Revenant sur une défaite contre Maubeuge qu’il juge assez symptomatique de ce qu’est son équipe, Azouz Hamdane se projette déjà sur le travail à faire pour faire mieux en seconde partie de saison.
Bonjour, que s’est-il passé à Maubeuge, pour cette défaite 3-0 ?
Il s’est passé ce qu’il se passe tous les 2-3 matchs avec cette équipe. On peut être une équipe extraordinaire comme catastrophique. Sur ce match, on a plutôt fait un bon match.
On prend un but sur un contre, à l’extérieur… Malheureusement, en plus, sur l’un de nos temps forts où l’on n’arrive pas à faire la différence, à marquer. Et après, le deuxième, on gagne un premier duel mais le ballon retombe à l’entrée de la surface de réparation et comme on ne met pas de densité, c’est un joueur de Maubeuge qui la reprend pour marquer. Et le dernier, c’est une petite erreur de notre gardien qui repousse un corner rentrant dans les pieds d’un attaquant. Et ça fait 3-0 alors qu’on n’a pas fait un mauvais match.
Mais on est tellement catastrophique dans nos 30 derniers mètres… Si on marque le premier but, parce qu’on a la première occasion, ça peut évoluer en notre faveur, mais on n’a pas su concrétiser cette première occasion au contraire d’eux pour qui leur première frappe fait but. Ils se sont mis dans une situation confortable, nous, on s’est mis un peu à douter. Ils ont fait ce qu’il fallait faire. Ce n’est pas une équipe clairement au-dessus de nous, mais au niveau collectif et de la discipline tactique, c’est là-dessus qu’elle a gagné son match. Alors que nous, on s’est beaucoup trop éparpillé à la perte du ballon, on n’était pas du tout regroupé, il n’y avait pas du tout de densité, on n’était pas assez compact, on a laissé trop d’espaces à cet adversaire qui n’en demandait pas tant.
On manque vraiment de discernement au niveau des réponses à apporter sur le plan émotionnel et sur le plan tactique.
Votre équipe ne pêche-t-elle finalement pas dans la gestion du déroulé des événements ?
Oui, c’est exactement ça. On manque vraiment de discernement dans la gestion de nos matchs, de nos situations. On est euphorique quand on est sur un temps fort, on n’est pas assez attentif à nos pertes de balle, à bien se regrouper. On manque vraiment de discernement au niveau des réponses à apporter sur le plan émotionnel et sur le plan tactique. Et ça donne une première partie de saison comme on vient de la vivre, à savoir une équipe qui peut être très bonne comme catastrophique.
On l’a vu sur un seul match contre Feignies. On l’a vu également contre Vimy, où l’on a été catastrophique en première et très bon en seconde période. C’est comme ça depuis le début de saison, il manque beaucoup de choses. Ça passe par de la maturité qui va amener le bon discernement. On a trop de manques pour espérer mieux, je pense qu’on est à notre place. Et c’est frustrant parce que j’ai toujours l’impression qu’on peut mieux faire. À chaque fois que je vois de bonnes séquences, je me dis que c’est dommage de s’emmerder (sic) de la sorte, mais il faut se rendre à l’évidence qui est que l’équipe n’est pas capable de faire mieux que ça, pour l’instant, en tout cas.
C’est une équipe qui a des limites, mais qui n’est pas catastrophique, il n’y a donc pas encore lieu d’avoir une inquiétude outre mesure ?
Non, pas du tout. Cette équipe a beaucoup de limites, ces joueurs ont beaucoup de limites, parce qu’ils ont la personnalité qu’ils ont. Et il est difficile avec certaines personnalités de construire quelque chose d’impalpable : parce qu’on est souvent dans la conviction avec eux, ils ont besoin de se brûler pour se rendre compte du danger, ils ont du mal à l’anticiper. On n’a pourtant pas besoin de se brûler pour savoir que le feu, ça brûle. Mais quand on leur dit quelque chose, ils ne nous croient pas forcément et ont toujours ce besoin d’en faire la douloureuse expérience. C’est ce qui nous coûte.
Maintenant, non, ce n’est pas catastrophique, parce que l’état d’esprit est là. Ce n’est pas catastrophique mais ça peut parfois être inquiétant. Justement parce que l’état d’esprit est là, qu’ils font beaucoup d’efforts. J’ai l’impression, parfois, que nos gains sont trop peu importants par rapport aux efforts fournis. Je me dis qu’il n’y a pas grand-chose à changer, peut-être un ou deux joueurs supplémentaires avec un peu de maturité qui ramèneraient un peu de calme, un peu de sérénité, qui pourraient guider l’équipe dans les moments où elle en a besoin.
