Après 16 saisons en professionnel, Henri-Corentin Buysse a passé sa première saison derrière le plexiglass en qualité d’entraineur des gardiens des Gothiques d’Amiens. Une nouvelle expérience après sa longue carrière qu’il prend avec plaisir.
Cela fait maintenant près d’un an que Henri-Corentin Buysse a pris sa retraite sportive. Un retrait forcé, pour celui que l’on surnomme Riton, après avoir subi une sixième commotion cérébrale qui aurait pu lui être fatale. Il apprend à vivre avec les séquelles qui lui restent de ce terrible choc et s’il ne peut plus vraiment pratiquer des sports de contact, il attend avec impatience le retour de la pêche, l’une de ses activités favorites. Même s’il a raccroché les patins, l’Amiénois de 36 ans n’est pas resté éloigné de la glace très longtemps. Une saison passée derrière le plexiglass avec un nouveau rôle, celui d’entraineur des gardiens des Gothiques d’Amiens. Pour Gazette Sports, HCB revient sur l’exercice 2023-2024 qui vient de s’écouler.
Comment avez-vous vécu cette première année post carrière, désormais derrière le banc ?
L’année s’est très bien passée. Je trouve que je me suis vite adapté, il a fallu que je trouve mes repères. Je n’ai pas ressenti tant que ça le manque de jouer. Comme je sais que je n’ai plus le droit, j’ai tiré un trait là-dessus. J’ai découvert plein de choses, que ce soit dans l’organisation ou sur moi-même. Je suis venu avec des idées en tête que j’ai dû abandonner et j’en ai créé des nouvelles. Je suis très content de cette nouvelle expérience.
Vous avez plutôt bien vécu cette transition de joueur à entraineur alors ?
Oui, j’ai commencé très tôt. J’ai eu un été assez chargé. Quand on a réattaqué on a eu les problèmes de patinoire. J’ai vite dû me mettre au diapason, c’est arrivé vite. L’expérience avec les pros m’aide encore plus pour gérer les jeunes, dans la gestion c’est beaucoup moins dur qu’avec les pros. Si je dois dire mon planning, même s’il est toujours un peu chamboulé, je vais voir les jeunes le matin, ensuite les pros derrière avant de refaire les jeunes l’après-midi. Pour les matchs, je suis présent à ceux des pros à domicile, ceux à l’extérieur je les regarde de chez moi. Pareil pour les jeunes, surtout pour les gros matchs, je vais les voir jouer quand je sais que ça va être intéressant. Je fais le même travail avec les pros qu’avec les jeunes, tout ce qui est découpage vidéo, on met en place des tactiques. Il y a aussi tout ce qui est technique à l’entrainement.
Au début ce que j’aimais le plus, c’était de transmettre, de donner des conseils. Et plus ça va, plus je me rend compte que c’est voir un gardien performer qui me plait vraiment, quand il applique les choses que vous lui demandez de faire et que ça marche. Je crois que c’est devenu mon nouveau truc (rires).
Vous avez aussi ce rôle en équipe de France, en plus de celui d’entraineur des gardiens chez les Gothiques d’Amiens ?
Oui je suis aussi entraineur des gardiens de l’équipe de France féminine. On a les mondiaux qui arrivent au mois d’avril. Je fais la même chose qu’avec les pros ici à Amiens. J’aide aussi la fédération française de hockey sur glace (FFHG) lors des stages de performance avec les gardiens. J’aide aussi à la ligue donc je suis un peu partout finalement.
Pour en revenir à votre poste principal, celui d’entraineur des gardiens des Gothiques. Quel est votre avis sur la saison de Clément Fouquerel et d’Antoine Gilbert ?
Sur l’ensemble je suis satisfait parce qu’ils ont vraiment fait un gros travail. Eux me connaissaient en tant que gardien, moi je les connaissais en tant que joueurs aussi mais ils ne me connaissaient pas en tant que coach. On a très vite pris nos marques, je suis content de la façon dont ils m’ont écouté et ils se sont vite adaptés. Pour moi il y a eu des gros progrès, que ce soit sur la technique mais surtout sur la tactique en match. Je suis satisfait de leurs performances. Alors bien sûr j’aimerais qu’ils fassent mieux et qu’ils nous fassent gagner chaque match. Clément Fouquerel a été performant, il a eu son petit couac avec sa blessure contre Chamonix où après il a eu une gêne et ça a été compliqué mais jusque-là sa saison était très bonne.
