe réserve. Donc je ne souhaitais pas que le club se passe de lui. Et le club ne m’a rien proposé d’autre donc je me suis trouvé libre de tout engagement.

Qu’est-ce qui vous a poussé à aller vers Ailly ?

Au début, je vous avoue que je voulais prendre du repos, du recul par rapport aux trois années très chargées que j’avais vécues et continuer à suivre le groupe d’Amiens parce que j’ai passé trois très bonnes années avec eux et avec les dirigeants. Ensuite, ce qui m’a poussé à aller à Ailly-sur-Somme, c’est mon cousin Terry qui y joue. Ce qu’il faut savoir, c’est que le club de mon village, Saint-Vaast, a fusionné avec le club d’Ailly-sur-Somme. Et le club de mon village, c’est mon grand-père qui l’a créé, j’y ai joué au foot pendant très longtemps.

Donc, mon cousin jouait à Ailly-sur-Somme et leur entraîneur s’en allait. Ils étaient en train d’essayer de trouver une solution pour le remplacer et ont pensé à mon cousin en tant qu’entraîneur-joueur, ce qu’il ne souhaitait pas faire. Il m’en a parlé vers le mois de mai. Vous voyez, il s’en est passé du temps entre novembre et mai ! On en a parlé et c’est là qu’est venu l’idée que je vienne entraîner Ailly-sur-Somme.

C’est quelque chose de naturel pour vous de passer du handball au football ?

J’ai joué au haut niveau au handball, c’est sur, je n’ai pas joué au haut niveau au foot, j’ai joué en DH avec le club de Saint-Vaast avec mon cousin qui commençait. Et jusqu’à 31 ans, je jouais en National le samedi en handball et en Régional le dimanche en foot. Donc, j’ai toujours fait les deux, grosso modo, dans ma carrière sportive, à part au moment où je suis parti à Nice et où j’ai arrêté le foot. J’ai arrêté le hand assez tôt, à 31 ans, et j’ai continué le foot jusqu’à quasiment 40 ans.

Donc c’est vraiment naturel…

Oui, mon père était l’entraîneur du club de Saint-Vaast, mon oncle l’a été ensuite, un autre cousin également. On a tous été joueurs de ce club créé par mon grand-père. Et dans le même temps, mon père entraînait aussi au handball, c’est pour ça que j’ai fait les deux.

Comment on s’adapte, d’un point de vue plus technique, pour passer de l’entraînement d’une équipe de handball à une équipe de football ?

Ce sont deux sports collectifs. L’un se joue avec les pieds, l’autre à la main, mais par contre, il y a des similitudes tactiques et d’état d’esprit à avoir, des phénomènes de groupes à gérer et à rendre performants. Après, ce ne sont pas les mêmes sports, il ne faut pas pousser l’amalgame, mais il y a des choses qui se rejoignent.

Est-ce qu’il y a des choses que vous avez mises en place dans votre travail au handball qui vous semblent transposables et innovantes en football ?

Le projet d’Ailly-sur-Somme est de permettre de travailler sur la formation pour permettre à des jeunes d’intégrer l’équipe première. C’est le projet qu’on avait également au hand, donc il y a forcément des similitudes en termes de projet, d’ambition, de travail mental et physique, il va y avoir des choses qui vont se ressembler bien que ce soit deux sports différents. On va travailler sur des éléments similaires. Bien évidemment qu’il y a des choses, dans l’aspect mental et dans l’aspect physique que je vais pouvoir réinvestir avec des joueurs de foot. Mais il y aura d’autres choses amenées qui seront plus spécifiques à la pratique du football.

Le fait d’arriver dans un club qui vient de descendre, qui a besoin de reconstruction, cela va vous permettre de mettre votre patte en termes de projet de jeu ?

Ce n’est pas le mien de projet, c’est le projet du club. J’arrive pour participer à un projet collectif. Ce n’est en aucun cas mon projet personnel. Je participe à la construction du projet du club avec ce qui je peux y apporter dans la mesure de mes compétences. Le club pense que je suis capable de le faire en collaboration avec mon cousin Terry qui a des connaissances techniques et tactiques bien plus fines que les miennes au niveau du foot. Parce qu’il ne faut pas oublier que cela fait 10 ans que j’ai arrêté le football. Donc il y a des choses que je vais devoir revoir, il va falloir un temps d’adaptation de ce côté-là. Mais par contre, lui est capable de pallier à ces manques. C’est pour cela qu’on va agir ensemble même si je suis l’entraîneur principal. On travaillera ensemble dans l’élaboration des séances pour pouvoir arriver à la réussite.

Ce sera une patte collective. J’ai des idées mais j’ai l’habitude de travailler collectivement. Je ne suis pas là pour prendre la télécommande, la manette de jeu de la Playstation pour dire à tout le monde quoi faire. L’objectif d’un entraîneur quelle que soit la discipline, à mon sens, c’est de fédérer l’ensemble de ses joueurs sur un projet collectif et de tenir compte des spécificités des uns et des autres, que ce en termes physiques, techniques, tactiques ou mentales pour faire en sorte que l’équipe soit la plus performante possible. Ça, c’est un projet élaboré collectivement. Et une fois mis à plat, l’ensemble des acteurs doivent y adhérer et aller dans le même sens.


Morgan Chaumier

Crédit photo : Leandre Leber – Gazettesports