Meilleur buteur de la poule Hauts-de-France de N3 avec 12 buts en championnat, Mickaël Despois évoque avec nous son parcours ponctué de buts et ses espoirs pour la saison en cours.
Bonjour Mickaël, commençons par le retour sur votre carrière. Vous l’aviez déjà évoquée lors de votre précédente interview à Gazettesports, est-ce que vous pouvez préciser les circonstances de votre départ de l’ASC ?
Quand j’étais à Amiens, j’ai tout le temps été surclassé, j’ai fait les pré-France. J’étais avec le groupe pro à l’époque de Thierry Laurey, j’étais avec eux toute l’année, dans le vestiaire, j’avais mon casier. J’ai fait deux bancs en L2 mais sans entrer, un contre Metz et l’autre lors du dernier match à Boulogne-sur-Mer. Il s’agissait du match de la descente malgré un bon effectif puisque nous avions Nzonzi, Thibault Giresse, Foued Kadir. De mon côté, je redescendais tout le temps avec la réserve en CFA2, je faisais ma saison avec environ 13-14 buts.
Pour moi, la logique, c’était que, dans la continuité, j’allais rester là-bas pour jouer en National. Et je n’ai pas du tout compris, on est venu me voir en me poussant vers la sortie. Ils me disaient qu’il n’y avait pas de problème si je restais mais que je reprendrais avec la réserve. Le club me promettait beaucoup de choses et d’un coup, ils voulaient que je reprenne avec la réserve, donc je ne l’ai pas compris. Je leur ai dit que je n’étais pas d’accord.
Sans la moindre explication ?
Non, sans aucune explication. Et c’est pour cela que je l’ai toujours eu en travers de la gorge.
Le fait de rejoindre l’ACA, cela s’est fait naturellement ?
Après ce coup-là, mentalement, c’était dur. Ce n’est pas que j’étais à deux doigts d’arrêter le football, mais… Vraiment, je ne comprenais pas. J’avais été le meilleur buteur dans toutes les catégorie de jeune, même en réserve. Dès qu’ils m’ont dit ça, à l’ASC, mentalement, ça m’a mis un coup.
Après, je ne sais plus qui a appelé mais j’ai eu Azouz au téléphone, il m’a dit qu’on pouvait se rencontrer. Et après, cela s’est fait rapidement. Il a su trouver les bons mots. Et je ne regrette vraiment pas parce qu’Azouz m’a appris beaucoup de choses. Et à ces moments où j’étais un peu touché mentalement, il a su me remettre dedans.
A l’AC Amiens, je suis directement meilleur buteur, on fait deux saisons en CFA2, on monte en CFA. On y fait vraiment une très bonne saison et je finis avec 15 buts. Et là, le Red Star vient me chercher. Au Red Star, je fait 21 matchs titulaire en National. Pour ma première année en National, je ne pensais pas que j’allais jouer autant, même si je ne doutais pas de mes qualités. Mais je n’y avais jamais joué, donc j’appréhendais un peu. Et au final, j’ai vu que j’avais le niveau. A l’époque, il y avait Steve Marlet qui s’occupait de spécifiques avec les attaquants, c’était vraiment bien. Et, à la fin de saison, alors qu’on se maintient, il y a un changement d’entraîneur, et Laurent Fournier arrive. On était un effectif de 27 et lui n’en a gardé que 5. Moi, on m’a dit, « si tu veux rester, tu restes, mais on te divise ton salaire par deux ». En gros, ça voulait dire : « Pars, le coach ne compte pas sur toi ». Cela m’a un peu fait penser à Amiens mais comme j’étais un peu plus vieux, je comprenais un peu plus les choses.
Comment se fait-il que vous soyez revenu à Amiens, vous n’aviez pas d’offres ?
Cela s’est fait naturellement. J’avais des touches avec Uzès-Pont-du-Gard et Fréjus (à l’époque en National, ndlr) mais j’avais un petit problème, c’est que je ne voulais pas aller trop loin. Je ne sais pas pourquoi, j’ai toujours eu un petit blocage par rapport à ça. Je ne sais pas si c’est par rapport à ma famille ou autre chose.
Je ne voulais pas aller trop loin. Je ne sais pas pourquoi, j’ai toujours eu un petit blocage par rapport à ça.
A l’AC Amiens, cela s’est de nouveau bien passé. La dernière saison avant de partir à Mantes, je finis encore meilleur buteur. Du coup, j’ai été voir le président pour profiter de mon statut pour demander une augmentation. Mais le président n’était pas d’accord. Il n’y avait pas de soucis mais Mantes-la-Jolie est venu me chercher avec un bon salaire et un appartement offert, donc j’y suis allé. Mais je ne vais pas le cacher, l’AC Amiens, c’est une équipe qui aime bien jouer au ballon, Mantes-la-Jolie, c’est tout le contraire, c’est une équipe qui met des coups, ça ne correspondait pas trop à mon style de jeu. L’entraîneur me disait de ne pas craquer mais, à un moment, je n’en pouvais plus. J’ai fait seulement 6 mois. J’arrête donc le foot pendant 6 mois.
Et j’ai croisé Azouz en ville qui m’a demandé si ça ne me disait pas de reprendre. Et, oui, je voulais reprendre. J’avais pris du poids, je suis revenu, j’ai fait une grosse prépa où j’ai perdu 10kg. Et je suis bien reparti.
Et à Mantes, c’est uniquement le style de jeu qui a fait que ça a coincé ou il y avait d’autres choses qui vous ont gêné au sein du club ?
