BOXE : Laurent Boudouani, ancien champion d’Europe et du monde : « De mon temps, la boxe, c’était celle du peuple »

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Ce samedi après-midi, Laurent Boudouani, ancien champion d’Europe et du monde des super welters, est arrivé discrètement dans le gymnase des Quatre Chênes d’Amiens où s’est déroulé le Tournoi Jacques Bataille, un tournoi qui a obtenu un beau succès sportif.

Le public découvrait des pugilistes venus d’un peu partout du continent européen à l’occasion de cet événement. Laurent Boudouani avait donc traversé toute la France pour se replonger dans ce milieu pugilistique qu’il a tant servi et honoré. Car celui-ci n’a pas quitté, depuis l’arrêt de sa carrière ô combien prestigieuse, sa région de Sallanches, le fief du cyclisme, là ou Bernard Hinault était devenu champion du monde. Laurent Boudouani était accueilli par Jérôme Fouache ainsi que le président Suiveng et il a pu répondre à nos questions. Il reste encore aujourd’hui comme un des boxeurs français les plus prestigieux. Il fut médaillé d’argent aux Jeux de Seoul en 1988, champion d’Europe des super welters et champion du monde. C’était à une époque où la boxe avait sa place dans les médias qu’ils soient écrits ou télévisés.

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Et ce n’était pas n’importe quelle chaine qui retransmettait les grands combats mais tout simplement TF1 avec le duo Thierry Roland- Jean Philippe Lustyck. Comme par exemple ce 3 avril 1993 quand, et ce fut la seule fois dans sa carrière, il est venu boxer sur le territoire picard. C’était plus précisément Soissons et le maire de cette ville, M. Lefranc, avait installé un chapiteau qui avait accueilli près de 3000 spectateurs. Il s’agissait d’un championnat d’Europe des super welters et c’était la première défense de son titre conquis quelques mois auparavant contre un autre Français, Jean Claude Fontana. Son adversaire était un Italien, Romolo Casamonica. Jamais jusqu’à ce jour, Laurent Boudouani n’avait dépassé les huit rounds sur un ring. Le combat devait être extraordinaire d’intensité et, littéralement survolté, le Français s’imposait par KO au 9e round. Boudouani infligeait à l’Italien sa première défaite avant la limite.

Aujourd’hui, j’ai le sentiment que la boxe est malade

Laurent Boudouani

Evidemment, Laurent Boudouani s’est rappelé de ce combat mais aussi de ses titres mondiaux et de sa médaille d’argent aux JO de Seoul en 1988 : « C’est la première fois que je viens à Amiens et j’ai répondu à l’invitation de Jérôme Fouache. Quand je regarde mon parcours de boxeur, je me dis que c’est une mission accomplie. J’ai réussi mes rêves d’enfant et je suis content de ma carrière. Le combat à Soissons, c’était l’époque où la boxe était vraiment populaire. Il y avait des champions et c’est ce qui manque aujourd’hui, il y a trop de ceintures et on mélange tout. Quand je suis devenu champion du monde, je suis seul. C’était la même chose au niveau de l’Europe alors qu’aujourd’hui, vous avez plusieurs titres pour une même catégorie.« 

« A Soissons, j’avais été bien accueilli par le public et j’ai ressenti une force supplémentaire dans ce petit chaudron. J’étais content d’autant qu’au niveau de l’audimat, nous avions frappé fort avec TF1. Le maire de la ville était content. J’étais supérieur à l’Italien et j’étais rapide sur le ring. Il était certes puissant, dur au mal mais orgueilleux. Il  avait refusé de passer au contrôle antidopage et je crois qu’il a été suspendu. Après, je suis passé à l’étape supérieure et je suis devenu champion du monde. J’ai respecté le plan de carrière qui avait été établi avec mon manager à mes débuts. Il s’agissait d’échéances de plus en plus difficiles à franchir mais il ne fallait pas brûler les étapes. Aujourd’hui, j’ai le sentiment que la boxe est malade à l’exception de quelques boxeurs qui sortent un peu du lot. Il y avait Tony Yoka mais il nous a beaucoup déçus. Maintenant, il faut miser sur les jeunes qui entrent dans les classements mondiaux. De mon temps, la boxe, c’était vraiment la boxe du peuple.«  Pour conclure, Laurent Boudouani, qui file vers la soixantaine, n’a pas eu la chance de porter la Flamme Olympique en juillet dernier. Un honneur qu’il méritait tant.

Lionel Herbet
Crédit photo : Cyprien Baude – Gazettesports.fr

Publié par Lionel Herbet

Journaliste historique du sport Picard et Amiénois. Lionel est la mémoire des plus grands exploits sportifs de la région.