Serge Tristram, président de l’ESCLAMS, évoque la première partie de saison et les résultats de son équipe première, reléguée en 2022 de NM2 en NM3. Tout en formulant ses vœux pour l’équipe et le club, y compris au niveau extra-sportif.
Quel bilan faites-vous de ce début de saison ?
Dans l’ensemble, c’est mitigé car on a déjà pas mal de défaites, plusieurs évitables et on aurait aimé être mieux placé. Je pense que notre place aurait dû être dans les 3 premiers. On voulait être un véritable trouble-fête cette saison. Après, on a renouvelé l’équipe à 80% donc on sait qu’il faut du temps pour que la mayonnaise prenne. Quand on part sur une reconstruction, il faut du temps donc on ne peut pas être non plus trop exigeant. En plus, on a une équipe au complet que depuis quelque temps seulement. On est sur une équipe jeune, avec des joueurs du club et des apports extérieurs, ça commence à prendre.
Quels sont les objectifs pour la 2ème partie de saison ?
L’objectif premier reste de se maintenir, il nous manque 4 ou 5 victoires pour cela. Ensuite, on veut que l’équipe continue de progresser et se fasse plaisir. Essayer d’accrocher de grosses écuries, surtout à la maison, prouver qu’il y a du potentiel et que l’on peut prétendre à de belles choses la saison d’après.
En N3, on fait des économies à droite à gauche.
La remontée n’est pas un objectif ?
Non, ce n’est pas un objectif. Déjà la première place est presque déjà acquise par Dourges, qui est un cran au-dessus. Après, pourquoi pas aller chercher la deuxième place… On a l’équipe pour mais attention, car tout le monde s’est renforcé. On l’a vu avec nos voisins d’Amiens (l’ASCBB a remporté le derby de la métropole, le 3 décembre dernier, ndlr) qui, après un début de saison difficile, reviennent bien.
Le championnat est très homogène et ce ne sera pas facile. Assurons déjà le maintien et après on verra quelles ambitions avoir. Surtout que si aujourd’hui l’équipe est au complet, certains ne sont pas encore au niveau espéré. Je pense à Hamdi Karoui qui, pour moi, est à 50% de ce qu’il peut nous apporter. C’est un joueur qui n’est pas à son niveau aujourd’hui et s’il parvient à atteindre son niveau, nos ambitions peuvent changer. Il lui faut du temps car il a eu pas mal de blessures mais ça peut être l’atout de notre deuxième partie de saison.
Vous parlez de maintien, mais quand on voit l’équipe elle a été construite pour jouer bien mieux que ça ?
On a une équipe qui peut jouer plus et on a fait des efforts, mais on a construit l’équipe en diminuant les budgets. On a gardé des joueurs comme Théo Jouvin, Huré, Lassana, on a ajouté le jeune Gosselin puis on a fait venir Sinoquet et des apports extérieurs. On a fait une équipe pour jouer les premiers rôles, la montée c’est peut-être un peu juste. On voit que Dourges est au-dessus et il y a des équipes comme Roncq qui sont costaudes, qui ont l’expérience et l’habitude de jouer ensemble. Il y a encore aujourd’hui du travail pour aller jouer la montée.
Avez-vous eu peur, après la vague de départs cet été, de ne pas réussir à avoir une équipe compétitive ?
Peur non car, Salah Koné a travaillé très tôt sur le recrutement et a réussi à très vite valider la re-signature de certains et l’arrivée de Brice Petris et Sidiki Koné, ce qui nous a permis d’avoir une bonne base. On a ensuite fait venir Thomas Sinoquet puis on a scruté le marché étranger pour le secteur intérieur. Ça a été notre grosse difficulté avec des arrivées très tardives qui nous ont handicapé sur le début de saison. Cela nous a coûté des matchs et a, je pense, influé sur nos ambitions.
Cela est dû aussi à la non-arrivée de deux joueurs attendus ?
Oui, on avait misé sur un Américain qui n’a pas pu venir pour des raisons de papiers que l’on a attendus longtemps, avant de se pencher sur une autre piste. Ensuite, on a eu un joueur sénégalais mais son titre de séjour n’arrivait pas et la saison commençait à être bien entamée… On a donc dû faire un choix en se tournant vers autre chose. Finalement, on aurait pu le signer à 15 jours près, car il a obtenu son titre de séjour peu de temps après. Ce sont les aléas quand on signe des joueurs étrangers et c’est le problème de construire une équipe presque au complet.
Dans le recrutement il y avait aussi un paramètre économique après la descente ?
Oui, le budget est différent car on est dans un contexte de plus en plus compliqué. On a construit une équipe beaucoup moins chère. Après, en N3, on fait des économies à droite à gauche qui nous ont permis d’avoir un budget compétitif pour la division. On était juste en N2 et c’est pour cela que l’on est descendu.
Notre objectif, c’est de retrouver le niveau N2 dans les années à venir.
Quel est le projet du club, à court et moyen terme ?
On veut conserver l’équipe au maximum pour avoir de la stabilité et c’est aussi pour cela que l’on a pris des jeunes joueurs. On a des jeunes du club, en réserve ou en cadets, qui vont aussi arriver. Notre objectif, c’est de retrouver le niveau N2 dans les années à venir mais surtout de faire une équipe stable. On ne veut plus refaire une équipe chaque saison et pour cela il faut s’appuyer sur des joueurs de la région, ce que l’on avait très peu en N2. On va donc construire une base avec des jeunes et y apporter des joueurs externes à forte plus-value. Après, il faut aussi que le club se reconstruise pour avoir les armes pour évoluer en N2 et un budget en conséquence.
