Le RC Salouël l’a encore fait ! Le temps exécrable de la première mi-temps, l’ouverture du score adverse ou encore une séance de tirs au but étouffante n’ont pas eu raison de la détermination des Salouasiens qui se qualifient pour le 7ème tour de Coupe de France.
S’ils sont nettement moins tranchants que les Lambrésiens deux semaines plus tôt, ce sont bien les visiteurs qui prennent de suite l’initiative du jeu. Mais sans se montrer très dangereux, la seule intervention de Durieux lors du premier quart d’heure se faisant dans la facilité sur une tentative de Bellid (3′). La partie s’accélère finalement à l’approche de la 20ème minute de jeu. C’est d’abord Ramires, le Roubaisien le plus remuant, qui oblige Durieux à la parade (17′). Et si Pégard tente de répondre, c’est trop écrasé et à côté (18′) et dans la foulée, bien décalé par Mouissi, Ramires trompe Durieux pour donner l’avantage aux visiteurs (0-1, 19′).
Un but qui, au lieu d’accabler les locaux, va les réveiller. Sur un corner, le ballon arrive au second poteau mais Tabart est trop court d’un rien pour pousser le ballon au fond des filets (21′). Les corners sont décidément une arme pour les Salouasiens. Derobert tente le suivant direct, mais celui-ci passe de peu au-dessus (25′). Finalement, bien lancé dans la surface, Gorenflos se procure la plus grosse occasion de ce temps fort mais sa frappe est déviée en corner (28′). Les visiteurs semblent de plus en plus fébriles face à ces déferlantes et après une frappe de Tabart non cadrée (35′), ils craquent sur un long ballon de Kikassa qui trouve Roger. Ce dernier conclut alors d’un astucieux piqué et permet à son équipe de revenir à hauteur peu avant la pause (1-1, 39′) qui est sifflée sans que l’on assiste à de nouvelles opportunités.
Un ascenseur émotionnel
Après un premier acte disputé sous une intense pluie, les 22 acteurs reviennent au sec en seconde période. Et ce sont les Portugais de Roubaix Tourcoing qui passent de suite à l’offensive pour tenter de reprendre le cours de leur rencontre. Catteau percute dans la défense pour se mettre en position de frappe mais sa tentative passe juste au-dessus (52′). Les Salouasiens évitent le pire sur une opportunité plus belle encore des visiteurs, lorsque Ramires trouve la transversale (59′). Et une nouvelle fois, ce coup de semonce semble bousculer les locaux qui se portent vers l’avant, et concluent sur un corner similaire à celui manqué de peu par Tabart en première mi-temps. Cette fois, seul au second poteau, Hutin pousse facilement le ballon au fond sur le corner rentrant de Derobert (2-1, 66′).
Salouël a fait le plus dur mais doit encore tenir 25 minutes. Et si les visiteurs peinent à se montrer dangereux, il suffit d’une opportunité pour leur permettre de revenir. Suite à un coup-franc au milieu de terrain, Haderbache est trouvé un peu trop seul à l’entrée de la surface. Sa tête trompe un Durieux qui touche le cuir mais, un peu trop avancé, ne peut l’empêcher de faire trembler les filets (2-2, 75′). Une nouvelle fois dans ce match, l’ascendant psychologique a changé de camp. Les visiteurs mettent une grosse pression sur la défense salouasienne. Mais un manque de précision couplé à une défense acharnée de la part des locaux permet de ne subir réellement que quelques coups de pied arrêtés comme situations chaudes, sans que ce ne cela se termine par une tentative cadrée (79′, 82′). Salouël arrache donc sa 3ème séance de tirs au but consécutive.
Mais ce match n’étant décidément pas fait pour ménager les spectateurs, il en est de même pour les tirs au but. La séance démarre avec Jalet répondant à Fortuna, d’une tentative touchant pourtant la barre (1-1). Les Salouasiens prennent même rapidement les devants quand Bellid met sa frappe au-dessus tandis que Pocholle ne tremble pas et, comme son compère avant lui, transforme l’essai d’une barre rentrante (2-1). Les locaux gardent leur avantage avant le dernier passage, suite aux réussites de Derobert et Gorenflos (4-3). Mais, alors qu’il a le penalty de la gagne, Oumar frappe trop mollement et permet au portier roubaisien d’intervenir, tout est à refaire (4-4) alors que débute la mort subite. Les visiteurs tirent les premiers et mettent d’abord la pression à Semence, qui doit absolument marquer pour que Salouël conserve ces chances, ce qu’il fait (5-5). Puis c’est Durieux, jusqu’ici sans solution, qui se montre décisif en stoppant la tentative de Tabatouche. Ce qui permet à Tabart de tirer pour la gagne. Sa réussite délivre alors tout un public qui retenait son souffle depuis de longues minutes, Salouël l’emportant après 7 tirs au but (6-5).
