Ancien joueur des Gothiques, Olivier Duclos coache les équipes de jeunes du club depuis de nombreuses années. Aujourd’hui entraîneur de l’équipe U20, il s’est exprimé sur la très bonne saison de son équipe, sur la formation des joueurs amiénois mais également sur son rôle auprès des jeunes gothiques.
Bonjour Olivier, que bilan tirer de cette saison avec les U20 des Gothiques ?
Très bonne, vraiment bonne, nous sommes remontés en poule 1, ce qui était l’objectif de début de saison. Au bilan final on a remporté 22 matchs sur 28 disputés. Et puis demi-finaliste c’est plutôt pas mal car on était en poule B et nous n’étions pas favoris, le bilan collectif est très bon.
Vous avez des regrets par rapport à cette demi-finale face à Rouen ? (ndlr : 3-3 au match 1 et défaite 7-1 lors du match 2)
Oui il y en a, car lorsque vous faîtes 3-3 lors du match 1, il y a de quoi avoir des regrets… Je ne sais pas trop ce qui a pu se passer, j’essaie d’y réfléchir depuis 3 semaines. Nous avons flanché mentalement, physiquement, et puis nous sommes tombés sur le futur champion de France donc il n’y a pas vraiment de hasard…
Malheureusement, vous travaillez bien durant tout la saison et vous ratez un match au mauvais moment…
C’est notre pire match de l’année
Oui, c’est notre pire match de l’année, qui est tombé quand il ne fallait pas… Ça arrive au mauvais moment et ça n’aurait pas du arriver à ce moment là. C’est vraiment une défaillance des 22 joueurs, même eux n’arrivent pas vraiment à analyser ce qui s’est passé. Nous n’avons jamais réussi à rentrer dans le match, jamais réussi à réagir, donc le « jour sans » est tombé le mauvais jour, mais ça n’enlève rien au travail effectué toute l’année.
Ce genre « d’échec » peut servir à ces jeunes joueurs pour la suite de leur carrière ?
Oui ça va leur servir, je pense que les 5 premières minutes vont leur servir, car on a pris 3 buts sur 4 shoots, on doit empêcher l’adversaire de shooter et on n’a pas su le faire. Et moi ça va me servir également dans mon coaching dans les années à venir car je n’ai peut être pas été assez vigilant sur le début de match.
Tous les week-ends vous aviez des joueurs qui allaient jouer avec Wasquehal ou Dunkerque dans le cadre de partenariat. Cela impacte la performance collective des U20 ?
Alors individuellement c’est très bien, ça fait 3 ans que l’on fonctionne comme ça. Avec ce système il y a des joueurs comme Yohan Coulaud qui ont fait près de 60 matchs dans l’année, entre Amiens, les partenariats et l’équipe de France. Donc le but c’est vraiment de développer les joueurs, et les résultats sont secondaires. On a envie d’avoir des résultats mais le développement du joueur reste prioritaire. Effectivement collectivement ça peut poser un problème, parce que l’on arrive pas à créer des automatismes. Mais je le savais, les joueurs le savaient, c’est la politique du club et j’en suis le premier content, car on arrive à développer et à sortir des joueurs. Mais effectivement la différence entre Rouen et Amiens se fait sur ce point. Rouen a une D2, qui est aussi l’équipe U20, donc ils ont doublé le nombre de matchs toute l’année avec la même équipe et ça c’est senti sur les demi-finales.
Il serait possible de faire la même chose à Amiens ?
Nous y réfléchissons.
Cette demi-finale marque également la fin d’un cycle…
Oui, là c’est la fin d’un cycle, un cycle qui a démarré il y a 3 ans avec cette équipe là, avec des joueurs comme Bruche, Plagnat, Belharfi, Coulaud, qui sont en U20 depuis 3 ans. C’est très agréable de coacher ces joueurs, mais il n’y a pas de secret, ce sont des joueurs qui travaillent, autant sur glace que hors glace, ils ont envie de réussir, donc c’est plaisant pour moi. Mais c’est normal à Amiens d’avoir une équipe junior performante de toute façon.
Lorsque l’on travaille 3 années de suite avec des joueurs, ce n’est pas « difficile » de les laisser partir ?
