La défaite contre Valenciennes, en Ligue 2, a soulevé un problème palpable à l’Amiens SC depuis des semaines, mais jamais pointé avec autant de lucidité par les principaux concernés : le mental.
Patrice Descamps (entraîneur Amiens SC)
On est en souffrance ce soir.
Ce premier but, c’est un peu comme un suicide, on ne peut pas se le permettre, il n’est pas acceptable !
Si je suis en colère ? J’essaie de me prémunir de toute émotion après un match pour garder le plus d’objectivité.
Ce premier but, c’est un peu comme un suicide, on ne peut pas se le permettre, il n’est pas acceptable !
Ce premier but nous fait très mal, parce qu’on a fait une première mi-temps comme on l’a souhaitée, on a décidé d’être haut sur le terrain, d’avoir des décalages sur les côtés, il y a eu pas mal de situations, pas vraiment d’occasions. On a mis l’intensité que je souhaitais.
Cette équipe a de réelles intentions, je reste convaincu que cette première période était plutôt encourageante mais on ne peut pas se permettre de lâcher parce qu’il y a un grain de sable.
En première mi-temps, il y a eu de la défense en avançant, de l’impact dans les duels. Par contre, c’était insuffisant dans les 20 derniers mètres, on doit être plus précis, agressifs devant le but.
Dès qu’on prend un but, la machine s’enraye, les pensées négatives envahissent tout le monde et on a l’impression que c’est fini dans leur tête.
Dès qu’on prend un but, la machine s’enraye, les pensées négatives envahissent tout le monde et on a l’impression que c’est fini dans leur tête. Il faut trouver des leviers pour cette fin de saison parce que derrière, ça a gagné…
On va être très objectif, les autres ont gagné, on a ces 6 points d’avance. Ce qui m’inquiète surtout, c’est cette non capacité à réagir quand on est en difficulté. Quand je parle de regarder vers l’avant, c’est penser à quel levier activer pour ses 6 derniers matchs, pour ne pas se retrouver dans une situation trop difficile. Le levier, ce n’est pas forcément sur ce qu’on a produit dans le jeu.
Quand on prend le but, il y a encore du temps et je vois une équipe tête baissée, les mains sur les hanches. Je n’ai pas aimé.
Il faut réussir à avoir ce mental de gagnant. Quand on prend le but, il y a encore du temps et je vois une équipe tête baissée, les mains sur les hanches. Je n’ai pas aimé. Ce n’est pas l’équipe que je souhaite, ce n’est pas ce qu’on doit dégager.
En termes d’ajustements, dans les 20 derniers mètres, on a encore une marge de progression. Sur l’aspect foot, il y a matière à retirer des bons points. Mais je n’ai pas de potion magique sur l’aspect mental, il faut être capable de se révolter, la réponse est en eux.
J’ose espérer que la peur de la descente n’est pas imprégnée dans le cerveau des joueurs, il ne faut pas tomber dans une hystérie, mais il faut parler vrai : on a 40 points, il faut se réveiller quand on est en difficulté.
Mathis Lachuer (milieu de terrain Amiens SC)
Ça fait très mal. Il faut tout donner pour prendre le plus de points possibles. Il faut arrêter de parler et prendre les points. Dans les attitudes, il faut montrer autre chose parce que notre état d’esprit a été inadmissible. On manque d’humilité sur certaines choses, on fait des choses qu’on ne faisait pas avant, je ne sais pas pourquoi on les fait maintenant…
On manque de révolte. Il faut donner plus ! Il faut qu’on prenne le minimum syndical pour maintenir le club. Nos états d’âme, on s’en fout, il faut maintenir le club en Ligue 2.
Il ne faut pas avoir peur, mais il faut avoir conscience de la situation. On sait que c’est compliqué de gagner un match de Ligue 2. Donc, maintenant, il faut montrer plus dans l’état d’esprit et l’attitude, c’est tout !
Il faut marquer des buts. Et défensivement, on doit mettre plus de rigueur, parce que c’était notre point fort. Il faut qu’on tire tous dans le même sens.
Il faut se remettre en question. Il faut vider les têtes et changer de mentalité. Quand je dis ça, je sais que la mentalité est bonne, on est des bons mecs, mais il faut qu’on soit plus méchants, plus tueurs, dans tout.
Je ne vois personne qui doute parce qu’on est conscient de nos qualités, mais il faut qu’on prenne conscience de la situation. C’est grâce à Amiens qu’on joue, c’est grâce à Amiens qu’on est payés, donc il faut maintenir le club.
Ahmed Kantari (entraîneur Valenciennes FC)
J’ai apprécié la force collective qui s’est dégagée, il faut savoir souffrir ensemble, parfois. Même si je trouve qu’en première mi-temps, il y avait l’espace pour faire mieux sur nos ressorties de balle.
Sy (Lassana Sy, 19 ans, titulaire dans la cage depuis le changement de coach, ndlr) a été intéressant, même si je pense qu’il n’a pas été extrêmement sollicité. Il a fait le boulot.
Je pense que c’est une victoire méritée. On a construit notre match. On n’a pas tout fait bien, Amiens a aussi eu des temps forts, mais on a su être tranchants, être justes.
Je n’ai pas l’impression qu’on ait été très mis en danger, même si on a parfois un peu trop reculé, mais on a réussi à bien défendre en bloc.
Les changements étaient assez offensifs parce que, même si on mène, la pire des choses, c’est de se recroqueviller. C’était dans l’idée de mettre ce deuxième but. Les entrants ont apporté leur pierre à l’édifice, ils ont amené de la fraîcheur, de la justesse. Cela a permis à l’équipe de garder une certaine constance.
Amiens SC – Valenciennes FC : 0-2 (0-0)
Buts : Linguet (52′), Berthomier (71′)
Amiens SC : Gurtner – Mendy, Opoku (jaune 37′), Nojo Fofana, Ouattara (Ring 84′) – Gélin, Lachuer (Gomis 74′), Doums Fofana (jaune 34′, Bandé 66′) – Antiste (Cissé 66′), Ilenikhena, Leautey (Gene 84′)
Valenciennes FC : Sy – Linguet, Cuffaut, Poha, Lecoeuche – Masson (jaune 11′, Ben Seghir 80′), Diliberto (Berthomier 63′), Kaba – Boutoutaou (Nomel 80′), Bonnet (Haouari 63′), Hamache (Boudraa 63′, jaune 65′)
Morgan Chaumier
Crédit photos : Kevin Devigne – Gazette Sports (archives)