« La France n’est pas un pays en voie de développement au plan sportif ». Nous entamons aujourd’hui le troisième volet consacré aux JO de Munich avec à l’ordre du jour : le sport à l’école. Sujet important et qui du reste est toujours d’actualité.
Dans son édition du samedi 26 aout 1972, le journal l’Equipe ouvre sa Une sur la cérémonie d’ouverture des JO de Munich qui voient la participation de 8500 athlètes représentant 130 pays et qui vont lutter pour décrocher 1109 médailles.
Nous sommes au lendemain de l’élection du nouveau président du CIO l’Irlandais lord Killanin qui succède à l’Américain Avery Brundage.
Tous les éditorialistes espèrent que ces Jeux seront marqués du sceau de la paix car personne n’a oublié que Munich a été le prélude à la deuxième guerre mondiale avec ce rendez-vous manqué des grands chefs d’Etat. A cette époque, la télévision commence vraiment à s’installer dans les foyers et cette cérémonie d’ouverture sera suivie par un milliard de téléspectateurs.
Il est aussi question de l’état physique de certains des athlètes français qui sont blessés tels Sylvie Telliez, François Tracanelli et Jack Pani. Le drapeau français est porté par l’escrimeur Jean-Claude Magnan qui se dit très honoré et considère que pour un sportif, c’est la plus belle récompense qui puisse exister.
Toutefois et avant qu’hélas, ces Jeux ne soient martyrisés, le sujet principal évoqué dans l’Equipe est le suivant : le sport à l’école. Vieux serpent de mer qui est toujours à l’ordre du jour puisqu’on l’a noté l’an dernier quand le capitaine de l’équipe de France de basket Evan Fournier a reproché ses déclarations au Ministre des Sports de l’époque qui, avec un certain sang froid, avait déclaré que les médailles glanées à Tokyo étaient dues au sport pratiqué à l’école en rendant hommage aux enseignants.
Avant les Jeux de 1972, le Colonel Crespin Directeur des Sports et Joseph Comiti, Secrétaire d’Etat aux Sports avaient été interrogés par la télévision. Tous deux avaient admis qu’en dépit des efforts fournis, il restait beaucoup à faire.
« Nous ne sommes pas tout à fait un pays sous-développé en matière sportive mais nous ne sommes pas non plus évolué. Disons que sur le sport, nous sommes un pays en voie de développement ». Un aveu qui en disait long sur les mentalités de cette époque.
Joseph Comiti poursuivait : « la mécanisation de la vie quotidienne réduit le goût de l’effort physique ». Nous sommes éberlués même si à cette époque ces propos n’avaient guère surpris l’opinion. Et Comiti de conclure « qu’il fallait privilégier la priorité scolaire ».
Le journaliste Edouard Seidler n’hésitait pas et il ajoutait « qu’il y avait une vraie indigence sportive française. » Mettez vous à la place des 250 athlètes français qui étaient présents à Munich et qui étaient confrontés avec un pessimisme ambiant.
Edouard Seidler concluait de cette façon : « Puisse l’opinion ne pas oublier que le procès de l’éducation sportive française est ouvert et le restera tant que la France n’aura pas résolu d’être une nation sportive à l’école, à l’usine et sur le stade et pas seulement devant les écrans de télévision ».
Les mentalités ont-elles vraiment changé?
Lionel Herbet
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