Et puis, revoir deux, trois petites choses, remettre peut-être certains compteurs à zéro avec certains joueurs qui se sont peut-être sentis installés, remettre une concurrence régulière. Ça, c’est plutôt au niveau du staff, de moi. La remise en cause, on doit tous l’avoir, je demande aux joueurs de l’avoir, mais aussi à mon staff, moi le premier. On sait où sont les difficultés, on sait où sont les maux, on va travailler pour passer une deuxième partie de saison un peu plus heureuse. Maintenant, en termes comptable, ce n’est pas non plus catastrophique, on est sur 10 matchs, dont 9 à l’extérieur, il ne faut pas l’oublier, on a 12 points, 1.2 points de moyenne, ce n’est pas génial, mais ce n’est pas catastrophique. On est à notre place.
Il faut être fou pour espérer d’autres résultats en alignant toujours les mêmes ingrédients.
C’est donc vraiment une option sur la table d’avoir un renfort cet hiver ?
Ah, oui, c’est indispensable ! Et ce n’est pas recruter pour recruter, c’est un profil bien précis. Si on n’a pas ce joueur d’expérience qui est capable d’amener un peu de sérénité, de calme quand ça ne va pas, ou même de réflexion tactique sur le terrain pour nous servir de relais, parce que ce joueur, on ne l’a pas, c’est clair que je vais encore me répéter, on va encore prendre des 2-0, 3-0, parce que pour avoir d’autres résultats, on ne peut pas mettre les mêmes ingrédients. Ce n’est pas possible. Il faut être fou, je pense, pour espérer d’autres résultats en alignant toujours les mêmes ingrédients.
Il y a deux trois leviers qu’on peut actionner sur cette deuxième partie de saison. Sachant qu’on en a déjà actionné quelques uns pour éviter de revivre la saison dernière. Donc, ça, c’est plutôt pas mal. Là-dessus, il y a quand même de l’avancée. Il faut continuer, ce n’est pas fini, ce travail n’est pas fini, il faut poursuivre.
Vous parliez des nombreux matchs joués à l’extérieur, pour le coup, c’est vraiment de l’impalpable, mais le fait d’enchaîner à domicile ne peut pas être un des ingrédients qui va changer ?
Si, si. Aujourd’hui, on a 100% de nos points à domicile, en même temps, on n’a joué qu’un match. Il va falloir faire ça sur plusieurs matchs. La condition sine qua non pour que ce début de saison soit bon, c’est qu’on gagne à domicile. C’est sûr que si on gagne à domicile, on va tout de suite se replacer dans une partie de championnat plus intéressante. Mais, encore une fois, on a cette première mi-temps de Vimy, cette deuxième mi-temps de Feignies qui peut nous faire douter. Mais on a aussi cette deuxième mi-temps de Vimy et cette première mi-temps de Feignies. Donc je ne sais pas quoi dire.
C’est une équipe toujours surprenante, on a toujours de l’espoir. On va garder notre niveau d’exigence à un certain seuil et essayer de faire progresser les joueurs. En en ajoutant d’autres, ça peut peut-être déclencher autre chose. Il faut poursuivre dans ce domaine-là. Après, on n’a pas un budget illimité, on ne peut pas recruter à foison, remplacer la moitié de l’équipe ou toute l’équipe. Donc, on a les joueurs qu’on a, on va faire avec.
On a pas mal de joueurs qui se sentent concernés, c’est plutôt un gros point positif pour l’équipe. Il y en a peut-être quelques-uns qui le sont un petit moins. Donc ceux-là, forcément, je compterai un peu moins dessus. C’est la vie d’une équipe. Ça m’embête parce que je suis plutôt quelqu’un qui aime faire participer tout le monde. Mais on est dans un domaine où ce n’est pas possible parce que j’ai un club à défendre. Et on n’est pas jugé sur nos séances à l’entraînement, on n’est jugé que sur nos résultats en matchs. Il n’y a que ça qui compte. Donc je dois aussi me faire violence, parce que ce n’est pas mon style de virer les gens, je suis plutôt axé sur l’humain. Je dois me faire violence et les joueurs doivent aussi comprendre qu’ils sont dans un domaine concurrentiel et qu’ils doivent être compétitifs, parce que sinon, ils laisseront leur place à ceux qui le sont.
Morgan Chaumier
Crédit photo : Kevin Devigne – Gazettesports