Vous avez coupé le contrat d’Andrius Globys, pourquoi ?
On a fait ce choix pour des raisons sportives et économiques. Il est arrivé après l’échec de notre Américain et car on avait pas encore finalisé Tolliver. C’était un joueur muté qui a pris la place de Thomas Sinoquet à son arrivée. En le coupant, on a pu remettre Thomas dans l’équipe et on s’est rendu compte que sportivement l’équipe avait un bon équilibre malgré ce départ, avec l’arrivée aussi d’Hamdi. Après, financièrement c’est un joueur qui nous coûtait bien plus cher que Thomas et payer un joueur à ce tarif pour qu’il ne joue pas, ce n’était pas possible. Surtout que ces performances ont vite été en dessous de ce que l’on était en droit d’attendre au vu de ses prétentions salariales. On a donc fait le choix de le couper.
On voit que le public répond présent à domicile comme à l’extérieur : c’est important pour vous ?
C’est très important pour nous d’avoir le retour du public mais ce n’est pas une surprise car les gens viennent pour voir une équipe gagner et prendre du plaisir. Ces dernières saisons, on faisait que perdre et cela démoralise les gens… On savait que le public allait revenir avec les victoires. On a eu la création d’un groupe de supporters qui met une superbe ambiance et donne vie à Pellerin (le gymnase Georges Pellerin, où évolue l’ESCLAMS, ndlr). Ils sont très importants pour nous et on les accompagne du mieux possible, avec des maillots aux couleurs du clubs offerts, par exemple. C’est important d’un point de vue économique d’avoir du monde, mais surtout c’est plaisant d’avoir une telle ambiance le samedi soir.
Je n’ai pas envie qu’un club historique, qui fête ses 100 ans, donne cette image.
Pourtant les conditions d’accueil ne sont pas optimales, surtout en cette période hivernale ?
Oui, c’est une question que j’évoque avec les différents services. Je trouve que la Métropole, par le biais de Monsieur Duflot, la ville de Longueau par l’intermédiaire de son maire, ou Eric Guéant pour le secteur Est, chacun a pris conscience de l’état des salles, car il n’y a pas que Pellerin. On comprend qu’il y a des budgets et des contraintes économiques mais quand vous accueillez des gens dans une salle où il fait froid, il y a des trous dans les murs, des plaques qui tombent du toit ou des fuites, ce n’est pas sérieux. Les installations ne sont pas au niveau des ambitions d’un club comme Longueau et quand des équipes du Nord par exemple, ou de région parisienne, viennent quelle image on donne ? Je n’ai pas envie qu’un club historique, qui fête ses 100 ans, donne cette image. On ne peut pas être systématiquement les parents pauvres du sport amiénois. Après, ils sont à l’écoute et je pense, enfin j’espère, que l’on est sur la même longueur d’onde…
On parle d’une possible délocalisation dans une salle d’Amiens : pour vous, ce serait un problème ?
Que l’on nous délocalise de manière provisoire le temps de travaux, oui c’est logique et il n’y pas de problèmes. Mais sinon, oui c’est problématique, déjà pour une partie de nos supporters qui viennent à pied ou en transport en commun, par exemple. Et puis le sport de haut niveau ne peut pas être que sur Amiens. On est sport amiénois et on en est fier, mais Longueau fait partie de la métropole et c’est une commune importante (la 2ème la plus peuplée de l’agglomération, ndlr). On doit répartir le sport sur la métropole et on est attaché à notre entité. On veut rester à Longueau, c’est une certitude car la ville de Longueau mérite que son équipe de basket reste ici.
Vous avez retrouvé Amiens cette saison : quelle saveur cela-a-t-il pour vous ?
C’est toujours plaisant de jouer les derbys et quand on voit le monde présent à la Hotoie, ça fait vraiment plaisir. Cela prouve que le basket amiénois va bien et attire. Je suis content que la métropole puisse avoir deux équipes à ce niveau. Alors cela fait resurgir les débats sur une fusion entre les deux clubs, ce qui n’était pas le cas quand on était en N2 et eux en R1. C’est assez drôle car c’est un éternel recommencement, cette histoire. Il y aura toujours cette grande question d’une fusion, je crois.
Vous aviez émis un doute sur le fait de continuer l’été dernier : aujourd’hui, vous ne regrettez pas ?
Non je ne regrette pas du tout. J’ai eu une hésitation qui pour moi est légitime car je travaille et le bénévolat, ça prend du temps. Les dernières saisons en N2 ont été éprouvantes et j’étais un peu fatigué. J’ai aussi pris cette descente comme un échec qu’il faut digérer. Il était donc important de se poser et de voir comment repartir, avec quels moyens, avec quelles personnes. Des gens sont venus se greffer, d’autres ont pris du recul et c’est normal car le bénévolat c’est fatigant et avec l’âge, on ne peut plus forcément. Je voulais repartir en pouvant être à 100% dans le projet, ce qui est le cas aujourd’hui. J’ai toujours envie de donner pour ce club et lancer un nouveau projet. Je suis satisfait de la façon dont le club évolue et il y a de belles perspectives d’avenir.
Que peut-on justement vous souhaiter pour l’année à venir ?
Déjà un maintien très rapide. Puis après de faire plaisir au public avec de belles victoires à la maison, pour rendre au public ce qu’il nous offre. Et une belle place sur le podium. Après je n’oublie pas le club et nos équipes de jeunes. Qu’elles continuent de bien jouer, de progresser et que l’on continue de former des joueurs.
Aurélien Finet
Crédit photo : Coralie Sombret, Louis Auvin et Kevin Devigne – Gazette Sports