FOOTBALL : Amiens-RC Lens, loin d’être un derby
Désormais tous deux pensionnaires de la Ligue de football des Hauts-de-France, l’Amiens SC et le RC Lens se retrouvent, ce week-end, à l’occasion de la 22e journée de Ligue 2. Pour autant, cette rencontre n’a pas la saveur d’un derby.
Un derby… d’entraîneurs ?
Si en Angleterre, en Ecosse, en Italie ou encore en Espagne, la notion de derby correspond, la majorité du temps, à une rencontre opposant deux clubs de la même ville, la France s’arrange un peu avec la définition de ce terme. Et pour cause, Lyon/Saint-Etienne, Lens/Lille, Monaco/Nice, ou encore Metz/Nancy sont considérés comme des derbies. Séparés d’un peu plus de 80 kilomètres, Amiens et Lens pourraient donc revendiquer ce « statut » pour leur opposition. « Je suis une pièce rapportée, je ne suis pas de Lens, et je ne sais pas si ce match contre Amiens est un derby comme peut l’être le match contre VA, confiait en conférence d’avant-match Alain Casanova, l’entraîneur du RC Lens. Vous savez, à Toulouse, le derby était contre Bordeaux qui était à 220km. Et Montpellier, à 200km, n’était pas un derby. Comment l’expliquer ?… C’est quelque chose qui est dépendant de ce que les supporters peuvent en penser. »
Or, il n’a jamais existé de réelle rivalité entre les supporters de deux clubs qui ne comptent que dix-neuf affrontements officiels depuis 1934, dont deux en Coupe de France. «Depuis que je suis arrivé ici, j’ai toujours entendu que les derbies, qui existaient, étaient contre Valenciennes et Lille. Maintenant, avec la proximité kilométrique, cela peut l’être… mais je ne sens pas une détermination, une passion particulière par rapport à ce match », confirme le technicien artésien. Quant à Amiens, la notion de derby a souvent été associée aux affrontements contre Abbeville, Beauvais ou encore Saint-Quentin. Le derby est finalement peut-être chez les entraîneurs. Bien que né à Clermont-Ferrand, Alain Casanova est régulièrement associé à Toulouse, club dans lequel il a été joueur de 1992 à 1995 et duquel il a été l’entraîneur de 2009 à 2015. Natif de Revel, à 59 kilomètres de la ville rose, Christophe Pelissier a conservé cet accent si chantant du Sud-Ouest.
Mais là encore, point de rivalité puisque les deux hommes nouent une amitié sincère. Le premier ayant même accueilli le second à Toulouse, après la montée avortée en Ligue 2 de Luzenac, afin de poursuivre sa formation dans le cadre du BEPF.
Une rivalité… sportive
Évacué le thème du derby, cette rencontre au sommet de la 22e journée n’est finalement rien d’autre qu’un affrontement entre deux clubs ambitieux de Ligue 2. «C’est une équipe qui a le potentiel pour monter, affirme Alain Casanova à propos de l’Amiens SC. Je veux bien qu’ils prétendent d’autres choses mais, aujourd’hui, ils ont su, de par leur jeu, leurs résultats, gagner de la confiance et garder de la dynamique qui était la leur en montant de National en Ligue 2. Quand on est capable de mettre 3-0 à Brest, de gagner 4-3 contre Strasbourg, d’aller faire de très bons résultats à l’extérieur, on a un potentiel pour terminer dans les trois premiers. » Seizième budget, l’Amiens SC pointe pourtant à la cinquième place du championnat. De quoi donner un peu de piment à cette rencontre.
Dans l’histoire communes des deux clubs, rares sont les fois où la rivalité sportive a atteint un tel sommet. Dans les années 2000, par exemple, les affrontements se résumaient à des oppositions entre un candidat à la montée, le RC Lens, et un club à la lutte pour le maintien, l’Amiens SC. Après avoir remporté sa première victoire à Bollaert lors de la phase aller, l’Amiens SC a donc la possibilité d’affirmer un peu plus sa position face au favori désigné de ce championnat. Alors que le RC Lens, par la voix de Nicolas Douchez, a affiché sa volonté d’être champion, l’Amiens SC pense, pour le moment, uniquement au maintien. Personne n’aurait donc pu prédire, au début de la saison, que l’écart serait aussi infime entre les deux formations à la veille du match retour.
En attendant, les deux équipes restent sur une défaite et auront à cœur de rebondir rapidement. « Notre équipe est très compétitive et très fière. Elle n’aime pas quand les choses ne se passent pas comme elle le voudrait, précise Alain Casanova. Elle n’aime pas rester sur un échec. On sait qu’il y a un match difficile qui nous attend samedi, mais je sais qu’elle mettra tout en œuvre pour réaliser le match qu’il faudra pour poser de gros problèmes à Amiens, et essayer de prendre les trois points. » Nul doute que Christophe Pelissier, qui ne cache pas l’ambition grandissante de son groupe, aborde la rencontre dans le même état d’esprit.
Romain PECHON (Source : RCLens.fr)