Chaque année, à l’occasion du Grand Prix de la Ville de Blangy sur Bresle qui est organisé depuis 37 ans, Christian Becquet invite une personnalité du cyclisme, un ancien champion.
C’est ainsi que ce samedi nous avons vu débarquer à Blangy sur Bresle, petite ville située aux confins de la Somme et de la Seine Maritime Laurent Brochard qui reste à ce jour, le dernier champion du monde sur route français. Ce titre fut obtenu à San Sébastian en 1997.
Le temps passe vite et aujourd’hui, Laurent Brochard, originaire du Mans qui, aujourd’hui, a trouvé une certaine sérénité à Thiers le pays du couteau, au cœur de la France, alors qu’il vient de basculer au-delà du demi siècle. Il nous a été facile de l’aborder et de revenir sur ce titre qui l’a porté au plus haut sommet médiatique avant d’être quasiment oublié depuis.
Laurent Brochard l’admet. Quand il était coureur pro, il était peu agréable au niveau des contacts humains mais aujourd’hui, il est heureux de se plonger dans le milieu du cyclisme amateur et de venir parfois répondre à l’invitation d’un organisateur comme par exemple Blangy. Le cyclisme amateur garde sa préférence car il sait que ce sport véhicule des valeurs mais vit chichement. Ainsi, on se rend compte de la difficulté d’être organisateur bénévole aujourd’hui.
Ainsi samedi à Blangy, il fallait une centaine de dirigeants, signaleurs etc pour que ce Prix de Blangy se déroule dans les meilleures conditions. Laurent Brochard nous l’a avoué : il n’a pas eu la reconnaissance qu’il méritait après son titre mondial en 1997.
C’est peut-être la raison pour laquelle, il préfère aujourd’hui suivre les courses amateurs car le monde professionnel « la un peu oublié. »
« C’est le milieu amateur qui ne m’oublie pas »
« C’est vrai que j’ai été champion du monde professionnel et c’est le milieu amateur qui ne m’oublie pas. Je lui rend ce qu’il m’a donné.
J’accompagne souvent des cyclos et j’ai même fait quelques marathons lorsque j’ai arrêté. J’ai même fait des trails. Par contre, je ne pense pas que j’aurai été bon dans le triathlon car j’avais trop de lacunes en natation. Mais je veux d’abord soigner mon genou car je vais me faire opérer. mais je fais toujours du vélo pour m’amuser. J’ai quitté la région de la Sarthe, je me suis retiré à Thiers car mon épouse est originaire de l’Auvergne.«
Quel regard jette Laurent Brochard sur le cyclisme, sur le Tour de France, son éventuel successeur et le comportement des supporters qui font parfois preuve d’un chauvinisme exacerbé.
« Je vais vous avouer que je ne lis plus les journaux spécialisés. Médiatiquement, à part le Tour de France, le vélo passe au travers. Je pense que le vélo est à la fois le plus populaire mais aussi gratuit pour le public. C’est dommage de le mettre de côté derrière le Tour de France.
Quand on voit les difficultés pour organiser, pour trouver des partenaires, c’est difficile. Exiger un permis de conduire au signaleur, c’est aberrant. Et puis,il y a de plus en plus d’accidents mortels. C’est de plus en plus compliqué de lâcher des enfants sur la route. »
Comment voit-il l’avenir ?
« Un successeur je pense que nous devrions en trouver un d’ici à quelques années (ndlr : Champion du Monde). Le Tour de France c’est autre chose. C’est plus dur car il y a beaucoup plus de concurrents comme les Colombiens. Regardez, ils étaient déjà là au moment où Bernard Hinault. Ils ont appris à courir sur le plat.
Le cyclisme s’est internationalisé et pour un Français, ce sera très difficile de gagner le Tour de France. Un championnat du monde peut revenir à un Français à la condition qu’ils ne se dévorent pas entre eux. Mais nous avons une belle génération actuelle.
Quant aux jeunes, il y a la sécurité et c’est un point important. Mais surtout, c’est plus facile d’aller devant leur play station que d’aller sur un vélo. Mais quand un jeune veut faire du vélo et qu’il a surtout envie, il ne faut le décourager. On a besoin de ces jeunes.«
Enfin, dans le cyclisme, nous n’avons pas de chants racistes ou homophobes. Mais il y a le chauvinisme… mais c’est quand même beaucoup moins grave que les chants homophobes ou racistes dans les stades.
Lionel HERBET
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