Aux championnats de France 2ème série de tennis fauteuil à Grenoble, Timothée Da Costa Santos (Amiens AC) a signé ce vendredi sa 2ème victoire en deux matchs. Et de nouveau en deux sets. Il peut rêver à la finale…
Un succès 6-3 6-3 aux dépens du N°25 français Abou Konaté (Tremblay-en-France), une légende du handisport avec auparavant sa carrière de basketteur international, passée par les Jeux Paralympiques. Mais pas de démonstration de joie excessive de la part de Timothée Da Costa Santos (N°20), 24h après les deux « bulles » infligées à son premier adversaire, Pierre-Jean Gautron (N°18). Simplement le sentiment du devoir accompli après une deuxième journée où les joueuses et joueurs ont dû se rabattre sur les courts intérieurs en dur, à cause de la pluie incessante sur Grenoble depuis jeudi soir.
Pourtant, ce match, le jeune Samarien ne l’a pas abordé dans les meilleures dispositions : « J’ai bien dormi, puis j’ai eu mon practice (entraînement léger, ndlr) de 12h à 12h30 avec Zoé Maras (joueuse du simple dames, ndlr)« . Et le droitier amiénois a alors eu « très mal au bras gauche, entre le biceps et le triceps. La kiné me strappe et j’attaque le match avec un peu d’appréhension et la douleur bien présente. Je me détache quand même vite au score, mais en étant surtout concentré sur ma douleur, qui me provoque une boule au ventre, du stress, la peur que mes championnats s’arrêtent !
J’ai fait un peu ma tête à claques
Timothée Da Costa Santos
Je fais une double faute grossière, annoncée bonne par l’arbitre, alors je donne le point à Abou. Ce qui ne m’empêche pas de mener 5-0. Dans le jeu suivant, nouvelle erreur d’arbitrage, cette fois en ma défaveur, je perds le point et le jeu. Abou revient à 5-1. Puis il remet une balle sur la ligne de couloir, l’arbitre l’annonce faute… avant de lui donner le point ! Derrière, je balance le point avec une double faute et mon adversaire revient à 5-2. Là, je suis rattrapé par le stress, avant de me ressaisir, mais nouvelle décision d’arbitrage avec laquelle je ne suis pas d’accord, qui me fait perdre un point. À 5-3, je me mets à faire le pitre, comme pour oublier la situation. J’avoue que j’ai fait un peu ma tête à claques, mais je le breake. » Et Timothée Da Costa Santos empoche la 1ère manche.
« Dans le 2ème set, jusqu’à 4-2 pour moi, je fais un peu n’importe quoi, en plus, je sens la douleur revenir. » Et son adversaire revenant, lui, à 4-3, l’Amiénois serre alors le jeu et sert au corps, « ce qui a bien fonctionné dans ce jeu, alors que j’ai quand même fait 8 doubles fautes aujourd’hui. J’avais totalement stéréotypé mon jeu et lui a beaucoup servi sur mon coup droit. Et à 5-3, sur son service, je me suis procuré 4 ou 5 balles de match d’affilée, que j’ai vendangées. Puis il fait deux doubles fautes et je termine avec un coup droit décroisé sur son revers. »
L’épilogue d’un match un peu particulier, mais qui s’est achevé cordialement entre deux joueurs que… 32 années séparent ! « Abou m’a dit que j’étais très fair-play », retient Timothée da Costa Santos, avant de se lancer dans des calculs pour savoir s’il pourrait terminer premier de sa poule et accéder ainsi à la finale, sans devoir impérativement battre son ultime adversaire de poule, Serge Mabally (N°21) ce samedi… « Non non, je suis obligé de gagner « , préfère-t-il finalement clamer haut et fort, oubliant presque son bras gauche endolori.
Vincent Delorme
Crédit photo : DR et Léandre Leber – Gazette Sports (archive)