Après la nouvelle défaite de l’ESC Longueau, ce dimanche à Chantilly, la 8ème en 8 matchs de N3, Christophe Huck, entraîneur du promu, dresse un constat lucide sur les carences de son groupe. Mais assure que le maintien reste possible.
Vous avez vécu un nouveau dimanche compliqué…
C’est une journée catastrophique pour nous, que ce soit par le résultat mais aussi vu les événements. On perd deux joueurs qui sont allés aux urgences, avec un traumatisme crânien et une possible grave blessure au genou. C’est clairement une journée à oublier pour nous.
C’est aussi une vraie occasion manquée de vous relancer ?
Oui, on s’était dit que ce match était pour nous un peu un match de notre survie. On savait qu’en cas de victoire, on pouvait revenir à 3 points avec un match en moins et donc potentiellement mettre Chantilly derrière nous. On n’a pas réussi donc forcément il y a de la déception, encore une fois. Dans l’état d’esprit, on a été à la hauteur mais on manque encore une fois de réalisme dans les derniers gestes et dans nos 16 mètres. On paye cash chacune de nos erreurs et inversement on n’en profite pas. Il faut être réalistes et conscients que l’on manque de talent devant le but. On mène 1-0 et alors que l’on demande d’aller jouer chez eux (dans leur camp, ndlr) et ne pas prendre de risques pendant les 5-10 minutes qui suivent, on prend un but au bout de 2 minutes...
Ce but nous fait très mal surtout que l’on en prend un deuxième presque dans la foulée. On réagit bien en fin de première période et on évolue dans leur camp toute la seconde période. Mais on ne marque pas encore une fois et on prend un troisième pion. Après, on ne peut pas dire tous les dimanches que c’est un hold-up car là ce n’est pas forcément immérité, même si on passe une nouvelle fois pas loin. Si on regarde le classement, on est pas si loin du premier non relégable mais avant de regarder aussi haut, il faut regarder juste devant pour aller grappiller les places les unes après les autres.
Dans notre situation, ce n’est pas simple de faire venir un joueur capable d’apporter un plus.
Comment expliquez-vous ce manque de réalisme ?
On manque clairement de qualité devant. C’est un constat quand on manque autant d’actions et que l’on marque aussi peu de buts. Les résultats montrent que l’on est pas loin mais qu’il manque un petit quelque chose. On est au niveau mais il nous manque ce petit truc qui va vous faire basculer un match et vous faire gagner. Et pour nous, c’est un manque de réalisme devant le but. Si l’on ne corrige pas cela, ça va être compliqué mais je reste confiant en notre capacité à inverser les choses. On ne peut pas leur reprocher des choses de ce côté car ce n’est pas par manque d’envie ou par suffisance.
Comment faire pour y remédier, cela peut passer par le recrutement ?
Il y a pas forcément d’autres solutions… En tout cas, il n’y a pas de joueurs qui peuvent nous sortir de là et faire des différences, sinon je les aurais pris, ou alors c’est que je ne l’ai pas vu est c’est grave ! J’estime que l’on manque de qualité mais on peut, en travaillant, combler ce manque. Il y a aussi le retour, j’espère rapide, d’Ibrahima (Thiam) et après il y a aussi des associations que l’on n’a pas encore testées. Ensuite en réserve, il y a quelques joueurs que l’on va peut-être incorporer à l’entraînement dans un premier temps pour voir puis pourquoi pas leur donner leur chance. Mais on n’aura pas de joueur miracle en attaque capable de nous faire gagner un match par son talent. Pour le recrutement, on n’a pas forcément les moyens d’aller chercher quelqu’un mais au-delà de ça, il y a les réalités du terrain. On est derniers, il faut recruter un joueur qui a une expérience et la capacité d’être décisif à ce niveau. Il y a un prix et on n’a peut-être pas les moyens mais surtout il faut réussir à le convaincre. Dans notre situation, ce n’est pas simple de faire venir un joueur capable d’apporter un plus. S’il y a une opportunité, il faudra peut-être y réfléchir mais pour le moment ce qui m’intéresse, c’est d’essayer d’optimiser au mieux mon groupe.
L’exploit de se maintenir, personne, à part nous, doit le croire encore possible aujourd’hui…
Vous n’avez pas peur que cette défaite et cette journée laissent des traces ?
C’est un coup derrière la tête de tout le monde de perdre une nouvelle fois et de voir des coéquipiers quitter le terrain de la sorte. Pour Yael (Lemaire, ndlr), j’espère que ce n’est rien de grave, un petit traumatisme crânien et qu’il pourra revenir rapidement. Pour Joackim (Betina, recruté en octobre, ndlr), on attend les résultats mais on craint une grave blessure au genou. Il sera absent un moment mais j’espère pour lui que cela ne signifie pas la fin de sa saison et que ça ne va pas compromettre la suite de sa carrière. Après, les joueurs continuent d’y croire et on va continuer de travailler pour ne rien lâcher. Mais il est évident que cette journée va faire mal aux têtes.
Il va falloir prendre des points avant la trêve pour garder un minimum d’espoir ?
On veut prendre des points à chaque match et on aimerait voir comment on réagit avec quelque points… Il est certain que si on bascule avec zéro point à la trêve, mentalement, ça va être extrêmement complexe car il y a une usure mentale certaine. Mais on ne lâche rien et on continue d’y croire. Certains de vos confrères nous on mis déjà les deux pieds en R1 avant le match, là ils vont creuser notre tombe… Mais nous, on continue d’y croire et c’est pour cela que l’on continue de jouer chaque dimanche.
Vous restez donc optimiste malgré la situation ?
Oui, sinon j’aurais déjà arrêté. Tant qu’il y aura des soldats à mes côtés, j’irai à la guerre… On va me prendre pour un fou mais on peut encore se maintenir. Le foot offre des possibilités de scénarios fous et il va nous falloir de la folie pour essayer d’écrire l’histoire. On n’a rien de notre côté depuis le début de saison et on enchaîne les galères, mais à un moment, ça va tourner de notre côté. On se doit de ne rien lâcher et peut-être qu’à la fin de saison on dira, Longueau s’est maintenu en ayant perdu les 8 premiers matchs, les gens qui vont lire ça vont dire que je suis complètement fou ! Mais si l’on n’y croit plus, on s’accroche à quoi ? Tant qu’il y a de l’espoir, on doit y croire. Il faut continuer de travailler et repartir au combat dès la semaine prochaine dans un match qui sera une nouvelle fois très important pour notre survie. Mais vu la situation, chaque match a une très grande importance. On vit une expérience humaine et sportive très compliquée. Je n’ai jamais vécu ça depuis que je suis dans le football. Cela doit nous servir et je pense que chacun d’entre nous en sortira grandi, en tant que personne et sportif quoi qu’il arrive et encore plus si l’on crée l’exploit de se maintenir. Ce que personne, à part nous, doit croire encore possible aujourd’hui…
Aurélien Finet
Crédit photo : Kevin Devigne – Gazette Sports (archives)