Antoine Gilbert a très bien joué, surtout en fin de saison lorsqu’il a dû prendre en main l’équipe à la place de Clément. Il ne faut pas oublier que Gigi’ n’a que 23 ans et faire autant de matchs en Magnus à son âge et on ne peut pas en demander autant qu’ à un gardien comme moi lorsque j’avais 35 ans, c’est différent. Je le connais depuis qu’il est jeune, je le suis. Je vois qu’il a un truc, je connais ses défauts, il connait ses défauts, il s’est amélioré là-dessus en fin de saison. Ce ne sont pas des défauts incorrigibles, il ne lui manque pas grand-chose pour passer un cap. Je sais le potentiel qu’il a, est-ce qu’il pourra jouer en NHL ? Non. Mais est-ce qu’il peut devenir un gardien dominant en Magnus ? Oui et sur le long terme. Moi je suis là pour l’aider à passer au step supérieur, s’il l’accepte, je n’ai aucun doute qu’il y arrivera.
Quel est votre avis sur la rotation qu’il y a eu cette saison entre les deux gardiens ?
Il n’y avait pas que les choix de Mario Richer, j’étais aussi impliqué là-dessus. On était parti sur une année de développement pour Gigi’, avec plus de matchs que l’année dernière lorsqu’il était à Cergy-Pontoise avec la blessure de Sebastian Ylönen. C’est compliqué car tous les joueurs veulent jouer beaucoup de matchs et enchainer. Le problème est qu’il faut répondre présent lorsqu’on leur donne la chance de performer. Au début de saison c’était le deal, lorsque Gigi’ jouait, il devait performer. Il fallait gérer ça et jusqu’à la blessure de Fouky, ils avaient à peu près le même nombre de matchs.
Si on regarde, quasiment tous les clubs de Ligue Magnus font jouer leur gardien numéro deux contre les quatre premiers : Rouen, Grenoble, Angers et cette année Bordeaux. Gigi’ avait plus de matchs difficiles parce qu’on veut aussi voir de quoi il est capable et voir s’il peut nous faire gagner face à des grosses équipes. Clément devait nous assurer les victoires contre les autres équipes. Des fois on a dû s’adapter. On a eu les deux gardiens malades en même temps, on a eu des blessures. Clément n’est plus tout jeune non plus, il a 33 ans et a eu des pépins physiques. On ne pouvait pas le mettre à chaque match non plus.
Quel regard avez-vous sur la formation des jeunes gardiens à Amiens. Et notamment sur Raphaël Chateauvieux qui a fait une apparition cette saison contre Angers le 27 novembre 2023 ?
Si on prend l’exemple de Chateauvieux. Quand je l’ai eu en début de saison, on a fait un gros travail sur lui-même. J’en ai plusieurs dans le club, mais lui c’est vraiment une grosse satisfaction parce qu’il a vraiment changé beaucoup de choses. Quand il a eu la chance d’aller jouer en D1 avec Valenciennes à partir de janvier, il a fait beaucoup pour le club. Il a vraiment performé à chaque match. C’est un gardien que l’on surveille et que l’on doit garder avec nous pour le futur, il a un potentiel avec une très bonne attitude. Globalement je suis content, là on est en train de faire les bilans en fin de saison, je suis plutôt satisfait du travail qui a été fait.
Quel bilan faites vous de cette saison, qui s’est encore achevée en quarts de finale des play-offs ?
On veut toujours mieux faire. On n’a pas été épargné par les blessures et je pense qu’il faut vraiment trouver la cause parce que chaque année, c’est un peu compliqué d’attaquer les play-offs avec quasiment une ligne de joueurs importés. Il faut travailler là-dessus… C’est sûr qu’on est frustrés, on tombe sur une équipe de Grenoble, mais ce n’est pas non plus injouable. Ils ont une grosse faiblesse dans les buts, il y avait quelque chose à faire.
Propos recueillis par César Willot
Crédit photo : Kevin Devigne – Gazettesports.fr