Après un premier volet publié ce mardi, retrouvez la seconde partie de notre entretien avec Pierre-Alain Lavillette, l’entraîneur de l’Amiens PH, qui nous détaille ses objectifs pour la saison à venir.
L’accession en Proligue demeure un objectif sur le court terme ou davantage sur le long terme ?
Ce qui nous limite sur l’accès en Proligue, c’est essentiellement la notion budgétaire. Nous avons construit et structuré le club pour que nous puissions matériellement y accéder. La salle nous permet de jouer en Proligue. Aujourd’hui dans l’effectif nous avons quatre joueurs professionnels, il en faut cinq. Il nous faut également un entraîneur professionnel, Yourii et moi-même nous faisons actuellement la transition, avant d’en avoir un. Ce qu’il nous manque c’est essentiellement du budget, puisque il y a eu une baisse d’investissement de certains partenaires. Malgré tout ça nous conservons un budget intéressant grâce à l’apport d’autres partenariats privés. Nous avons d’ailleurs en pourcentage budgétaire, la plus grosse part d’investisseurs privés de la Nationale 1. Sportivement nous avons montré que nous sommes capables de rivaliser, mais nous devons encore augmenter les recettes propres du club. Nous franchissons les paliers petit à petit pour construire ce budget et l’objectif c’est d’y arriver à moyen terme. On ne peut pas parler de court terme, car ça serait un peu présomptueux.
« Si Yourii et moi sommes à la tête de cette équipe, c’est parce que nous sommes avant tout des compétiteurs. »
Qu’est ce que vous entendez par moyen terme, 5-6 ans?
Ça peut être plus court…ça dépend. Si un gros partenaire arrive, ça peut se faire tout de suite. Si la municipalité décide d’octroyer plus de subventions, ça peut être aussi immédiat. Il y a des équipes dans notre poule qui sont subventionnées à 85%, ce qui n’est pas notre cas. Il faut donc faire avec les moyens que nous possédons, nous avons déjà beaucoup de choses pour pouvoir bien fonctionner et il faut continuer de se développer avec nos moyens tout en étant stable.
N’avez vous pas peur qu’avec la politique mise en place, de mettre en valeur les jeunes joueurs, des clubs professionnels viennent vous prendre vos jeunes talents les plus prometteurs ?
Nous ne pouvons pas empêcher un jeune joueur qui a le potentiel pour aller jouer au très haut niveau, de tenter sa chance. Maintenant, il est évident qu’il faut mettre la formation au service de notre club. Nous avons également travaillé là-dessus et nous réfléchissons à des projets pour la rendre plus efficace. L’année dernière huit de nos joueurs étaient issus de notre bassin de formation, cette année nous en aurons sept, et dix si on parle de la région Hauts-de-France. Mais il est indispensable de continuer à travailler sur la formation, car c’est ce qui définit l’identité d’un club. Nous devons donner aux joueurs les moyens de se former, de progresser et leur mettre dans la tête qu’ils auront les moyens de se faire une place dans l’équipe.
Pouvez-vous nous parler de vos recrues ?
Dans un premier temps, nous avons eu l’opportunité de faire Aymeric (NDLR : Aymeric Lippens, international U20, arrière gauche), qui nous a contacté pour savoir s’il pouvait revenir au club (NDLR : il a été formé à l’APH avant de partir à Dunkerque), puisqu’il voulait revenir sur Amiens pour finir ses études. Nous étions de toute manière à la recherche d’un jeune joueur de son profil, capable de jouer en 3 mais également pivot, même s’il a une formation d’arrière gauche. Nos deux pivots étant des joueurs expérimentés, nous avions besoin d’avoir une relève. Nous avons fait le choix de jeunes recrues qui pouvaient se développer.
Etre confronté aux VAP cette saison c’est un défi pour vous. Etes-vous enthousiaste?
Oui bien sur ! Comme les joueurs, si Yourii et moi sommes à la tête de cette équipe, c’est parce que nous sommes avant tout des compétiteurs. Sinon nous nous contenterions de faire du Handball loisir. Nous connaissons cette excitation pré-championnat, mais avec d’avantage de travail de préparation, davantage de rigueur. Face à des équipes de ce niveau, les matchs vont se jouer sur des détails et ce sera notre capacité à justement éviter de commettre trop d’erreurs qui nous permettra d’être devant à la fin des matchs.
Que manque t-il à l’APH pour rivaliser avec les VAP justement ?
Un statut VAP c’est une équipe professionnelle, qui a des joueurs professionnels, qui s’entraînent régulièrement ensemble, qui fait des séances vidéo répétées. Nous on a des contraintes de joueurs qui sont en reconversion professionnelle, ce qui ne nous permet pas de mettre toute ces choses en place même si on travaille déjà bien. Maintenant, une équipe statut VAP, lorsqu’elle se projette sur la semaine d’après, elle a davantage le temps pour régler les petits détails. Nous, on a un peu moins de capacité de travail de ce coté là. Après, sur un match, cela reste sept garçons contre sept garçons sur un terrain de hand, avec des joueurs dans notre équipe qui ont connu le très haut niveau. Des jeunes à potentiels qui sont capables de rivaliser avec ces équipes la et de gagner les matchs. Nous sommes une jeune équipe, nous progressons. Nous avons bien avancé, maintenant il faut continuer. Ce qui nous permettra d’être devant ces équipes, c’est la régularité.
Lorsque vous êtes arrivé à la tête de l’équipe première (il y a deux saisons), l’objectif était de monter en trois saisons. Qu’est ce qui n’a pas fonctionné selon vous lors des deux premières ?
C’était le projet que nous avions il y a trois ans. Après entre temps, nous avons de gros partenaires qui ont réduit leur investissement et même si nous avons compensé grâce à d’autres soutiens, nous n’avons pas réussi à faire progresser le budget.
« Bien d’autres clubs dans notre position auraient mis la clef sous la porte (…) Nous avons réussi à garder le cap ! »
Donc est-ce que cela vous a coupé dans votre élan?
Non cela ne nous a pas coupé dans notre élan, nous restons tout de même sur une progression. Bien d’autres clubs dans notre position auraient mis la clef sous la porte et cela n’a pas été le cas. Nous avons réussi à garder le cap ! Après il y a des clubs qui bricolent, qui font des locations de salle pour boucler leur « projet VAP », nous ce n’est pas ce que nous avons choisi de faire. Nous avons choisi de ne pas « tricher ». Il y a des clubs qui redescendent en N1 cette année, parce que justement ils ont « vendu du rêve » à beaucoup de monde et nous nous avons fait le choix de construire dans la durée, sans brûler les étapes.
Benjamin Lecreq
Crédit photo : Coralie Sombret et Kevin Devigne
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