En 1980, Henri Leclercq, présent à la tête du District de la Somme de Football depuis 1928, laisse sa place à son vice-président, Yves Mercher. Retour sur cet événement.
Evènement tout à fait exceptionnel ce dimanche 15 juin 1980 dans la salle Dewailly à Amiens. Alors qu’il vient de fêter ses 77 ans, Henri Leclercq, le Pape du Football dans la Somme, confirme la décision qu’il avait annoncée à ses collègues du Comité Directeur du District de la Somme, à savoir qu’il abandonne la présidence mais sans lâcher définitivement les rênes puisqu’il siègera encore au sein de commissions.
Depuis 1928, Henri Leclercq dirige le District de Picardie, devenu District de la Somme en 1967. Il l’a fait avec beaucoup de doigté et jamais, au grand jamais, il n’a été contesté. Avec son collègue et ami fidèle Georges Cuisset, il a tenu à bout de bras l’organisation du District puisqu’à cette époque, il n’y avait pas d’employé administratif. En ce dimanche 15 juin 1980, le moment est donc solennel. Henri Leclercq laisse la place à Yves Mercher, ancien adjoint chargé des Sports de la Ville d’Amiens (à l’époque où le maire d’Amiens était Maurice Vast). Yves Mercher, qui est âgé de 64 ans, a réalisé une bonne carrière de sportif et de dirigeant. Il a été ainsi directement à l’origine de la création de l’ASPTT Amiens puis secrétaire général de l’Amiens SC de 1967 à 1971 et il contribua à la sortie de terre de six gymnases dans Amiens dont le célèbre Coubertin avec sa patinoire.
Dans la courte déclaration qu’il fera aux dirigeants des clubs présents, Yves Mercher annonce « qu’il sera un président de transition, de résignation même. » Et d’ajouter « M. Leclercq a eu beaucoup de présence. De mon côté, j’essaierai de ne pas avoir trop d’absences. » Toutefois, c’est encore à Henri Leclercq qu’incombe une ultime fois le soin de dresser le bilan de la saison écoulée et qui est marquée par une faible augmentation du nombre d’arbitres (ils sont 240 pour 300 rencontres hebdomadaires), tout comme le nombre de clubs (291 contre 280 la saison précédente), et la discipline qui est et sera toujours un vrai fléau.
Lors des élections au comité directeur, deux anciens valeureux arrêtent : MM. Renaud Foudrin et Pierre Marquette et ils laissent la place aux nouveaux élus Jean-Marie Warme et André Castandet. En cette année 1980, le numéro un de l’arbitrage Robert Wurtz vient à Amiens à l’invitation de l’école d’arbitrage et y obtient un triomphe. La salle Dewailly est pleine à craquer. Robert Wurtz laisse parler son cœur et il évoque sa carrière et son premier match d’arbitre interrégional de 3e Division le 25 septembre 1966 au stade Moulonguet où Amiens rencontre Beauvais. Cela ne s’invente pas. Robert Wurtz était venu à l’arbitrage parce qu’il s’estimait trop gros et il fut le premier à flirter avec le professionnalisme puisqu’il s’exila dans les années 70 au Mexique et au Brésil.
En 1985, il est décidé de la création d’un groupe Excellence qui est situé entre l’Interdistricts et la Première Division et ce dans le but de permettre aux clubs accédant au championnat de Ligue d’y jouer un rôle convenable. M.Mercher va contribuer à l’achat de l’immeuble de la rue Jules-Lefebvre car celui de l‘avenue Foy est devenu trop exigu. Fidèle à sa parole, Yves Mercher sera donc un président « de résignation » et brutalement, au cœur de l’année 1986, il démissionne lors d’un comité directeur resté célèbre pour les témoins de l’époque. L’ère Yves Mercher aura donc duré à peine six ans. Il faudra dès lors lui trouver un successeur.
Lionel Herbet
Crédit photo : Kevin Devigne – Gazettesports.fr (illustration)