Derrière chaque résultat sportif, des acteurs travaillent dans l’ombre pour améliorer les performances des athlètes. On pense notamment aux coaches sportifs, préparateurs physiques, diététiciens, et autres. C’est dans ce cadre que nous avons rencontré Julien Loorius, coach et haltérophile à l’arène Barbell Club, coach musculation pour les équipes jeunes du centre de formation de l’Amiens SC, et depuis peu, coach personnel d’Eddy Gnahoré.
Julien, on peut te voir dans différents rôles du sport amiénois, peux-tu te présenter ?
J’ai 24 ans, je suis originaire de Péronne où j’ai fait toute ma scolarité jusqu’au lycée. Je suis ensuite parti à Amiens où j’ai passé mon BAC STI2D (ndlr : sciences et technologies de l’industrie et du développement durable) et j’y suis resté pour étudier en STAPS deux ans. J’ai finalement arrêté pour travailler dans la restauration un an et demi et obtenir les fonds nécessaires à mon inscription en BPJEPS (ndlr : Brevet Professionnel Jeunesse, Education Populaire et Sport). C’est une formation qui dure dix mois durant lesquels j’ai eu le privilège de réaliser mon stage à l’arène Crossfit Amiens, c’est à ce moment que je suis vraiment rentré dans le monde professionnel du sport.
Peux-tu nous parler de ton parcours sportif
J’ai fait beaucoup de sports ! J’ai par exemple fait 2 ans de judo, 1 an d’escalade, 1 an de basket-ball, et 6 ans de football. C’est pendant les dernières années de football que j’ai commencé la musculation. Puis j’ai finalement délaissé le foot et totalement basculé dans ce monde. Mais ça ne me suffisait pas, donc je me suis mis à la force athlétique (ndlr : regroupant soulevé de terre, squat et développé-couché). J’en ai fait 3 ans, 1 an à la fac et 2 en club, et participé à 3 championnats de France où j’ai fini 4ème. Et enfin, la suite logique, j’ai commencé à pratiquer l’haltérophilie au CHM Saleux. C’est le club de mes débuts et j’y ai appris beaucoup. Puis j’ai eu besoin d’aller ailleurs, voir d’autres choses, donc je suis parti à l’arène Crossfit. Aujourd’hui je suis qualifié pour les championnats régionaux d’haltérophilie (ndlr : Julien est le champion en titre dans sa catégorie) et je fais du crossfit tous les jours en plus de l’haltéro.
Qu’est-ce que ça veut dire pour toi « être coach » ?
Il y a un mot qui résume tout ce que je fais dans le coaching : le partage. C’est la raison pour laquelle je fais ce métier. J’ai été athlète, je le suis encore d’ailleurs, mais j’ai maintenant un rôle de transmission. Pas que de la technique ou du savoir, mais aussi de la motivation et de la bonne humeur. Entre athlète et coach, on partage tout. Les entraînements, le temps, les défaites, les victoires, les frustrations, les surprises, etc. L’implication et l’investissement sont exactement les mêmes. Et en vérité, c’est jouissif de voir qu’un sportif a atteint, ou compte atteindre ses objectifs grâce à tes conseils.
Comment tu es passé de la performance personnelle au coaching ?
Tout est parti de l’époque où je jouais au football au CAFC Péronne. J’avais fait des détections à l’US Camon où j’ai finalement été jouer en U17 national. J’y suis resté 1 an, et pendant ce temps je faisais de la musculation au lycée. C’est véritablement mon professeur de musculation qui m’a donné envie de faire ce qu’il faisait. Il était très investi, t’apportait énormément et te donnait quelque chose en plus dans ta confiance, dans ta motivation, dans tes performances. C’est en le voyant faire que mon ambition est venue. J’avais 17 ans à cette époque. À côté de cela j’ai eu quelques autres coachs et entraîneurs qui m’ont beaucoup influencé. Je pense à Hervé Hagard ou Ludovic Carlier que j’ai tous deux connu au CAFC Péronne, ou encore Olivier James que j’ai connu lors de mon BPJEPS. Ils m’ont tous apportés quelque chose. Et c’est pendant mon stage, en août 2018, qu’avec Thybald Grenier on est parti sur l’idée de créer un club d’haltérophilie à l’intérieur même de la salle. On est donc dans notre première saison, qui se passe très bien, bien épaulés par Morgane Poizot, secrétaire, et Tiphaine Prévost qui est trésorière. Le club comporte aujourd’hui une équipe masculine et une équipe féminine !
Comment tu te définirais en tant que coach?
Je ne pense pas être pas un tyran (rires), ce n’est pas le but ! Mais je suis exigeant, dans le bon sens. L’haltérophilie est un très vieux sport, mais qui est noble et qui véhicule beaucoup de valeurs. C’est un sport que j’aime profondément. J’attends beaucoup d’envie et d’implication des sportifs que je coache. C’est très technique comme activité, et quand c’est bien réalisé c’est beau à regarder. C’est ça que je cherche à donner. Mais je garde ma joie de vivre et j’essaye de la transmettre. C’est une partie du coaching que je ne sous-estime jamais, car sans bonne ambiance, c’est difficile de travailler. Beaucoup de personnes font du sport pour évacuer, décompresser, oublier les problèmes du quotidien. Je veux leur faire oublier tout ça.
