Joueur essentiel des Gothiques depuis trois saisons, Jérémie Romand a rempilé pour une saison supplémentaire. À l’occasion d’un entretien, il a évoqué pour nous sa prolongation, la séparation avec le premier trio et la saison à venir.
Bonjour Jérémie, tu as resigné pour une saison supplémentaire, cela a toujours été une volonté de ta part ?
Depuis le début je m’étais dis que je voulais rester sur Amiens. Je sors de trois belles saisons avec l’équipe, je me sens bien ici et avec l’arrivée du bébé c’était de toute façon la priorité pour moi.
Le départ annoncé de Mario Richer, puis ceux de Philippe Halley et Tommy Giroux ne t’ont pas fait douter ?
Le départ de Mario on le savait depuis un moment quand même, après il y a eu un bruit comme quoi ils (ndlr : la direction) allaient peut-être réfléchir à nouveau. Mais en soi, on savait qu’il ne serait plus là l’année prochaine. Donc le départ de Mario j’y avais déjà réfléchi, j’aimais beaucoup travailler avec, mais j’aime travailler avec Tas’ (ndlr : Anthony Mortas) aussi, donc ça ne me posait pas de problème.
Après c’est sûr que les départs de Tommy et Phil ça fait mal parce que c’étaient mes deux compères depuis presque trois ans. C’est sûr que je me suis posé la question, mais c’était juste me la poser, car en soi, si je trouvais un terrain d’entente avec Amiens, je n’allais pas voir ailleurs.
Évoquons un peu ce fameux trio : Giroux-Halley-Romand…
Sur la glace ça c’est super bien passé, mais je pense que c’était parce que ça se passait très très bien en dehors aussi. On était amis et on jouait sans se prendre la tête, on était content de jouer ensemble. J’ai évolué trois ans avec eux, ça c’est bien passé et maintenant je vais retrouver de nouveaux joueurs, et j’espère que ça se passera bien aussi. Mais c’est le jeu, on le sait, quand on joue au hockey on crée des affinités sur la glace et en dehors, et d’une année à l’autre on doit recommencer parce que ça bouge. Mais c’est sûr que j’aurais vraiment aimé que les deux restent, que Mario reste, que Tas’ soit là et qu’on garde la même équipe. Ça faisait trois ans que c’était top pour nous, mais ça fait partie du sport, il y a des changements et du renouvellement et c’est ce qu’il s’est passé cet été. Ça fait chier (sic) sur le côté humain, de perdre des potes ; car des coéquipiers on va s’en refaire…
On t’avait quitté très abattu après le 7ème match face à Mulhouse, c’est aujourd’hui totalement oublié ?
Je te dirais que la défaite a été plus facile à accepter car la saison était terminée. Le plus dur a été, on va le dire, ces deux matchs de merde (sic), sans personne dans les gradins, sans ambiance. Moi je n’ai vraiment pas pris de plaisir sur ces matchs-là, pas parce que l’on a perdu, parce que c’était juste horrible et sans intérêt d’avoir joué ces rencontres. Après, encore une fois, quand tu finis une saison, soit tu es champion, soit tu es perdant, donc on a l’habitude de tourner assez vite la page. On était forcément tous déçu de ne pas avoir fini dans le dernier carré même si, honnêtement, pour moi ça ne voulait rien dire. C’était trop bizarre cette fin de saison, je préfère garder le positif avec la finale de coupe de France, la saison régulière et le plaisir que l’on a pris. J’ai voulu tourner rapidement la page et de toute façon, avec la naissance de mon fils et avec le confinement, on avait plein d’autres trucs à penser que ces deux matchs de merde à Cergy.
C’était juste horrible et sans intérêt d’avoir joué ces rencontres
Justement, tu évoques des « matchs de merde », comment vivrais-tu un éventuel début de saison à huit-clos ?
