Thomas Jordier s’est brillamment qualifié pour la finale du 400 m des championnats d’Europe à Munich en remportant sa demi-finale. Pour le reste, les athlètes de l’Amiens UC ont connu des hauts et des bas.
Ils étaient deux Français de l’Amiens UC en lice ce mardi. Et force est de constater que les résultats sont très contrastés. D’un côté, Thomas Jordier a sorti une grande performance. Non seulement le spécialiste du tour de piste n’a pas tremblé pour s’assurer la qualification, prenant même la première place de sa série devant le 2ème performeur européen de la saison. Mais en plus l’a-t-il fait en confirmant sa grande forme, avec un chrono de 45.37 qui améliore d’encore deux centièmes son record personnel, établi la veille. Et pourtant, bien que Thomas Jordier ait insisté sur les changements à apporter là-dessus, la physionomie de course était similaire : « Je pense que c’est ancré en moi pour cette fin de saison ! Mais pour les saisons à venir, il faudra partir un peu plus vite et finir aussi fort. C’est à gérer. L’année dernière, je partais plus vite mais je terminais moins fort et ça donnait des chronos moindres. »
Ça arrive à point nommé pour cette saison. C’est très encourageant.
Thomas Jordier
Pour autant, « je suis très content d’arriver en forme aujourd’hui, nous confie l’Amiénois en Bavière. Ça arrive pile au bon moment, même si j’aurais quand même bien aimé faire les Jeux, mais, oui, ça arrive à point nommé pour cette saison. C’est très encourageant. » D’autant que Thomas Jordier s’attend à une finale disputée, où il aura sa chance : « On est tous resserrés donc on peut tous viser une place sur le podium. La pression sera sur Hudson (le Britannique Matthew Hudson-Smith, ndlr), parce que c’est le tenant du titre, le premier au bilan, le meilleur temps des demi-finales. À nous de jouer pour lui donner du fil à retordre. On a bien travaillé, je vais faire tout mon possible pour prendre une belle breloque. » Pour cela, l’ingrédient important sera d’avoir « bien récupéré pour donner le meilleur de soi. » Une mission tout à fait possible. Après tout, « les moins de 24h (entre les séries et les demi-finales, ndlr) ont fait beaucoup de mal sur le plan physiologique » sans lui boucher le passage vers la finale, et « là, on va avoir plus de 24h. »
Douche froide mais philosophie pour Maëlly Dalmat
En revanche, cela a été la douche froide lors des qualifications de la longueur. Certes, Maëlly Dalmat partait de loin pour obtenir la qualification, avec l’étiquette d’outsider, mais, après tout, les 6,49 m de la dernière qualifiée, Merle Homeier étaient à la portée de l’Amiénoise qui a déjà réussi à atteindre au moins cette marque à trois reprises dans sa carrière. Oui, mais voilà, la sauteuse entraînée par Jorice Bassola n’est pas parvenue à faire mesurer le moindre saut, mordant ses trois essais, même si le dernier se joue à rien.
Alors, l’Axonaise d’origine était, forcément « très frustrée de repartir avec trois essais, sans un saut mesuré. » Une frustration d’autant plus grande au regard du dernier bond : « C’est la nouvelle règle pour tout le monde, essai, c’est essai, mais je pense qu’avec la plasticine, les juges auraient mesuré. » Pour autant, c’est une athlète, du haut de ses 20 ans, avec beaucoup de recul avec qui on s’est entretenu en zone mixte, pourtant à chaud après le concours. « Je vais regarder avec mon coach ce qu’il s’est passé, on va régler tout ça, parce que la saison n’est pas terminée, se projette-elle, non tout de même sans une pointe de regret. Mais c’était quand même l’objectif de ma saison, j’avais un autre objectif, passer en finale. J’ai un meeting en Italie le 30 et il me reste aussi les championnats méditerranéens. Même si ce n’était pas l’objectif de ma saison, avec mon coach, on va essayer de se remobiliser pour ne plus que ça se reproduise. »
Et si la performance n’a pas été au rendez-vous, Maëlly Dalmat ne l’attribue pas au contexte. Que ce soit l’ambiance, largement réchauffée par rapport à la veille – « En termes de public, j’ai fait les championnats du monde (cadets, ndlr) au Kenya en 2017, le stade était beaucoup plus rempli, donc ce n’était pas nouveau, pas une pression pour moi » – ou tout simplement l’ampleur de l’événement, qui se ressent pourtant où que l’on se promène sur les installations bavaroises. « Sur le moment, on ne s’en rend pas compte, estime-t-elle pour sa part, je l’ai très bien vécu ce championnat, malgré le résultat, j’ai pris du plaisir, même si derrière, la déception est là. »
Les Belges ont la patate
Du côté des Belges licenciés à l’Amiens UC, les résultats sont mitigés mais la bonne humeur était au rendez-vous. Forcément, c’était le cas pour Cynthia Bolingo. Toute proche de la disqualification à cause d’un faux départ, elle n’écopait que d’un avertissement avant de prendre la deuxième place de sa demie avec sa meilleure performance de la saison (50.83), synonyme de qualification, pour elle aussi, en finale du 400 m. « Je suis vraiment satisfaite, parce que j’ai réalisé ce que je voulais faire. J’ai vraiment eu une grosse frayeur avec le faux départ, mais heureusement, j’ai pu gérer. » Une performance d’autant plus notable qu’elle partait dans le couloir 8, « pas celui que je préfère, je préfère chasser. »
Pas de finale, en revanche, pour Kobe Vleminckx, sur 100 m, échouant avec le 19ème temps des demies, mais de la satisfaction malgré tout. Car pour lui « l’objectif, c’était les demi-finales » et le bilan est « bon ». Mais à cela se mélangeait aussi le sentiment que cela avait été « difficile de mettre ensemble tous les éléments » pour accrocher les meilleurs, après des « premiers mètres avec tout le monde. » Mais dans ce « tout le monde », il y avait de sacrés champions difficile à garder à ses côtés, à l’image de Marcell Jacobs, le champion olympique : « C’est ce que vous voulez, d’être aussi près, courir à ses côtés, c’est vraiment sympa, c’était un sentiment incroyable, on a envie que cela arrive plus souvent ! »
Enfin, Niels Pittomvils en a terminé avec son décathlon. Et si c’est sur une 12ème place, c’est déjà une chose que savoure le Belge : « C’est une satisfaction, finir un décathlon, cela donne de la fierté. Je suis très heureux. » Et dans une journée où il a souvent été en retrait par rapport à ses concurrents, le disque a fait figure de beau moment avec une 3ème performance : « Cela s’est très bien passé. Je suis content, j’ai été capable d’être fort pour mettre le bras dedans sur le troisième essai. » Surtout, ce décathlon a été l’occasion de se rassurer, avec, mine de rien, son deuxième total de points, 7862 : « Ça donne confiance pour le futur. je manque juste un peu de compétition sur quelques disciplines, mais ce n’est pas étonnant après une grosse blessure. » Le Flamand, qui nous a répondu en français, a aussi savouré l’ambiance d’un public qui a particulièrement su pousser derrière les décathloniens, locaux, mais pas que : « C’est une culture à l’allemande. Si tu as des Allemands avec un très haut niveau, le public est là. En plus, je crois que c’est un public qui connaît très bien le déca, ça donne de l’énergie, c’est fou ! »
De notre envoyé spécial à Munich, Morgan Chaumier
Crédits photos : Morgan Chaumier / Kevin Devigne (archives) – Gazette Sports