Quand nous sommes arrivés ce matin à la Licorne, nous avons appris le décès de Raymond Poulidor, survenu à l’âge de 83 ans. Et cela nous a fait un choc car Raymond a représenté une grande partie de notre jeunesse.
La première fois que nous avons vu Raymond, c’était en 1962. L’année précédente, Raymond avait remporté Milan-San Remo. Il était devenu professionnel un peu tardivement car il avait effectué son service militaire en Algérie et bien plus tard, nous avons échangé sur ce sujet.
La légende raconte que Raymond Poulidor s’était distingué dans un critérium disputé près de chez lui, du côté de Limoges et qu’alors qu’il n’était que coureur indépendant, catégorie intermédiaire entre les amateurs et les pros, il avait secoué le cocotier et crime de lèse majesté, inquiété les pros notamment un certain Louison Bobet alors en fin de carrière. Raymond intégra alors la formation Mercier dirigée par Antonin Magne et les deux hommes ont ensuite fait une longue carrière ensemble.
En 1962, jeune militaire, nous allons à Amiens, assister au départ du Tour de Picardie, organisé alors par le Courrier Picard. Les formalités avaient lieu dans les Halles et il reste un document de cet instant : une photo de votre serviteur et Raymond. En 1962, Raymond Poulidor n’avait pas encore acquis l’immense popularité qu’il eut ensuite et ce fut sûrement, le sportif français le plus adulé.
Par la suite, nous avons souvent revu Raymond Poulidor dans le Tour de France que nous suivions pour le Courrier Picard . Il faisait alors équipe, pour le Crédit Lyonnais, avec la championne olympique Sophie Moressée. Il portait enfin ce maillot jaune qui s’était toujours refusé dans le Tour.
Dans le cœur des Français
Par la suite, nous eûmes le bonheur de le rencontrer la veille et au départ des Boucles du Canton de Picquigny. Il était même venu avec l’épouse de Jacques Anquetil, son ancien adversaire qui l’avait toujours précédé, que ce soit dans le Tour ou là-haut dans le ciel.
Une autre fois, à Ham, nous l’avions retrouvé alors qu’il avait été invité par une grande librairie de la localité. Et nous avions surtout échangé sur… la guerre d’Algérie qu’il avait également faite. Il était même intarissable sur le sujet.
Récemment, nous avions revu notre ami Thierry Adam qui avait bien côtoyé Raymond durant le Tour de France. Il savait que Raymond était bien fatigué mais qu’il était allé peut-être trop loin puisqu’il ne savait pas refuser une invitation.
Raymond Poulidor rejoint donc Roger Walkowiak, Roger Pingeon, Félice Gimondi notamment qui nous ont aussi quitté.
Mais son nom restera éternellement présent car nous sommes convaincus que des salles de sport, des terrains, des pistes cyclables porteront le nom de Poulidor.
Adieu Poupou.
Lionel Herbet
Crédits photos Esby/ BastienM (photos libres de droits)