Non, sincèrement, ce club m’a vraiment touché, ils ont tout fait pour me mettre à l’aise. Primes, paies, tout était à l’heure malgré une mairie qui était contre le club, qui n’avait qu’une envie, que le club coule. Mais le club restait solide. Le seul truc qui a fait que je suis parti, c’était vraiment au niveau du football. Ça ne faisait que balancer alors que je suis un joueur qui aime bien toucher le ballon, jouer, prendre du plaisir. Mais humainement, les gars là-bas étaient supers, y compris le président, l’entraîneur.
Le fait de revenir à chaque fois à l’AC Amiens, c’est dû à quoi ?
En fait, je me sens chez moi. Ce club, c’est une deuxième famille. Et puis, j’ai mes copains qui sont là, ce qui fait que mon choix penche vers l’AC Amiens. Quand on joue avec des copains, ça se voit. Et puis, bien sûr, je dois beaucoup à Azouz qui a été là dans les mauvais moments.
Vous êtes désormais un des anciens du groupe, est-ce que vous sentez que ça vous donne un rôle par rapport à vos équipiers, plus jeunes notamment ?
J’ai 30 ans, je suis parmi les 3-4 plus anciens, ceux qui ont le plus de matchs de N2-N3. C’est normal que les jeunes nous écoutent, on sait qu’on a un rôle important dans l’équipe. Après, il faut toujours se remettre en question. Il y a eu une mauvaise phase où il y avait besoin que l’on parle au groupe. Quand on voit des jeunes qui ne sont pas très bien, c’est à nous d’aller les voir, de leur remonter le moral, de leur dire que dans le football, il n’y a pas que des moments faciles. On est passé par là, il faut être patients et travailler.
Comment vous voyez la suite de la saison ? Quels peuvent être les objectifs ?
Là, cela fait 10 matchs que l’on est invaincus. Il faut se fixer cet objectif de rester invaincus jusqu’à la fin de saison. Avec l’équipe, on s’est fixé un objectif de 4 points par série de 2 matchs, ce qui revient à gagner à domicile et à prendre un point à l’extérieur. Même au classement, on est sur une série, on avait un peu de retard. Là, on a encore 9 points de retard sur Beauvais. Après 9 points, c’est 3 victoires, c’est rien du tout, sachant que l’on doit encore aller à Beauvais.
Il faut se fixer cet objectif de rester invaincus jusqu’à la fin de saison
Après, on a fait beaucoup de matchs nuls mais ça ne fait pas beaucoup avancer donc l’objectif, au-delà de continuer à ne pas perdre, ça va être de gagner. Ce qui est bien, c’est qu’on fait notre petit bonhomme de chemin sans que les autres équipes ne nous regardent. Les autres équipes regardent plus Marcq, Beauvais, Feignies. Nous on est là, derrière. Tout doucement, on rattrape le retard. C’est dommage de ne pas jouer parce que quand l’équipe est bien, c’est mieux d’enchaîner.
D’un point de vue individuel, le fait d’être actuellement meilleur buteur, cela peut aussi fixer un objectif pour la fin de saison ?
Oui, quand on fait du sport, c’est pour ça, c’est pour la compétition. Et puis, d’un point de vue personnel, ça fait plaisir. Après, d’abord, le souhait, quand je joue des matchs, c’est de gagner. Tant que l’équipe gagne, je suis content. Maintenant, si l’équipe gagne et que je marque, je serais encore plus content. Mais c’est vrai que quand je joue et que je ne marque pas, c’est un peu dur pour moi. J’aime marquer, j’ai envie de continuer de marquer.
Vous perdez beaucoup de points cette saison dans les dernières minutes, comment vous vous l’expliquez ?
Je ne sais pas pourquoi. Il y a un moment où l’on jouait bien une mi-temps et puis, en deuxième mi-temps, plus rien, on reculait. Je ne sais pas s’il y avait de la crainte, si on jouait avec la peur. Parce que souvent, l’équipe a reculé après notre but. Je ne sais pas trop. Parce qu’en plus, à l’entraînement, on bosse bien, notre préparateur nous fait de bonnes préparations. Je pense que c’est plus un problème de confiance.
Contre Maubeuge, ok, on gagne 2-0 mais je suis frustré parce que je sais que j’aurais pu plus marquer parce que leur bloc était vraiment haut. Et puis, on mène 2-0, tout se passe bien et, d’un coup, tout le monde s’énerve, ça parle avec l’arbitre. Je l’ai dit aux gars à la mi-temps. Peut-être que le fait que le groupe soit assez jeune joue. Ce n’est pas que la faute de la jeunesse mais il y a peut-être un manque d’expérience.
Azouz Hamdane insistait sur l’importance d’attaquants qui sachent également défendre, qui prennent conscience de l’importance de défendre. Quel est votre rapport avec ces phases de jeu ?
Bien sûr que si on veut être bien au classement, cela passe par là. Les premiers défenseurs sont les attaquants. Seuls les très grands joueurs comme Leo Messi peuvent se permettre de ne pas défendre. Après, cela n’a jamais été mon point fort, mais il faut se mettre au diapason pour l’équipe. Et puis, cela fait du bien à nos défenseurs.
Cette saison, on avait le problème de beaucoup encaisser de buts et quand on s’est mis à plus défendre, ça a fait souffler les défenseurs derrière nous.
Il y a eu un vrai basculement dans les performances défensives à un moment de la saison. Vous avez senti que cela correspondait à un moment où votre travail défensif a changé aussi ?
Oui, on a beaucoup travaillé dessus. Et comme par hasard, en défendant plus, il y a eu moins de buts encaissés.
Morgan Chaumier
Crédit photos : Kevin Devigne – Gazettesports.fr