Je pense que comme, 99 voir 100% des joueurs de Magnus, de D1 et du monde entier, dans le hockey et dans n’importe quel sport, on le vivrait super mal ! Ce serait un début de saison sans ambiance, sans motivation. On a beau avoir le meilleur entraîneur du monde, celui qui boost le plus les joueurs, sans personne dans une patinoire c’est compliqué de réussir à se motiver. On joue quand même pour le show, moi je sais que je joue au hockey pour avoir une ambiance. Donc ce serait compliqué, mais je pense que de toute façon ce serait compliqué pour le championnat de devoir reprendre à huit-clos, je n’y crois pas beaucoup. C’est plus : on ne reprend pas ou on reprend avec du monde, mais à huit-clos je ne sais pas comment, aujourd’hui en France, les clubs pourraient survivre.
Tu restes sur une saison incroyable sur le plan comptable ; te fixes-tu des objectifs statistiques ?
Les stats ça reste mon gagne pain. Donc si je ne fais pas de stats je n’ai pas de contrat, et si je n’ai pas de contrat je n’ai pas d’argent. Je me fixe des objectifs, mais les objectifs que je me fixe sont plus bas que ce que je réalise depuis trois saisons avec Amiens. Je ne me prends pas la tête à me dire : il faut que je fasse un point par match. Oui il faut que je fasse des stats car je suis « payé pour ça », c’est mon rôle, donc il faut que je fasse des points. Mais la priorité ça reste quand même la victoire. Si on est derniers et que je fais 50 points dans la saison je n’aurais pas pris de plaisir. Alors que si on tape des demis, des finales de coupe et que je fais moins de points je serais heureux de la saison que l’on a vécu. C’est ce que je me fixe chaque saison, une saison correcte individuellement, mais une bonne saison collectivement.
Sinon, la Continental Cup c’est vraiment mon gros objectif de l’année prochaine. Ce serait vraiment une frustration de sortir au premier tour, c’est un des trophées accessible qui me manque et j’aimerais beaucoup la gagner !
C’est ce que je me fixe chaque saison : une saison correcte individuellement, mais une bonne saison collectivement.
Comment appréhendes-tu la saison à venir ?
Je suis persuadé que l’on va avoir une belle équipe, que l’on va bien travailler et que l’on aura des résultats si on suit ce que l’on nous demande. Après c’est toujours pareil, c’est compliqué à ce moment là de la saison. Je vois des noms que je ne connais pas donc je regarde des stats sur un papier, mais ça ne veut pas forcément dire grand chose. C’est dur de se projeter sur la saison. Maintenant, on se doute bien que pour jouer un titre de championnat l’an prochain, ça risque d’être compliqué quand on voit Grenoble, Rouen et Angers, qui vont avoir de gros gros joueurs dans leurs effectifs.
Je pense que l’objectif restera le même que quand Mario était là : en priorité les play-offs et après essayer de viser la plus haute place possible pour débuter les play-offs de la meilleure des manières. Maintenant je pense que ça ne sert à rien de se fixer des objectifs collectif aujourd’hui en disant on veut le Top 3 ou le Top 4. La fin de saison était merdique et je pense que l’été est un peu merdique pour les clubs. Pour préparer une équipe avec le Covid, avec des partenaires qui ne savent pas trop, ça doit être compliqué.
Tu fais désormais partie des piliers de l’équipe, te sens-tu investi d’un rôle ?
C’est sûr que c’est un peu le discours que m’ont tenu Anthony Mortas, Elie Marcos ou même Patrick Letellier. Je sais que je vais faire partie des leaders de vestiaire avec Henri (ndlr : Buysse), Romain (ndlr : Bault) et Joey (ndlr : West). On est un peu les derniers à rester des trois dernières années de Mario. On va essayer de récréer l’esprit d’équipe que l’on avait. Je commence aussi à être un peu plus vieux donc c’est un peu plus mon rôle d’être un leader. Après le fait d’être installé dans un club depuis plusieurs années, c’est vrai que ça donne plus de poids dans un vestiaire.
Propos recueillis par Quentin Ducrocq
Crédit photo Kevin Devigne GazetteSports.fr