Le centre amiénois multisports Multiball devrait officiellement rouvrir le 9 juin prochain. L’occasion pour nous d’échanger avec son directeur Jean Pierre Chevrier.
Vous devez rouvrir officiellement le 9 juin, j’imagine que c’est une nouvelle que vous attendiez avec impatience ?
Oui évidemment, pour le moral ça va nous faire du bien de recôtoyer un peu de monde. Quand je vois tous les messages de clients que nous avons reçus, je ne suis pas inquiet pour la réouverture. Après il faudra recréer un flux c’est normal, mais je ne suis pas vraiment inquiet à ce niveau-là. Notre plus grosse inquiétude c’est par rapport aux dettes qu’on a accumulées, est ce qu’on va pouvoir éponger tout ça…
J’allais vous poser la question, vous êtes fermé depuis un an maintenant, forcément cela se ressent au niveau économique ?
Effectivement, en plus contrairement à des systèmes associatifs nous avons énormément de charges et notre plus grosse charge c’est le loyer. Heureusement qu’il y a eu les aides de l’Etat au 2ème confinement, sinon au mois de décembre on fermait définitivement, on aurait été en faillite. On a fait le prêt d’Etat l’année dernière, on a demandé la somme maximale à laquelle nous avions le droit pour payer nos charges fixes. Malheureusement aujourd’hui on a presque tout épuisé. Les aides et les ressources qu’on avait, payaient pratiquement toutes nos charges, mais aujourd’hui on a encore des impayés, il va falloir y faire face.
Heureusement qu’il y a eu les aides de l’Etat sinon au mois de décembre on fermait définitivement, on aurait été en faillite
Durant cette période, en tant que structure d’intérieure, vous n’avez pas du tout eu la possibilité d’ouvrir ?
Non pas du tout on a été complètement fermé. En tant que structure privée il y a eu quelques autorisations pour des jeunes etc. mais ce n’était pas du tout viable pour nous d’ouvrir pour quelques jeunes ou pour quelques scolaires.
Est-ce que cette période vous pousse à développer d’autres activités, notamment en extérieur ?
Par rapport au bâtiment qu’on a, aux contraintes, franchement je ne sais pas. Dans un premier temps on va déjà se concentrer sur la reprise, essayer de bien communiquer pour faire revenir un maximum de monde. Bien sûr si on ne nous bloque pas trop… C’est toujours pareil, si on nous met des limites au niveau de la capacité d’accueil ça risque d’être compliqué. En juin ça devrait aller avec l’envie des gens à reprendre une activité sportive, mais la période juillet-aout en temps normal, c’est une période creuse pour nous. Mon inquiétude c’est qu’on nous fasse refermer en octobre en cas de nouvelle vague et qu’on ait plus les aides. Si cela arrivait, on déposerait le bilan c’est certain.
En espérant qu’il n’y est pas de prochaine de vague, pensez-vous que les gens vont continuer de venir ?
Je pense oui. Quand je discute avec les contacts que j’ai à l’extérieur, quand j’échange avec le noyau dur du centre, les habitués, je sais qu’ils ont hâte de revenir. Depuis l’annonce du gouvernement, je reçois beaucoup de message, c’est hyper positif. Dans la zone où l’on est situé, il y a des activités de loisirs, du trampoline, du laser etc, je pense que pour eux ça va être plus compliqué de faire revenir du monde. Parce que c’est plus une clientèle de loisir plus ponctuelle. Tandis ce que nous on a une clientèle assez fidèle, les habitués je sais qu’ils vont revenir tout de suite. La difficulté ça va être de redrainer du passage. Lors du confinement de 2020, on a réouvert en juin et on avait repris à peu près notre clientèle de routine qu’au mois d’octobre quand on nous a fait refermer. Donc vous voyez c’est assez long pour faire revenir du monde. Les habitués, les acharnés de sport, vont en tout cas revenir tout de suite. Je reste optimiste.
Les habitués, les acharnés de sport, vont en tout cas revenir tout de suite. Je reste optimiste.
Comment fait-on pour garder un lien avec ses clients pendant une période comme celle-ci ?
On a essayé de communiquer, mais pour être honnête on n’avait pas grand-chose. On a essayé de garder un lien, notamment avec les réseaux sociaux, on a un logiciel de gestion de club ou les gens peuvent réserver en ligne et on a envoyé quelques courriers en emailing principalement à nos abonnées. Mais c’est vrai qu’avec les extérieurs il va falloir retravailler tout ça à l’ouverture.
Vous avez monté une cagnotte Leetchi, cela a bien fonctionné ?
Oui plus qu’on espérait. On ne voulait pas se lancer au départ, et puis finalement certains habitués nous ont poussés à le faire. C’est vrai que ça a été une belle surprise. Ça nous a pratiquement payé un loyer, c’est super. Ça montre que les gens ont envie de revenir, et qu’ils n’ont pas envie qu’on ferme. Et forcément quand on voit cet élan de générosité ça donne du baume au cœur.
Quand on voit cet élan de générosité ça donne du baume au cœur.
Est-ce que pour la réouverture le 9 juin, vous avez un protocole spécifique à suivre ?
En espérant qu’on ouvre le 9 juin. Parce que ça a avancé un peu mais pour le moment je n’ai aucun retour au niveau des protocoles sanitaires. Comment les choses vont se passer ? On est dans le flou pour l’instant. Un peu comme mes amis restaurateurs qui sont eux aussi dans cette situation. Ils vont ouvrir le 19 mai, mais ils ne savent pas comment cela va s’organiser, les consignes n’ont pas encore été données. Déjà avoir une date de réouverture c’est une bonne chose.
Propos recueillis par Timothée Hallet
Crédit Photo : Multiball