Ce mercredi aux championnats d’Europe de Munich a été marqué par un succès moindre en performance pure pour les athlètes de l’Amiens UC. Mais leur état d’esprit penche plutôt vers le positif.
Ce mercredi matin, c’est Jean-Baptiste Bruxelle qui était l’objet de tous nos regards du haut de l’immense tribune de presse de l’Olympiastadion. Le lanceur de marteau de l’Amiens UC disputait en effet le concours de qualification, dans un groupe relevé qui le voyait notamment se mesurer aux récents médaillés Mondiaux : le Polonais Fajdek – l’homme le plus médaillé et titré dans la discipline depuis la création des championnats du Monde – et le Norvégien Henriksen. Deux champions d’une douzaine d’années les aînés du tout juste vingtenaire amiénois.
Cela commençait par un jet assez loin, mais hors secteur. Pas perturbant pour autant pour le lanceur samarien : « Un concours, ça se construit. À l’instant T, je serais peut-être monté vers la 10 ou 11ème place, mais le concours évolue et il aurait de toute façon fallu que j’évolue. Il fallait absolument envoyer, pour que le vrai jet, qui m’aurait permis de faire ce qu’il faut, parte. » Finalement, il n’est pas parti, Jean-Baptiste Bruxelle se contentant d’un meilleur jet à 70,79 m. Mais au final, « pas de déception, j’en aurais eu si je n’avais pas pu me donner à fond, si j’avais perdu mes moyens. Ce qui n’a pas du tout été le cas. Je m’en suis tenu au plan, j’ai fait un échauffement plus rythmé, pour ne pas être sur un faux rythme dans le concours. »
Il ne fallait pas que j’assure, il fallait que j’y aille à fond !
Jean-Baptiste Bruxelle
Surtout, il détaillait longuement quelle était la stratégie sur ce concours, ce qui explique peut-être qu’il n’ait pas figuré plus haut au classement : « On savait qu’il fallait faire une grosse performance pour passer, qui aurait été dans mes meilleurs jets de la saison. Mon premier jet hors secteur était mieux que ce que j’ai fait ensuite, mais je ne pense pas, de toute façon, que ça aurait servi. Le fait de se dire, je vais y aller à fond et en même temps je vais être propre techniquement, je n’ai pas encore un record personnel qui fait, comme Quentin (Bigot, ndlr) ou Fajdek, que je peux le faire sur 4 tours, assurés. Ce n’était pas du tout mon cas, il ne fallait pas que j’assure, il fallait que j’y aille à fond ! »
Une expérience enrichissante
« On savait d’avance que ça allait passer dans ces environs. On n’était pas venu pour assurer… Assurer un jet comme ça, je ne sais pas faire. Il fallait envoyer, ça n’est pas passé… Ça viendra avec l’expérience. Je sais qu’avec, on apprend à gérer sa technique, l’adrénaline et la vitesse. Mais je ne voulais pas pas partir dans un schéma où je me mettais propre techniquement (sic) mais j’envoyais moins. J’aurais pu faire 71,50 comme ça, mais ça ne m’aurait servi à rien. Le principe, c’était de passer en finale. Et même là, en y allant au feeling, à la niaque, je fais mieux que mon classement d’engagement, je suis dans les clous. Même sans avoir la technique vraiment fine pour un concours comme ça, je peux être dans les bases compétitives de ce sur quoi je suis venu. » Aligné 21ème sur la ligne de départ, il termine ainsi 20ème.
Tout cela suffit à comprendre pourquoi JB Bruxelle n’a « donc vraiment aucun regret. J’y suis allé à fond, avec mes armes. Il y a encore des choses à revoir, mais ça, c’est le manque d’expérience. » Qui sera un peu moins important la prochaine fois, car son premier Euro chez les grands aura été « une bonne expérience qui va être bénéfique pour la suite. » Et que le lanceur de Serge Foucat a savouré : « C’est incroyable, c’est une expérience unique ! J’ai vraiment pris du plaisir. C’est vraiment une expérience fantastique. Tout est source d’apprentissage, surtout dans un concours comme ça. »
Deux sans trois pour Jordier
Pas non plus d’exploit pour Thomas Jordier sur 400 m. S’il avait battu son record personnel deux fois successivement en série et en demi-finale, l’athlète de l’AUC a semblé un peu émoussé et termine 8ème de la finale. Une sensation de manque de fraîcheur qu’il confirme à demi-mots en analysant sa course, dont il est ressorti « frustré », à chaud : « Fin de course désastreuse, c’est la fin de course qui a pêché. J’étais bien sur le premier 150, mais sur la ligne droite opposée, je ne sentais pas si facile. Je me suis peut-être un peu trop calé sur Hudson (le Britannique Matthew Hudson Smith, victorieux en 44.53, ndlr) qui m’a mené dans un rythme de fou, que je n’arrive pas assumer pour l’instant et je perds mon placement de bassin. Je n’avais pas 45.00 dans les jambes aujourd’hui. Au max, j’avais 45.30… Dans tous les cas, c’était perdant. Donc 5ème ou 8ème, ça ne change rien à mes yeux. »
Au max, j’avais 45.30… Dans tous les cas, c’était perdant. Donc 5ème ou 8ème, ça ne change rien à mes yeux.
Thomas Jordier
Mais s’il visait clairement la médaille, « ce n’est pas grave, je reste fier, j’ai fait deux fois mon record. » Et puis, « j’ai voulu prendre un tout petit peu plus de risques sur le premier 100 m. » Un risque sans lequel il aurait de toute façon été difficile de réussir un chrono à même de l’amener sur la boîte, qui s’est jouée en 45.17. Le genre de temps sur lequel Thomas Jordier se projette déjà pour la suite : « Pour lâcher un chrono dans les prochaines années, il faut partir sur ces bases-là. » Et comme pour résumer son état d’esprit à chaque fois que nous l’avons interrogé, « je prends cet échec comme une belle victoire » lâche-t-il. Reste toutefois encore le relais pour Thomas Jordier, ce vendredi pour les séries et samedi pour une éventuelle finale, avec un espoir non négligeable de médaille.
Enfin, la Belge de l’Amiens UC Cynthia Bolingo fermait le bal, avec une 7ème place, sur la même distance, mais avec une bonne humeur dont elle ne se départait pas. « Je trouve que c’est une bonne course », nous a-t-elle confié, en admettant toutefois avoir eu « du mal » dans la dernière ligne droite. C’est qu’elle porte aussi un regard plus global sur cette compétition : « Je suis vraiment super fière de moi, d’avoir pu retrouver ce niveau. Pas de déception, ce ne serait pas correct vu cette saison. C’est presque de l’ordre du miracle que j’ai pu courir à ce niveau cette année. »
Notons que ce jeudi, c’est calme plat pour les Amiénois qui ne reviendront qu’à partir de vendredi, la majorité du temps à l’occasion des relais.
De notre envoyé spécial à Munich, Morgan Chaumier
Crédit photo : Morgan Chaumier / Kevin Devigne (archives) – Gazette Sports