Alors que son aventure avec les Gothiques a pris fin, Francis Drolet a évoqué pour GazetteSports ce départ. L’occasion pour nous d’aborder le sujet de la relative « incertitude » dans laquelle vivent les hockeyeurs au fil de leur carrière.
Bonjour Francis, peux-tu nous parler de ton départ des Gothiques ?
Cela s’est fait sur une entente mutuelle. Je sentais que j’avais fait mon cycle ici et je voulais aller jouer quelque part d’autre, dans un autre pays. Donc là actuellement j’essaie de voir pour me trouver un autre club en Europe. C’était un peu ma décision de partir.
Quelle place aura la saison écoulée dans ta carrière ?
Pour moi jouer en Magnus était une belle expérience. J’ai été chanceux qu’Amiens m’ait donné l’opportunité de faire ça après que la saison ait commencé. Je suis bien tombé, dans un club où il y avait beaucoup de bonnes personnes, de bons coachs, une belle patinoire, une bonne organisation et des fans extraordinaires. J’ai beaucoup aimé mon expérience là-bas, et je ne regrette rien.
Quelle va être la suite pour toi ?
C’est sûr qu’avec la pandémie c’est compliqué de savoir. Il y a beaucoup d’équipes qui vont faire faillite et on ne sait pas quand les championnats vont reprendre. Personnellement j’aimerais essayer un autre pays en Europe, pour avoir une expérience culturelle un peu différente, vivre quelque chose d’autre.
La crise sanitaire a-t-elle changé tes plans ?
Je savais juste ce que je devais faire pour l’été. J’étais supposé voyager en Indonésie et puis repartir jouer en Australie dans la foulée. Je ne fais jamais de plan longtemps à l’avance, je fais toujours saison par saison. Je ne sais jamais si je vais continuer le hockey ou si je vais avoir l’opportunité de commencer une carrière différente avec un autre emploi. Donc j’essaye de ne pas trop faire de plans mais plutôt saisir des opportunités.
Tu as aujourd’hui 30 ans; penses-tu à l’arrêt de carrière ?
Après chaque saison la question se pose un peu. Mais présentement, j’ai le goût de continuer le hockey sur glace. Quand le désir ne sera plus là et que je n’aurais plus le niveau pour « compétitionner » j’arrêterai. Pour l’instant je suis encore motivé.
La période que nous traversons met également en lumière la précarité du hockey sur glace…
Oui, surtout dans les ligues « basses », où tu peux signer des contrats d’une voire deux saisons maximum… Mais c’est compréhensible aussi car les clubs ne sont jamais certains de savoir si les joueurs vont « performer ». Après c’est sûr que c’est compliqué, après chaque saison tu te demandes si l’équipe va te résigner ou si tu vas pouvoir trouver un boulot ailleurs. Il y a toujours une petite période d’incertitude qui est difficile.
La plupart des gens avec qui j’ai évolué, jouent au hockey pour vivre de leur passion, pour voyager, l’argent n’est certainement pas la raison principale.
Vous êtes sportifs professionnels, mais comme tu l’évoques, dans les « ligues basses », vos salaires sont très loin de ceux que l’on connaît dans le foot…
(ndlr : Mario Richer nous avait confié dans une interview l’an passé : « Il faut savoir qu’à Amiens les joueurs gagnent en moyenne 1500 euros »)
Oui ça dépend aussi des Ligues, mais quand tu n’as pas un gros salaire tu fais ça pour l’expérience. Tu fais ça pour continuer ton rêve de pratiquer ton sport tout en étant professionnel. C’est sûr que si un jour tu commences à avoir des besoins qui nécessitent plus de revenus, tu peux changer ta manière de penser et aller vers un emploi plus stable que celui de hockeyeur professionnel.
La plupart des gens avec qui j’ai évolué, jouent au hockey pour vivre de leur passion, pour voyager, l’argent n’est certainement pas la raison principale.
Pour autant, on a un bon niveau de vie, on va s’entraîner le matin en faisant notre sport qu’est le hockey et après notre journée est presque finie. Du coup l’après-midi, on peut se relaxer et faire ce que l’on veut en faisant attention à notre santé.
Tu n’as donc aucun regret sur le fait d’être devenu hockeyeur professionnel ?
Ah non, c’est sûr qu’il n’y a aucun regret ! J’ai bien conscience de la chance que j’ai et de ce que je vis. Après c’est sûr que plus tu continues et plus c’est stressant pour l’avenir. Car si tu veux commencer un nouveau boulot tu es dans le milieu de la trentaine et c’est plus compliqué que de commencer juste après l’université, où tu as plus de moyen de monter les échelons au sein de l’entreprise. Donc quand on arrive en fin de carrière, c’est vraiment stressant pour la plupart des joueurs.
Propos recueillis par Quentin Ducrocq
Crédit photo Leandre Leber / Kevin Devigne Gazettesports.fr