Pas favori avant le début de la rencontre, l’équipe de judo des Hauts-de-France s’est inclinée face à l’OM Judo 5 victoires à 2 et 41-11 au score. Même si l’espoir était présent à la pause, l’accélération des Marseillais a eu raison des envies du public.
Dans une enceinte chauffée à blanc, Issaya Moussati était la première à rentrer sur le tatami pour les HDF. Face à elle l’italienne Micaela Sciacovelli. Une rencontre équilibrée, aucune des deux jukokate n’arrivait à finaliser ses attaques. Chaque tentative de la part de la locale faisait hurler les spectateurs. Au final, l’opposition s’est terminée par une égalité 0-0 et un shido pour chacune.
L’ancien pensionnaire de l’ASC Judo, Méane Korval, affrontait le Français Jolan Florimont. Beaucoup de pression et d’intensité de la part du local n’aura pas suffi. Même le public harangué par ce dernier n’a pas été suffisant pour lui donner la force et l’énergie de remporter ce combat. Egalité 0-0, avec un shido contre Florimont.
Puis c’est l’arrivée, avec la clameur du public, de la pensionnaire de l’ASC Judo : Manon Pecqueux. Face à elle, se dressait un sacré défi avec la Guinéenne-Portugaise Mariana Esteves, olympienne à Paris cet été et 16ème mondiale. C’était un combat rude et physique. Hélas, l’Amiénoise n’a pas été en capacité de faire vivre son judo : « Le judo était assez fermé, verrouillé sur les bras. Je n’ai pas pu m’exprimer. » C’est finalement M.Esteves qui l’emporte grâce à une technique d’étranglement au sol forçant l’abandon de la Samarienne. Malgré ce résultat, M.Pecqueux relativise : « Un combat un peu amer, j’espérais une victoire ou un match nul mais je perds à 26 secondes de la fin. Après, mon opposante a un sacré niveau. Cela m’a permis d’acquérir plus d’expérience. » Après la rencontre, elle avoue n’avoir pas été plus stressée que ça à l’idée d’affronter M.Esteves : « Je communique mon stress à ma mère, donc ça m’en enlève. C’est une bonne chose pour moi mais un peu moins pour elle (rires) ». Cette opposition lui aura permis d’ouvrir des pistes de travail pour sa progression : « 5 minutes c’est un peu long quand on a pas trop de cardio. Je n’aime pas ça mais je vais devoir y remédier ! »
C’est finalement Baptiste Lallau qui faisait naitre l’espoir. Un combat disputé tout du long. Un waza-ari scoré dans la seconde moitié du combat face au Français Alexandre Mariac permet à l’équipe des Hauts-de-France d’ouvrir leur compteur. Il nous confie : « On est sur la dureté du judo. On est quasiment à 50-50. » Romane Dyot, avant la pause, entretenait la bonne dynamique. Poussée par le public, elle marque un waza-ari durant la première moitié puis un second dans la dernière minute pour l’emporter 10-0 contre sa compatriote Aurore Cabanne. A la mi-rencontre, l’équipe des HDF mène deux victoires à une et 11 points à 10.
En étant junior, c’est de bon augure pour plus tard.
Maeva Pain
Au retour de la pause, Mickael Lybrecht était confronté au Français Mattéo Giordano. Une première moitié de combat à l’avantage du membre de l’équipe de judo des Hauts-de-France, hélas un waza-ari en faveur de M.Giordano à 1mn14 de la fin permettait à l’OM Judo d’égaliser.