Un mental à toute épreuve
Une délivrance qui vient après un match à suspense, donc, mais aussi au sortir d’une semaine pas tout à fait normale. Et notamment un vendredi perturbé par une très heureuse nouvelle, la naissance du fils du coach, Antoine Mucke, qui lui dédiait cette victoire, et ainsi absent à l’entraînement du jour, remerciant au passage Francky Maizière de l’avoir suppléé. Puis par une moins bonne, la perte du maître à jouer salouasien, Adrien de Sousa, sur blessure. Une perte que mesurait Alexis Derobert mais qui n’a pas empêché les Samariens de sortir de nouveau une grosse performance : « On est diminués, j’ai une pensée pour Adrien qui s’est blessé vendredi, c’est notre leader technique, c’est celui qui arrive à garder le ballon quand on n’est pas bien et aujourd’hui (hier, ndlr), ça ne s’est pas vu parce qu’on est une bande de potes et qu’on avait aussi à cœur d’y arriver pour lui. »
Car si les locaux ont montré de belles choses techniquement, par séquences, leur atout numéro un, ils le savent, c’est avant tout leur état d’esprit. Esprit de corps, d’abord, d’un groupe uni et solidaire, autour de son coach qui sait qu’il « peut aller n’importe où avec vous, j’irais sans problème ». Mais aussi une mentalité de conquérants et de lâche-rien. « Mentalement, on est très fort », insiste en effet Antoine Mucke. Le président Antonio Dos Santos abonde en ce sens quand il évoque « un bon groupe qui sait se surpasser », de même qu’Alexis Derobert qui souligne que « là-haut (dans la tête ndlr), c’est très costaud, il va falloir aller nous chercher. » Une force mentale qui permet aussi de passer outre les sollicitations et l’engouement médiatiques qui entourent l’équipe, chose nouvelle pour ces joueurs. « C’est nouveau pour nous, la presse, concède Antoine Mucke, il faut savoir faire la part des choses, il faut se concentrer sur le terrain, à partir du moment où les joueurs sont sérieux sur le terrain, il n’y a pas de soucis pour que le résultat soit en notre faveur. Les belles paroles, c’est pour après le match. »
Force mentale qui permet aussi de ne pas rester sur son petit nuage de l’exploit du tour précédent comme le souligne Alexis Derobert : « On avait à cœur de rééditer l’exploit, on savait que ça allait être compliqué, on savait qu’il ne fallait pas se voir trop beaux parce qu’on avait sorti une R1. Mais c’est la force du groupe, c’est qu’on arrive à redescendre. Quand on arrive le dimanche à 11h30, on voit des mecs qui sont conscients de là où ils veulent aller. » Et qui peuvent aussi y aller parce qu’ils sont prêts physiquement, comme l’indique l’entraîneur salouasien : « Je n’ai pas trop de pépins, la prépa physique reste importante, on l’a travaillé comme des oufs (sic), tant mieux, on tient les matchs. Parce que ce n’est pas facile de jouer des équipes de Ligue, elles imposent un vrai rythme qu’il faut suivre, on a l’habitude de jouer contre des équipes de district qui n’imposent pas un rythme aussi élevé, et enchaîner coupe et championnat et retrouver à chaque fois le rythme, ce n’est vraiment pas évident, et mes joueurs savent le faire. »
Et maintenant, une Ligue 2 ?
Mais quand le match se termine, forcément, la détermination devient joie immense. « C’est extraordinaire, et le mot est peut-être encore faible, s’extasie Antoine Mucke. Je n’ai pas les mots. C’est magique. » Une joie par rapport au public venu en nombre malgré les conditions météo (« Les supporters étaient là, même la pluie ne les a pas arrêtés », s’enthousiasme ainsi le coach salouasien) mais aussi parfois plus personnelle comme pour Alexis Derobert : « Là, je pense aux gens que j’aime. Aujourd’hui (hier, ndlr), il y a mon père qui est là, qui n’était pas venu depuis longtemps. Et, c’est marrant, parce que, bis repetita, je fais encore une passe décisive pour Coco Hutin, ça fait plaisir, c’est cool. »
On veut une Ligue 2, on veut rencontrer un club professionnel, ce serait magnifique.
Antoine Mucke
Mais forcément, les esprits se tournent aussi déjà vers la suite, c’est-à-dire le 7ème tour. Si pour le président, « si on peut tomber contre une R2 ou R3, je pense que ce serait tout bénéfice » pour pouvoir encore progresser dans la compétition, lui-même reconnaît que « pour les joueurs, ce serait une récompense de tomber contre une L2. » Et, en effet, c’est bien le souhait qui ressort des propos d’Alexis Derobert mais aussi d’Antoine Mucke : « On veut une Ligue 2, on veut rencontrer un club professionnel, ce serait magnifique. » En revanche, si une réception est des plus probables, seuls 3 autres clubs de district restants sur toute la France, elle ne devrait pas se faire au stade Marc Lourselle, nous confie Antonio dos Santos : « Je pense que notre terrain ne sera pas forcément homologué, on sera sûrement obligé de jouer ailleurs, c’est dommage, on aime bien jouer à la maison. » Évoquant notamment le stade Moulonguet où avait évolué Longueau à la fin de son épopée, il y a 3 ans.
Enfin, notons que le bénéfice n’est pas que sportif pour le RC Salouël Saleux : « J’ai appris qu’on avait 7500€ de dotation, ajoute ainsi le président du club. On n’a pas encore défini ce qu’on fera avec cet argent. Mais ça ne peut faire que du bien. C’est une dotation supérieure à notre dotation annuelle par Amiens Métropole, ça va nous faire énormément de bien. Et puis, c’est une bonne chose pour le club d’être connu, reconnu, mis en lumière. » Le 7ème tour, en espérant qu’il puisse réserver une belle affiche aux Salouasiens, ne pourra que conforter cette dynamique.
RC Salouël Saleux (D2) – US Portugais Roubaix Tourcoing (R2) : 2-2 (1-1 ; 6-5 t.a.b.)
Buts : Roger (39′), Hutin (66′) pour Salouël ; Ramires (19′), Haderbache (75′) pour les Portugais
RC Salouël Saleux : Durieux – Kikassa, Semence, Jalet, Derobert – Matos, Gorenflos, Tabart – Louette, Roger, Pégard
Entrants : Hutin, Oumar, Pocholle
Morgan Chaumier
Crédit photo : Audrey Louette – Gazettesports