Quelle est la vraie difficulté du coaching ?
Il faut toujours apprendre de l’autre. On pourrait penser que la hiérarchie est fixe entre coach et sportif. Le sportif apprend du coach et c’est tout. Mais c’est très différent en vérité. Un bon coach doit s’adapter à chaque personne, faire avec ses émotions du moment. Le sportif peut ne pas avoir passé une bonne journée, il a le droit de ne pas avoir envie, ou de perdre sa motivation. Nous on ne peut pas. Il faut rester ouvert en toutes circonstances, et persévérer !
Tu as longtemps été joueur de football, désormais tu accueilles dans une salle de musculation les jeunes de l’ASC qui seront peut-être amenés à faire de grandes carrières, comment tu vis ce rôle auprès d’eux ?
Je suis supporter depuis tout petit ! Je me souviens que quand je jouais à Péronne, Amiens c’était l’équipe qui nous faisait rêver, et qui nous mettait les plus grosses raclées (rires). Aujourd’hui je travaille pour le club et c’est un accomplissement personnel pour moi. Je vois les jeunes qui travaillent, qui évoluent, et qui finalement s’accomplissent eux-mêmes. Quand on me dit qu’untel ou untel va s’entraîner ou jouer avec les professionnels c’est une fierté immense. Je pense par exemple à Valentin GENDREY, ou encore Umit DEMIREL et Iron GOMIS qui ont signé un contrat pro hier soir avant le match de l’ASC face à Nîmes. Je les ai en coaching au centre de formation et je suis très fier d’eux. c’est encore une fois quelque chose qu’on partage ensemble sportif et coach. Tenir un rôle pour ces jeunes et ce qu’ils font, c’est juste super.
Et désormais il y a ton entreprise, DMD (Details Make the Difference), qui vient s’ajouter à tout cela…
Quand tu es diplômé, je pense que c’est ton but final d’avoir ton entreprise. En tout cas c’était le mien, et désormais DMD est là ! C’est une grande fierté pour moi. Je m’épanouissais déjà dans ce que je faisais, mais devenir responsable de mon propre projet, c’est quelque chose de fort. Le coaching commence donc avec Eddy Gnahoré, qui est joueur professionnel à l’ASC. Son petit frère est au centre de formation, et Eddy souhaitait passer un cap dans sa préparation, donc ça s’est fait presque naturellement. Je serai sans doute aussi amené à coacher des particuliers. Certes les objectifs ne sont pas les mêmes, entre performance professionnelle et remise en forme par exemple, mais pour un coach, rien ne change. Mon objectif, c’est que la personne atteigne les siens.
Une semaine avec Julien Loorius, qu’est-ce que ça donnerait ?
Depuis juillet je suis au centre de formation de l’Amiens SC tous les après-midis du lundi au jeudi. J’y suis en tant que coach musculation et je m’occupe des U17, U19 et de la nationale 3. À côté de cela je suis à l’arène Barbell de 1h à 3h par semaine pour coacher. En ce moment tous mes vendredis sont occupés par les OPEN de crossfit. Et enfin je suis à Barbell un samedi sur deux, sinon je me repose avec ma compagne ou en famille le week-end ! Et bien sûr, je m’entraîne personnellement tous les jours, ou presque. J’ai toujours vécu dans le sport, et même si je coache, j’ai aussi ce besoin de pratiquer.
Si tu devais faire un autre métier ?
Mon rêve premier était footballeur professionnel, comme sûrement beaucoup de jeunes joueurs (rires). J’ai essayé mais je me suis rendu compte à Camon que ce n’était pas pour moi. Sinon j’ai quelques expériences en restauration, ça me plaisait bien. J’y trouvais un contact humain et une sociabilité que je retrouve un peu dans le coaching ! Aujourd’hui je pense avoir trouvé ma voie, et je ne me vois pas ailleurs que dans ce que je fais !
Qu’est-ce qu’on peut te souhaiter pour la suite ?
Je m’éclate dans ce que je fais, donc simplement continuer sur ma lancée ! Je me suis associé avec Salim Herbet de « Whatsalimdoing » pour créer DMD. Il est spécialisé diététique et m’a offert une précieuse aide pour me lancer ! Sinon je fais et coache de l’haltérophilie qui est un sport coup-de-cœur pour moi, et j’ai sous ma responsabilité l’entrainement physique des jeunes de l’ASC. Ils sont toujours super motivés et me le rendent beaucoup. Je vois leur évolution, viennent me voir pour redemander des exercices, et l’ambiance est sûrement autant sérieuse que décontractée. Et je suis bien soutenu par ma famille et ma compagne, qui s’est d’ailleurs mise à l’haltérophilie aussi…
Propos recueillis par Benjamin Poupart
Crédits photos : DR
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