À l’arrêt forcé comme bon nombre de sportifs et d’encadrants du sport amateur, Titi Buengo s’attarde pour nous sur cette période compliquée, faisant un premier bilan du début de saison et tentant de se projeter sur la suite, malgré les incertitudes.
Ce reconfinement était déjà dans l’air avant d’être officialisé, était-il possible d’y être préparé ou s’agissait-il seulement de subir cette décision ?
Sachant que ce n’est pas nous qui prenons les décisions, on ne pouvait que subir même si c’est vrai que c’était prévisible, ça nous pendait au nez. Malheureusement, on est impuissant, on ne peut rien faire. Je n’irai pas jusqu’à dire que la vie s’arrête, mais ça commence à être bizarre.
Pendant cette période, qu’est-ce qui a été mis en place pour rester en prise avec votre groupe ?
Le préparateur physique a donné un programme, les joueurs doivent faire des retours à chaque fois qu’ils ont fait leur programme. Malheureusement, on ne sait pas quand on pourra reprendre les entraînements. C’est ça qui est difficile dans la tête des joueurs. Sûrement que certains vont faire le boulot, mais d’autres vont faire le minimum possible parce que ne sachant pas la date de reprise, ils ne voudront pas se faire violence. En amateur c’est très difficile. En professionnel, on sait que c’est notre métier, que l’on a que cela à penser. Tandis qu’en amateur, les joueurs ont leur boulot à côté.
Le fait de ne pas savoir quand tout va reprendre, entraînements et compétitions, cela laisse aussi planer le doute sur la façon dont va se dérouler la fin de saison ?
Bien sur, ça laisse un gros doute. Pour ma part, je ne comprends pas pourquoi on a enlevé les entraînements. Qu’il n’y ait plus de matchs, je le comprends, mais les entraînements… Si demain, il fallait reprendre la compétition, ce serait trop juste. Encore une fois on prend du retard. C’est désolant dans le sens où les enfants vont à l’école, les sections sportives s’entraînent, je ne comprends pas.
Ce qui pose aussi question, c’est le futur de la Coupe de France où Camon est toujours en lice et où il reste deux tours à disputer avant l’entrée des clubs pros ?
Je ne sais pas comment ça va pouvoir se positionner. Mais pour moi, le plus important reste le championnat. Je pense que le championnat doit reprendre avant la Coupe de France.
Est-ce que cette situation et l’incertitude changent un peu la façon d’aborder la suite du championnat ?
Les ambitions ne changent pas puisque toutes les équipes sont arrêtées donc on repartira tous du même point et il n’y en aura pas une qui sera privilégiée par rapport aux autres.
Sauf pour les réserves des clubs professionnels…
Oui, les réserves des clubs pros s’entraînent, cela crée quand même un déséquilibre vis-à-vis des équipes amateurs. Je trouve qu’il n’y a pas de morale là-dedans. Je trouve ça bizarre, ce n’est pas normal. Le Covid touche tout le monde ou il choisit ses têtes ?
Pour revenir à ce qui précédait ce confinement, quel bilan tires-tu de ce début de saison ?
On a fait une très bonne entame de saison. Le seul regret que j’ai, et qu’ont, je pense, mon président, mon staff et mes joueurs, c’est d’avoir laisser deux points à domicile. Sinon, on aurait 4 matchs, 4 victoires. C’est le petit truc non pas qui entache notre début de saison, parce qu’il est bon, mais il aurait pu être magnifique si on avait fait carton plein.
Le confinement, l’arrêt permet aussi à des joueurs qui étaient blessés ou des joueurs qui avaient beaucoup donné pendant les premiers matchs de retrouver du jus
Avec un deuxième arrêt dans l’année, n’as-tu pas peur que des joueurs lâchent un peu mentalement ?
Non, au contraire, ils vont se ressourcer mentalement. On était quand même sur un rythme où l’on laissait beaucoup d’énergie, beaucoup de jus. Le confinement, l’arrêt permet aussi à des joueurs qui étaient blessés ou des joueurs qui avaient beaucoup donné pendant les premiers matchs de retrouver du jus, de s’oxygéner le cerveau pour revenir avec les meilleures intentions.
Cet arrêt du championnat risque d’engendrer à un moment ou un autre une répétition des matchs à un rythme important, tu penses que ton équipe est taillée pour ça ?
J’estime que, cette année, j’ai un groupe assez étoffé. C’est notre plus grosse satisfaction. On a un groupe élargi dans lequel on peut puiser avec des joueurs qui, à chaque fois, répondent présent. Sur ce point, je n’ai pas d’inquiétudes.
Est-ce que ce groupe élargi était pensé en prévision d’une saison perturbée par le covid ?
Non, c’était une volonté d’avoir un groupe élargi parce qu’on avait pris la température avec notre première saison en R1 et il nous manquait cette profondeur de banc, cet apport-là. C’est ce qu’on a essayé, avec le président et mon staff, de modifier cette année. Et c’est ce qui nous donne satisfaction : même en allant chercher sur le banc de touche, les joueurs ont su apporter. Et il y a des joueurs qui restent à la maison qui auraient pu être titulaires ou sur la feuille de match. Mais il ne faut en prendre que 14.
Le fait que ton équipe, qui a pourtant connu du changement à l’intersaison, performe dès le début, ce doit être une autre satisfaction ?
Oui, la mayonnaise a bien pris. On était en accord, les joueurs ont su s’intégrer comme il fallait. Après, quand tu as affaire à des joueurs intelligents avec des egos mis de côté, c’est la meilleure façon de travailler et de voir à long terme.
Après, quand tu as affaire à des joueurs intelligents avec des egos mis de côté, c’est la meilleure façon de travailler et de voir à long terme.
Bien que la date de reprise ne soit pas connue, on peut l’espérer pendant l’hiver, à un moment où, du fait des reports de match, le calendrier est plus léger, c’est plutôt un bonne chose ?
Je pense que c’est une bonne chose. Il ne faut pas brûler les étapes. Le corps humain, on sait comment il fonctionne, il ne faut pas trop le brusquer. On va aller crescendo et monter en force tranquillement. C’est ce qui s’est passé en début de saison, on sortait d’un long confinement, il fallait faire une prépa. C’est vrai que les premiers matchs, cela manquait un peu de rythme, d’intensité, et ce pour toutes les équipes.
Est-ce qu’il n’y a pas la crainte que la saison n’aille pas au bout ?
Bah si (sic), il y a la crainte, maintenant, je ne sais pas comment les instances vont s’organiser pour gérer cela. Mais nous, quoi qu’il arrive, on essaiera de bien figurer parce que l’on ne sait jamais. C’est vrai, la saison peut s’arrêter à tous moments. La saison dernière, on n’a pas fait ce qu’il fallait sur les 4 derniers matchs avant qu’elle s’arrête. Cette année, on est conscient de ce qui peut se passer. C’est pour ça que l’on voulait faire un très bon début de saison pour pouvoir anticiper tout ce genre de choses.
Morgan Chaumier
Crédit photo : Léandre Leber – Gazettesports