Passionnée de football, celle qui garde avec brio les buts de l’Amiens SC en Régionale 1, se prête volontiers au jeu des questions sur le sport au féminin. Des réponses spontanées sans jamais envisager botter en touche.
Camille Martin
24 ans
Ingénieur « Amélioration continue et performances industrielles »
Gardienne de but à l’Amiens SC
Gazettesports : « Quel est votre sentiment sur le regard porté par les hommes sur les demoiselles pratiquant le football notamment ? »
Camille Martin : « Je dois avouer que la réponse m’apparaît compliquée… d’autant que je n’aborde que très rarement le sujet avec la gente masculine (rire). Cependant, j’oserais affirmer que les hommes semblent apprécier la pratique de cette discipline au féminin. J’irais même jusqu’à prétendre que 70 % de mes amis le voit d’un bon œil. Ils admettent d’ailleurs se laisser séduire par les prestations de l’équipe nationale principalement. Il est vrai qu’elle bénéficie d’un joli éclairage médiatique. Ce qui n’est malheureusement pas le cas des clubs amateurs. Le dynamisme, l’enthousiasme dévoilé par les demoiselles en sont la raison… comme le désir d’éviter de trop simuler sur le terrain comme peuvent le faire les garçons ! (rire)
L’évidente disparité financière, traduite par le salaire, encourage d’ailleurs les filles à saisir toutes les (belles) opportunités pour se montrer. Paradoxalement, cette inégalité ne suscite les discussions chez les plus jeunes… Au sein de l’école de football, tous semblent égaux à l’heure de chausser les crampons. L’approche est différente parfois dès l’adolescence.
Me concernant je prends plaisir à assouvir une passion… Je pense, sans trop me tromper, que mes coéquipières de l’Amiens SC partage cette même motivation. »
Gazettesports : « Selon vous que représente l’organisation de la Coupe du Monde féminine en France cette année ? »
C.M. : « Nous l’attendons de pied ferme (rire). Nous souhaitons bien évidemment un aussi joli parcours que celui réalisé par l’équipe de France masculine en 2018. Je reste convaincue et persuadée que de belles prestations pourraient créer la même émulation. Cette compétition que notre pays a l’honneur de coordonner apparaîtra, à mon sens, comme un révélateur de l’enthousiasme éventuel populaire.
À la découverte de cette variante, cette épreuve interplanétaire s’annonce comme une agréable opération séduction. L’engouement que l’on ressent d’ailleurs quant à l’achat des premiers billets incite donc à l’optimisme. »
Gazettesports : « Peut-on considérer que l’égalité, dans le sport, est en bonne voie ?»
C.M. : « Dans le football, au regard de ce que je vis au quotidien, je me laisserais aller à dire « oui »… Cependant, il convient d’être lucide, la pratique du sport au masculin suscite une bien meilleure attention des médias. C’est en règle générale. Pour autant, certaines disciplines telles que le tir à l’arc, la natation notamment synchronisée, sont exécutées avec brio par les femmes. Malheureusement trop souvent dans l’anonymat.
Toutefois, je ne perds pas espoir. C’est d’ailleurs dans mon tempérament d’être optimiste. Etre à égalité me semble bien compliqué mais si nous envisagions un 60 / 40 j’en serais ravie ! »
Fabrice Biniek
Crédits photos Amiens SC