Un peu plus d’un an après la destruction de la salle de boxe d’Étouvie, Mohammed Oudji, entraîneur historique de l’ASC Boxe, dresse le bilan d’une saison 2023/2024 particulière mais riche en émotions. Il a aussi évoqué ses objectifs de la saison et le projet de la nouvelle salle.
Malgré son changement de lieu d’entraînement, c’est une très belle année qui s’est achevée, notamment sur le nombre d’adhérents sur la dernière saison. Avec 202 licenciés reconnus par la fédération, chiffre confirmé par la ligue des Hauts-de-France de boxe, l’ASC est le premier club d’Amiens en nombre de licenciés. Par rapport aux années précédentes, c’est surtout la BoxeFit qui a vu sa pratique augmenter, ce qui porte le nombre total d’adhérents à 620. Sur la boxe française, « on est un peu en diminution, on a un peu moins d’effectif, mais la salle vit et existe bien. » insiste Mohammed Oudji, entraîneur à l’ASC Boxe. « On a mis en place cette année, le samedi de 10h à 11h30, une section féminine. C’est la grande nouveauté pour la saison 2024-2025″.
Et même si ce changement de salle a fait perdre quelques adhérents à l’ASC, Mohammed Oudji reste optimiste pour la suite. « La salle va se reconstruire. En attendant, ça ne nous a pas empêché de faire de très beaux résultats cette année« . Et en effet, l’ASC Boxe a de quoi faire des jaloux, même si cela a rendu la saison « très longue » : un titre de champion du monde élite et un titre de champion de France élite pour Elias Kanfouah, un titre de champion de France minime avec Yacine El Jaghnouni, une médaille de bronze avec Maële Traoré au championnat de France cadette, une médaille d’or à la coupe du monde des moins de 15 ans avec Yacine et deux médailles d’argent avec Myriam El Haddadi et Zineb El Idrissi.
Et même si la destruction de la salle de boxe a marqué les esprits, Mohammed Oudji s’attendait à voir ses boxeurs performer, malgré le contexte. « Tous ceux qui ont performé ont commencé la boxe française à l’âge de 4 ans, 5 ans, je savais qu’ils allaient arriver à leur maturité sportive. Aujourd’hui, ils ont 16 ans, ils ont plus de 10 ans de boxe derrière eux » affirme l’entraîneur. « C’est maintenant que ça commence. On en avait 16 d’inscrits en championnat de France et l’année a été très intense dans les éliminatoires. Quatre d’entre eux vont monter en senior pour la saison 2024/2025. Là, ça va être du combat. Mais je ne m’inquiète même pas parce que la formation a été là et ils sont bien prêts. » prévient-il. « C’est marrant parce qu’au début, ce sont les plus petits dans le groupe des babies. Ensuite, tu les accompagnes pendant 10 ans. Et là, ils montent chez les adultes » se remémore Mohammed Oudji.
Pour les quatre qui accèdent à la catégorie adulte, il y a des étapes au préalable à respecter. « Il y a besoin d’une transition de six mois pour passer de l’assaut au combat. On va encore vivre une année palpitante. Sachant que les autres arrivent derrière. Yacine qui était champion de France minime, il n’était que minime première année. Il va passer minime deuxième année. Il y a aussi les deux qui ont une médaille d’argent à la Coupe du Monde, Myriam et Zineb. On récolte le fruit du travail qu’on a semé » se réjouit l’entraîneur amiénois.
Une année 2024/2025 chargée sportivement… mais une reconstruction en stand-by
La saison 2024/2025 ne devrait donc pas être de tout repos puisque de nombreuses échéances sont déjà prévues. « Il y a déjà les éliminatoires qui arrivent fin octobre en seniors. C’est les sélections Hauts-de-France pour les championnats de France Combat au niveau national. On a une quinzaine de jeunes aujourd’hui à potentiel qui ont un niveau national. Et je pense qu’il y en a beaucoup d’entre eux qui vont performer » évoque Mohammed Oudji, confiant. Les championnats d’Europe, au mois de novembre, sont aussi en ligne de mire, avec Elias Kanfouah.
Parallèlement, la construction d’une nouvelle salle de boxe se prépare. En attendant, Mohammed Oudji regrette que les Amiénois oublient son club. « Quand il y a eu l’incendie, il y a eu telle inflagration qu’il n’y a pas un seul Amiénois qui ne soit pas au courant de l’incendie de notre salle. Sauf que les gens pensent que la boxe française n’existe plus à Étouvie. Et tu as beau communiquer, ils pensent qu’il n’y a plus de salle. Alors qu’on a une salle de substitution, qu’on a transformée en salle de boxe » regrette t-il. Si la ville d’Amiens a choisi son endroit, dans le parc des Astèles, aucune date de début et encore moins de livraison n’ont été annoncées. « Les adhérents sont impatients, les compétiteurs sont impatients » confirme l’entraîneur amiénois. « On ne fait pas ce qu’on veut dans la salle qu’on a actuellement, mais on s’en accommode. C’est mieux que rien. Mais quand on veut exceller au haut niveau, on a besoin d’une structure à la hauteur de nos ambitions » a t-il conclut. Pour la (et sûrement les) saisons à venir, il faudra tenter de continuer de briller, sans la salle avenue du Languedoc.
César Willot & Simon Vasseur
Crédit photo : Kévin Devigne – Gazette Sports