Le travail de trois ans que je viens de terminer est vraiment plaisant, parce qu’il y en a qui vont peut être intégrer le groupe pro l’an prochain, il y en a d’autres qui vont faire le bonheur d’autre club. Donc moi je ne pense pas à moi, je pense au développement des joueurs, c’est un renouvellement permanent, et je suis très content d’entamer un nouveau cycle de 3 ans avec des nouveaux joueurs, ceux qui sortent des U17 et puis ceux qui restent encore.
D’ailleurs, on se sent plutôt formateur ou entraîneur lorsque l’on travaille avec des U20 ?
Mon objectif c’est d’amener un maximum de joueurs dans les pattes de Mario et d’Anthony
Je me considère avant tout formateur, mon objectif c’est d’amener un maximum de joueurs dans les pattes de Mario et d’Anthony. Mais aussi entraîneur, puisqu’au quotidien et notamment sur les derniers entraînements de la semaine je prépare les matchs, c’est un mix des deux, mais effectivement depuis que je suis Amiens, je me considère plutôt comme un formateur, j’aime ça.
Et comment vous jugez l’évolution du club ?
En terme de formation on a des hauts et des bas. Nous avons eu des hauts pendant quelques années avec la génération de Maurin Bouvet, Hugo Gallet, Guillaume Leclerc et nous avons gagné beaucoup. Puis on a été dans le trou pendant 2-3 ans. Là nous sommes en train de sortir la tête de l’eau, il ne faut pas oublier que les autres clubs travaillent bien, la fédé fait des formations d’entraîneurs. L’avance que l’on avait, elle s’est réduite, mais il faut toujours que l’on reste avec Grenoble, Rouen et le HC 74 c’est vraiment le but.
Et de manière générale, comment va le hockey français ?
En France, nous sommes encore à des années lumières de ce qui se fait de mieux en Europe
On a du retard par rapport à ce qui se fait ailleurs, ça c’est une certitude. Mais je trouve qu’il y a eu une bonne évolution en 10 ans. Quand on regarde la catégorie U20 aujourd’hui ou il y a 5 ans, elle a totalement évolué, ça va beaucoup plus vite, les joueurs sont plus forts, sont mieux préparés. Maintenant, en France, nous sommes encore à des années lumières de ce qui se fait de mieux en Europe et dans le monde. Un des problèmes c’est les études, car ici les joueurs sont obligés de suivre un cursus au centre de formation, c’est une obligation. Donc ça prend du temps, si c’était des « minis-pros » ça serait beaucoup plus facile, ils n’auraient que ça à faire. Mais voila en France on ne peut pas gagner d’argent en jouant au hockey donc il sont obligés de faire de études, ça restreint donc leur formation.
Quels sont selon vous les principaux axes de progression de la formation française ?
La clé pour moi c’est le nombre de matchs, les championnats sont trop pauvres. Là cette année on a fait 28 matchs en 6 mois, ça fait à peine 2-3 matchs par mois et ce n’est pas suffisant. C’est pour cela que nous on avons développé le partenariat avec Wasquehal, Dunkerque et la D3 aussi à Amiens pour obliger les joueurs à faire 2 matchs par week-end. Ce qui nous amène à des joueurs qui ont fait une soixantaine de match dans la saison, la clé c’est ça. Plus ils vont jouer, plus ils vont progresser. Et là il y a une réflexion qui est menée par la fédération pour changer les championnats pour que ça soit plus attractif, donc passer de 28 à 36-40 matchs. L’entraînement ne changera pas grand chose, car les joueurs s’entraînent tous les jours mais c’est vraiment le nombre de matchs qui fait que l’on progresse.
Je n’irai plus jamais en Magnus à Amiens, ça c’est une certitude
Vous continuez l’aventure U20 l’an prochain ?
À l’heure actuelle je continue avec les U20, avec le centre formation. Je n’irai plus jamais en Magnus à Amiens, ça c’est une certitude. C’est un choix personnel et familial, en ayant passé 2 ans en Magnus je m’aperçois que je m’éclate plus avec les jeunes et que j’ai plus à apporter avec les jeunes qu’avec les pros.
Propos recueillis par Quentin Ducrocq
Crédits photos Kevin Devigne
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