Le sport et la culture sont régulièrement opposés. Nous pourrions évoquer le grand écart même. Mais à l’occasion des Jeux de Paris 2024, vous pouvez aller découvrir une exposition « Olympic Stade » au Safran faite de poupées Kokeshi, de dessin, de peinture et de totems. Une exposition réalisée par des jeunes talents, des classes, des centres de loisirs, des étudiants et le quartier Nord. Ils ont été épaulés par les artistes Olivier Michel, Aude Berton et Irwin Leuilier. Sous le regard de Marie Lepetit, deux artistes ont fait leurs premières armes.
Le grand écart, même s’il oppose deux pieds, les unit aussi par le corps. Il y a donc bien un lien à faire entre ces oppositions. Le corps est tout trouvé pour le sport ou comme moyen d’expression artistique. Les deux parties seraient à mon sens complémentaires. Entre les jeux et l’esprit, les deux se nourrissent. Le Safran, par son directeur, Ikbal Ben Khalfallah, n’a pas attendu les Jeux olympiques de Paris pour lier les deux disciplines. Il a créé le festival Second Souffle en 2016. Le but étant de créer un lien entre sport et culture. Lui-même a été un pratiquant de très bon niveau en football avant d’arriver dans la culture. Il est donc évident que les deux peuvent dialoguer, se confronter. L’exultation des corps, des performances, comme des divinités ou des rois sont finalement inspiratrices pour les artistes ou dans l’encensement ou dans la critique…
Recyclage de carton et stylo Bic
Deux artistes nous le démontrent. L’un est le « roi du carton, » El Hadji Abdou Ndiaye et le second, Nadaud Bokwe, celui du stylo Bic et plus récemment de la peinture acrylique. Marie Lepetit a déniché ces deux talents bruts. Il faut maintenant qu’ils s’aguerrissent aux diverses techniques, qu’ils arrivent à trouver le temps et les moyens de s’exprimer. L’un recycle les cartons et en fait des sculptures comme le stade de La Licorne juste d’après photo, car il n’a pas été autorisé par le club à entrer pour faire quelques photos… Le second, après avoir glissé la pointe de son bic sur quelques mètres carrés de papier (Ronaldo, Messi…), s’essaye à la peinture. En l’espace de quelques semaines, les premières toiles sont probantes et l’évolution est perceptible. Les deux ont un potentiel fort pour développer leurs techniques tout comme poursuivre leurs inspirations. Marie Lepetit a déjà quelques idées afin de les intégrer plus encore dans leur pratique, mais aussi de les épauler afin qu’ils soient reconnus comme artistes.
Un don de poupée Kokeshi !
L’accueil du Safran et les couloirs sont parsemés de poupées Kokeshi. Ces petits totems en bois ont été donnés au Safran par un ami japonais, Koji Fukushima. Amiens recevant des délégations japonaises en juillet, l’idée a été de personnaliser ces poupées traditionnelles ! L’ambiance graphique a été réalisée par des élèves de DN Made en design graphique d’Edouard Branly, encadrés par un couple de professeurs, M. et Mme Groseil. Il était important pour eux de confronter les élèves à une réalité professionnelle. Les élèves ont donc réalisé, en équipe, les affiches, les invitations et de grands personnages élastiques sur les murs blancs du Safran. J’ai eu un coup de cœur pour ce personnage élastique de Margot Guilbert.
300 jeunes aux Olympiades du Nord
Lors de la journée du 19 juin, 300 jeunes se sont retrouvés pour les « Olympiades du Nord ». Des écoles, des centres de loisirs ont customisé les Kokeshi et ont inventé des jeux. Certaines équipes venant avec leurs supporters, banderoles et cris de guerre pour animer cette journée. L’idée de cette journée vient de l’artiste Olivier Michel. Une série de photos a été réalisée avec ces différentes équipes par Irwin Leullier. Celle-ci est visible lors de cette exposition. Une belle ambiance et une belle émulation se sont ressenties lors de ces olympiades. Une action menée aussi dans le cadre de la Cité éducative d’Amiens Nord et labellisée Olympiade culturelle Paris 2024.
Le sport et la culture ont trouvé leur terrain « d’entente » de jeux au Safran. Allez-y en vélo, en courant et vous ferez vos activités physiques puis intellectuelles. Les deux font bon ménage, n’en déplaise trop souvent aux puristes de l’un ou l’autre…
Exposition visible du 10 juin au 31 aout au Safran.
Léandre Leber
Crédit photo : Léandre Leber