Maeva Pain, la junior, était opposée à l’Italienne, septième du dernier championnat du monde senior : Irène Pedrotti. Un affrontement difficile. Un waza-ari de l’Italienne en milieu de combat puis un second à la toute fin donne la troisième victoire de la soirée pour l’OM Judo. Cependant, c’est un véritable plus pour Maeva qui a pu s’évaluer face à une des meilleures : « Je n’ai pas été déméritante, mais je ne suis pas assez montée pour gagner. J’essayais plus de ne pas perdre. Après, je suis contente d’avoir tenu les cinq minutes. En étant junior, c’est de bon augure pour plus tard. Cela m’a permis de me mesurer au niveau senior et international. Je sais maintenant ce que je dois travailler en vue de mon début en première division senior. »
La fin de l’espoir
La huitième confrontation de la soirée opposait Ourouzmag Magkeyev pour les HDF face au Sénégalais Ryan Da Costa pour l’OM. Deux premières minutes avec beaucoup d’intensité. Une rencontre équilibrée jusqu’à ce que le Marseillais Da Costa prenne l’avantage en sortie de temps mort grâce à un waza-ari. Un second offre la victoire à l’OM Judo 10-0 par waza-ari awasete ippon. Plus aucune chance de recoller au score pour les locaux. L’avant-dernière rencontre fut expéditive. Israa Daghari s’inclinait en 20 secondes face à la Française, deuxième en individuel au dernier championnat du monde junior, Célia Cancan. La Nordiste se faisait contrer sur sa première attaque et l’arbitre scorait ippon.
Puis, le judoka amiénois Luka Lomidze, entre sur le tatami pour un dernier combat sans enjeu pour cette rencontre de Judo Pro League, mais avec un enjeu en vue des championnats de France. Son adversaire, le Français Mathias Anglionin, étant dans sa catégorie. Le Samarien évoquait : « Techniquement, c’était une compétition en équipe, mais il y avait un enjeu personnel. » Les règles de la Pro League étant différentes : 5 minutes de combats, au lieu de 4, avec une absence de golden score, L.Lomidze avoue :« Je pense qu’avec le rythme que j’ai mis j’aurais été plus en forme que lui dans le golden score. Je le voyais s’effondrer un petit peu vers la fin. J’aurais peut-être dû m’activer un peu plus tôt, mais je ne suis pas déçu du rythme que j’ai imposé. » Le résultat de cet affrontement était un match nul 0-0 avec un shido contre son adversaire.
Le succès de l’événement et la suite
Malgré un résultat décevant, on a pu trouver des sourires sur l’ensemble des visages des compétiteurs car il faut souligner que les combats étaient tous disputés. L’équipe formée de jeunes loups a su mettre en difficulté une formation marseillaise beaucoup plus expérimentée. « On perd avec les honneurs contre une grosse équipe », nous confie le président du comité de judo de la Somme, Thierry Dambrine.
Il est même ravi de voir autant de spectateurs : « On espérait 500 à 600 personnes au final, on est à plus de 800 ! ». L’objectif de cette équipe est de donner une chance et de l’expérience à des judokas locaux dans la continuité de la professionnalisation de ce sport : « Même si en face il y a une équipe de mercenaires, notre équipe n’est composée que de jeunes qui viennent des Hauts-de-France. Ce sont des jeunes en structure, soit au pôle espoir d’Amiens, soit de Tourcoing et du pôle France à Verquin. Pour nous, c’est ça qui est important. C’est de donner à nos jeunes l’opportunité de se confronter à des grosses pointures et de prendre de l’expérience et du plaisir. Aujourd’hui ils l’ont fait, ils ont mis la manière, on a rien à leur reprocher. Ils ont fait une belle baston comme on dit chez nous ! »
Quoiqu’il arrive, le public a eu droit à une très belle fête du judo et devrait bientôt revoir du beau judo au Coliseum avec un possible retour du tournoi en équipe mixte de l’ASC Judo, déjà organisé l’année dernière.
Au terme de cette journée, l’équipe des Hauts-de-France est actuellement classée huitième, soit la dernière place qualificative pour les quarts de finale. Le déplacement à l’AM Asnières Judo 92, actuel onzième de la Judo Pro League, le 12 novembre s’annonce capital pour conserver cette place et un espoir de participation aux phases finales.
Cyprien Baude et Léandre Leber
Crédit photos : Théo Bégler et Léandre Leber – Gazettesports.fr