Pour la troisième année consécutive, le Conseil Départemental de la Somme a porté l’initiative « 1,2,3, Nagez ! » dans 9 piscines de la Somme courant juillet, offrant un moment exclusif à environ 150 enfants en situation de handicap .
L’objectif de ce dispositif « 1, 2, 3 Nagez ! » totalement gratuit est de permettre aux enfants d’être plus à l’aise dans l’eau, sans pour autant viser une autonomie totale. L’an prochain, l’idée serait de répartir les groupes différemment, soit par niveau, soit par tranche d’âge, afin d’assurer un meilleur suivi pour chaque enfant. Les parents ont également la possibilité de se baigner pour accompagner leurs enfants. « L’objectif, c’est qu’ils soient sans matériel. Les mettre dans une situation sans matériel leur permet de prendre conscience du danger. Bien sûr, on utilise parfois des aides, comme des frites, mais on évite les brassards : ils gênent les mouvements et ne reproduisent pas les conditions réelles », explique l’encadrant, Yann Dubois. Il est possible de s’inscrire à plusieurs stages, comme c’est le cas pour les jeunes des IME.
Une séance avec le bienveillant Yann Dubois
Ce vendredi 18 juillet, deux créneaux étaient prévus au Coliseum pour accueillir des enfants en situation de handicap dans le petit bassin à proximité du grand. À 10h, le groupe réunissait huit jeunes : trois enfants inscrits par leurs parents et cinq issus d’un IME, accompagnés de leurs éducateurs. Tous évoluaient dans l’eau sous le regard attentif et les conseils de deux encadrants dans l’eau également : Yann Dubois, sollicité par le Département pour piloter le projet après avoir suivi une formation spécifique à l’encadrement du public en situation de handicap, et Alain Muszynski, bénévole très investi au sein du club Amiens Métropole Natation, qui a rejoint l’initiative à la demande de Yann pour apporter son soutien.
Difficile de jongler avec les niveaux et les âges de tous les jeunes, tous dotés d’un bonnet vert floqué du logo du Département de la Somme. Certains sont déjà très à l’aise dans l’eau : ils sautent, barbotent, s’éclaboussent, mettent la tête dans l’eau, tandis que d’autres découvrent encore timidement l’univers aquatique. C’est le cas de la petite Maryam, âgée de quatre ans et demi, qui s’allonge sur le dos en étoile de mer, soutenue par les bras de sa tante, et de son frère Souleyman, sept ans, qui s’amuse à plonger depuis les marches, bien plus détendu après s’être approprié l’espace en faisant un tour du bassin en tenant le bord. Une belle évolution quand on pense à leurs premiers cours de début de semaine. « Ils y vont souvent avec leurs bouées, alors que là, c’est sans. Ils sont clairement plus à l’aise grâce aux cinq séances », constate leur tante, Elodie Deparis. Leur mère, qui a découvert le dispositif sur Internet, les a inscrits pour la première fois. « C’est super ! Ça leur permet de se familiariser avec l’eau, car ils y vont rarement », se réjouit sa soeur. Quant aux cinq jeunes de l’IME, ils ont reçu leur diplôme ce vendredi pour clore la semaine, avant de reprendre une nouvelle session à l’Aquapôle dès lundi prochain.
Une évolution par rapport aux autres éditions
La première année, le dispositif n’a concerné que trois piscines. L’an dernier, il a été étendu à huit piscines, toutes mobilisées pendant quatre semaines, et le programme a alors accueilli également des enfants valides. Au total, plus de 1 000 enfants en ont bénéficié. Cette année, neuf piscines participent à l’opération. Au Coliseum, le dispositif s’est déroulé sur deux semaines, tandis qu’à Roye et à l’Aquapôle, la durée a été doublée pour atteindre quatre semaines. Actuellement, environ 150 enfants y participent. À Amiens, les séances sont encadrées par le club Amiens Métropole Natation, tandis qu’à Abbeville, c’est le SC Abbeville. Dans les autres piscines, ce sont directement les maîtres-nageurs qui prennent en charge les enfants. Certains encadrants se baignent, tandis que d’autres interviennent plutôt depuis le bord ou à l’aide de perches.
Au lancement du programme, la question de la communication s’est posée. Nous avons contacté les EMSS, les IME du département et les parents des enfants inscrits l’an passé. Cela a permis à certains établissements de revenir. « Ce sont des enfants qui ont de vrais besoins, et les voir progresser dans l’eau, c’est formidable », souligne Mathis Hannebique, chargé de Mission Sport au Département. Les créneaux sont pratiquement pleins car à Amiens, au Coliseum et à l’Aquapôle, la demande est bien présente. À Ham, plus isolé, les inscriptions ont été moindres malgré les efforts de communication. Il arrive que cette initiative « plante des graines », comme à Albert, où un programme a depuis été créé pour accompagner les enfants dans l’apprentissage de la natation.
Sabine Loeb
Crédit photo : Théo Bégler – Gazettesports.fr